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Il y a 79 ans, parcours de Tahitiens des Forces françaises de l’intérieur


Micheline Vincent et son fils Koko Chaze. Courtesy Hugh Chaze.
Micheline Vincent et son fils Koko Chaze. Courtesy Hugh Chaze.
PAPEETE, 1er septembre 2019 - Il y a 79 ans, le 2 septembre 1940 un millier de Tahitiens des Etablissements français d’Océanie (EFO) ralliaient la France libre après un plébiscite en faveur du soutien au général de Gaulle. 

C'est sur fond de plébiscite que des Tahitiens vont s'engager derrière le général de Gaulle le 2 septembre 1940. Ce ralliement est soutenu par un soutien populaire qui recueille 5164 signatures. Le maréchal Pétain ne recueillait dans le même temps en sa faveur que 18  signatures.

Fort de cet élan, un millier de Tahitiens s’engagent dans la France libre. Les Tamari’i Volontaires seront de toutes les unités et de tous les théâtres d’opérations : marins, aviateurs, parachutistes et fantassins du glorieux Bataillon du Pacifique.  

Des Tahitiens seront aussi engagés dans la résistance intérieure. Les actuelles commémorations des combats de la libération de l’été 1944 sont l’occasion de rappeler leur épopée méconnue.

Raoul Teissier. (Fonds Shigetomi).
Raoul Teissier. (Fonds Shigetomi).
En 2016, lors de la publication de son livre Tamari’i Volontaires, de premières figures tahitiennes engagées dans les forces françaises de l’intérieur étaient racontées par Jean-Christophe Shigetomi. Depuis, ses recherches se sont poursuivies. Il en relate quelques éléments marquants : "La résistance française a compté dans ses rangs, au titre du renseignement ou dans les maquis des natifs de Tahiti., explique-t-il. Dans le maquis Joël, en Haute-Vienne ont été engagés les deux frères Coppenrath, Gérald futur sénateur et Michel, futur archevêque de Tahiti, mais aussi Charles Higgins dans la Drôme. André Vernier, fils du pasteur Charles Vernier, président des églises protestantes de Tahiti, est tué dans les rangs des Forces françaises de l'intérieur (FFI) de Vassieux en Vercors le 21 juillet 1944. Marie épouse Legendre, compagne d’André Legendre député communiste de la région parisienne milite dans les rangs des francs-tireurs et partisans (FTP). Eugène Jacquesson est déporté le 15 août 1944, dix jours avant la libération de Paris vers Buchenwald, puis Ravensbruck et Dora. Il est libéré en 1945."

André Vernier est né à Uturoa le 18 juillet 1921, île de Raiatea dans les îles Sous-le-Vent. Son militantisme dans les jeunesses protestantes contre les lois raciales de Vichy le contraint à gagner le maquis du Vercors. André Vernier, dit Rivière, est tué le 21 juillet 1944, lors de l'investissement de la cuvette de Vassieux par les parachutistes allemands. Il tombe les armes à la main aux côtés de son chef, le capitaine Pierre Hazebrouk, dit Capitaine Hardy, sur le terrain d'atterrissage de Vassieux autrement appelé le "Taille-crayon". Son corps, brûlé comme ceux de ses camarades, ne fut jamais retrouvé.

"D’autres natifs de Tahiti paient eux de leur vie leur engagement dans la résistance française, relate Jean-Christophe Shigetomi. Notamment Jeanne Maistre du réseau Alliance. Cette engagée est déportée et exécutée le 1er septembre 1944 au Struthof de Natzwiller, dans le Bas-Rhin. Il y a également Marie Gustave Eric Pettiti, du réseau Orient, décédé au camp d’Ellrich en Allemagne, André Constantin, franc-tireur et partisan (FTP) de Saint Brévin l’Océan, mort à Buchenwald le 4 décembre 1943. Dans le groupe Vedel du réseau Brutus-Boyer, une tahitienne du nom de Povo Marenko est prise et passée à la baignoire."

Depuis, la liste des résistants tahitiens, s’est étoffée avec Sarah Colombani du réseau nord, Micheline Vincent engagée à Toulon dans le réseau Deferre. Son fils André Teriimana Chaze, dit Koko, est engagé dans la résistance Ardéchoise de la Voulte-sur-Rhône avant de s’échapper de France par l’Espagne pour s’engager à seize ans dans les Commandos de France. Il y a aussi Raoul Teissier, William Miller et Ernest Tetuaea Constanstin. 

"William Miller, fils de Pierre Temoko Mateakutua dit Pedro et de Fime a Ariitai s’était engagé en 1933 dans la Coloniale et avait fait un séjour en Indochine, précise Jean-Christophe Shigetomi. Il est mobilisé le 3 septembre 1939.  Il sera blessé le 4 mai 1940 dans la Somme à Hornay, par un éclat de bombe d’avion. William Miller est fait prisonnier le 5 mai 1940. Il s’évade cinq jours plus tard et rejoint les rangs de la résistance intérieure française". 

Lors du débarquement de Provence, le maréchal des logis-chef Raoul Teissier de Saint-Sauveur-de-Tinée rejoint les Forces françaises de l’intérieur (FFI) du groupement François et s’investit chef du Groupe de Résistance de Saint-Sauveur. Leur groupe est chargé de la protection de la centrale hydroélectrique du Bancairon. Le militaire tahitien participe le 18 août 1944 à l’attaque du Pont-de-Clans où 79 soldats allemands sont faits prisonniers.

Le parachutiste tahitien SAS Ernest Tetuaea Constantin, parachuté en Bretagne le 12 juin 1944, combat à Saint-Marcel le 18 juin 1944. Lors de l’évacuation du village, il est porté disparu à Callac, le 19 juin 1944. Fait prisonnier, il est dirigé sur Pontivy le 21 juin 1944. Il s’évade le 14 juillet 1944 et rejoint le maquis dans la poche de Lorient jusqu’au 17 août 1944. Repris, il est détenu à Lorient jusqu’au 10 mai 1945, date de sa libération par les Français.

André Vernier à gauche et ses frères. A sa gauche, Albert Vernier, soldat du BIMP  est tué le 11 avril 1945. (Fonds Vernier).
André Vernier à gauche et ses frères. A sa gauche, Albert Vernier, soldat du BIMP est tué le 11 avril 1945. (Fonds Vernier).

Rédigé par avec J.-C Shigetomi le Dimanche 1 Septembre 2019 à 12:00 | Lu 2399 fois