FAA'A, le16/10/2017 - À cinq mois des prochaines territoriales en Polynésie, nous avons rencontré le leader indépendantiste au fenua, Oscar Temaru. Plusieurs thèmes ont été abordés, tels que le bilan qu'il dresse de ses 40 ans de combat pour l'indépendance de la Polynésie, ses déplacements à l'ONU ou encore le congrès du Tāvini Huira'atira.
C'est dans son fief que le président du Tāvini Huira'atira et actuel maire de Faa'a nous a reçu vendredi dernier. L'occasion pour lui de dresser le bilan de ses 40 ans de combat pour l'indépendance de la Polynésie française, de donner son sentiment par rapport au statut de l'autonomie, de partager sa vision sur la future Polynésie, mais aussi pour parler de la relève du parti.
C'est dans son fief que le président du Tāvini Huira'atira et actuel maire de Faa'a nous a reçu vendredi dernier. L'occasion pour lui de dresser le bilan de ses 40 ans de combat pour l'indépendance de la Polynésie française, de donner son sentiment par rapport au statut de l'autonomie, de partager sa vision sur la future Polynésie, mais aussi pour parler de la relève du parti.
Ses débuts en politique
"J'ai commencé en tant que jeune dans le combat mené par nos "tupuna" (ancêtres). J'ai regardé faire et à un moment donné, quand j'ai commencé à dénoncer ce que j'ai vu du côté de Moruroa, je me suis dit qu'il fallait que je mette la main à la pâte.
J'ai donc participé à une conférence organisée par les Eglises des pays du Pacifique, et là, on a parlé des essais nucléaires de Moruroa. Et il y a eu une association qui s'est créée à l'époque, à Fidji avec tous les leaders de ces pays-là (Fidji, Papouasie Nouvelle-Guinée et de tous les pays qui sont aujourd'hui indépendants), "le Nuclear Free and indépendant Pacific" (NFIP). Parce que pour eux comme pour nous, ces essais ont eu lieu dans notre océan Pacifique. Donc, nous sommes tous concernés, et pour nous en sortir, il faut que tous les pays du Pacifique se lèvent pour demander leur droit de souveraineté chez eux.
Et pour se faire, il fallait créer un parti politique et c'est ce que nous avons fait en 1977 avec quelques élus que beaucoup de gens connaissent bien. Mon premier vice-président a été le docteur Durosset, il y avait aussi d'autres personnalités qui sont rentrées dans l'équipe, comme Olivier Anihia… Au début, nous avions décidé de nommer le parti, le Front de libération de la Polynésie (FLP), bien sûr, sans les armes.
Nous avons commencé à faire du terrain pour informer du mieux que possible et c'était également l'avènement de l'autonomie qui a été mise en place en 1977. Nous avons pris connaissance de l'avant-projet de statut et nous avions tout de suite compris que c'était de la "foutaise", que c'était encore le gouverneur qui avait simplement changé de nom en haut-commissaire, qui allait avoir les rênes du Pays et les compétences les plus importantes, et qu'on était encore comme un chien en laisse jusqu'à aujourd'hui."
"J'ai commencé en tant que jeune dans le combat mené par nos "tupuna" (ancêtres). J'ai regardé faire et à un moment donné, quand j'ai commencé à dénoncer ce que j'ai vu du côté de Moruroa, je me suis dit qu'il fallait que je mette la main à la pâte.
J'ai donc participé à une conférence organisée par les Eglises des pays du Pacifique, et là, on a parlé des essais nucléaires de Moruroa. Et il y a eu une association qui s'est créée à l'époque, à Fidji avec tous les leaders de ces pays-là (Fidji, Papouasie Nouvelle-Guinée et de tous les pays qui sont aujourd'hui indépendants), "le Nuclear Free and indépendant Pacific" (NFIP). Parce que pour eux comme pour nous, ces essais ont eu lieu dans notre océan Pacifique. Donc, nous sommes tous concernés, et pour nous en sortir, il faut que tous les pays du Pacifique se lèvent pour demander leur droit de souveraineté chez eux.
Et pour se faire, il fallait créer un parti politique et c'est ce que nous avons fait en 1977 avec quelques élus que beaucoup de gens connaissent bien. Mon premier vice-président a été le docteur Durosset, il y avait aussi d'autres personnalités qui sont rentrées dans l'équipe, comme Olivier Anihia… Au début, nous avions décidé de nommer le parti, le Front de libération de la Polynésie (FLP), bien sûr, sans les armes.
Nous avons commencé à faire du terrain pour informer du mieux que possible et c'était également l'avènement de l'autonomie qui a été mise en place en 1977. Nous avons pris connaissance de l'avant-projet de statut et nous avions tout de suite compris que c'était de la "foutaise", que c'était encore le gouverneur qui avait simplement changé de nom en haut-commissaire, qui allait avoir les rênes du Pays et les compétences les plus importantes, et qu'on était encore comme un chien en laisse jusqu'à aujourd'hui."
Complot pour l'empêcher de partir à New-York
"L’État a comploté quelque chose pour m'arrêter et m'envoyer à Nuutania. Heureusement, ça n'a pas réussi Dieu merci. Il y avait quelqu'un qui travaillait avec moi à la douane, Monsieur Maurice Brun - qui est décédé il n'y a pas longtemps - qui m'avait demandé de ne jamais en parler.
Il avait entendu, un après-midi, le patron de la Direction de la sécurité territoriale (DST) parler avec notre patron de la douane pour lui dire ce qui se préparait. Ils allaient m'envoyer un mot pour que j'aille récupérer un cadeau à l'aéroport à 2 heures du matin. Et il m'a dit : "N'y va pas ! Dans ce paquet-là, il y a de la drogue. Les collègues de la douane vont te prendre pour t'envoyer à Nuutania parce qu'ils veulent t'empêcher de partir à New-York". Et en effet, je devais y aller pour dénoncer ce que j'avais vu à Moruroa. Donc, je ne suis pas allé récupérer le paquet et j'ai gardé ça au fond de mon cœur.
Ce monsieur était très aimé, il a d'ailleurs une fille qui est ici à Tahiti, qui a témoigné aussi et c'est pour cette raison d'ailleurs que nous avons nommé une bretelle de la route de ceinture de Faa'a en son nom."
"L’État a comploté quelque chose pour m'arrêter et m'envoyer à Nuutania. Heureusement, ça n'a pas réussi Dieu merci. Il y avait quelqu'un qui travaillait avec moi à la douane, Monsieur Maurice Brun - qui est décédé il n'y a pas longtemps - qui m'avait demandé de ne jamais en parler.
Il avait entendu, un après-midi, le patron de la Direction de la sécurité territoriale (DST) parler avec notre patron de la douane pour lui dire ce qui se préparait. Ils allaient m'envoyer un mot pour que j'aille récupérer un cadeau à l'aéroport à 2 heures du matin. Et il m'a dit : "N'y va pas ! Dans ce paquet-là, il y a de la drogue. Les collègues de la douane vont te prendre pour t'envoyer à Nuutania parce qu'ils veulent t'empêcher de partir à New-York". Et en effet, je devais y aller pour dénoncer ce que j'avais vu à Moruroa. Donc, je ne suis pas allé récupérer le paquet et j'ai gardé ça au fond de mon cœur.
Ce monsieur était très aimé, il a d'ailleurs une fille qui est ici à Tahiti, qui a témoigné aussi et c'est pour cette raison d'ailleurs que nous avons nommé une bretelle de la route de ceinture de Faa'a en son nom."
Premier déplacement à New-York en 1978
"J'ai découvert que notre pays était sur la liste des pays à décoloniser jusqu'en 1946, et nous avons été retirés d'une façon unilatérale par le gouvernement français de De Gaulle en 1947. Donc, la réponse de la communauté internationale était : "On ne peut rien faire pour vous, à moins que vous reveniez sous l'égide des Nations-Unies." J'entendais : "Qu'est-ce qu'il va faire à New-York ?" Et aujourd'hui, ils vont tous à New-York parce que c'est le seul endroit où on discute de tous les maux de cette planète. Ce n'est pas à Paris, à Londres, ni à Tokyo, c'est à New-York.
L'organisation des Nations-Unies a été mise en place au lendemain de la 2ème guerre mondiale pour qu'il n'y ait plus de guerres sur cette planète, et j'aime bien leur philosophie : "pour qu'il y ait la paix". Le combat pour l'indépendance, c'est un combat pour la paix, c'est un droit légitime pour tous les peuples. Et ça, c'est reconnu par la Constitution française, et ensuite, il y a des résolutions que la France elle-même a ratifiées, estimant comme une mission sacrée d'aider les pays qui veulent accéder à leur indépendance.
Où en sommes-nous aujourd'hui ? La Guadeloupe, la Martinique, la Réunion, ce sont toujours des colonies françaises. Ce n'est pas normal, nous sommes au troisième millénaire et ça ne devrait plus exister. Et puis tous les ans, j'ai continué à aller à New-York."
"J'ai découvert que notre pays était sur la liste des pays à décoloniser jusqu'en 1946, et nous avons été retirés d'une façon unilatérale par le gouvernement français de De Gaulle en 1947. Donc, la réponse de la communauté internationale était : "On ne peut rien faire pour vous, à moins que vous reveniez sous l'égide des Nations-Unies." J'entendais : "Qu'est-ce qu'il va faire à New-York ?" Et aujourd'hui, ils vont tous à New-York parce que c'est le seul endroit où on discute de tous les maux de cette planète. Ce n'est pas à Paris, à Londres, ni à Tokyo, c'est à New-York.
L'organisation des Nations-Unies a été mise en place au lendemain de la 2ème guerre mondiale pour qu'il n'y ait plus de guerres sur cette planète, et j'aime bien leur philosophie : "pour qu'il y ait la paix". Le combat pour l'indépendance, c'est un combat pour la paix, c'est un droit légitime pour tous les peuples. Et ça, c'est reconnu par la Constitution française, et ensuite, il y a des résolutions que la France elle-même a ratifiées, estimant comme une mission sacrée d'aider les pays qui veulent accéder à leur indépendance.
Où en sommes-nous aujourd'hui ? La Guadeloupe, la Martinique, la Réunion, ce sont toujours des colonies françaises. Ce n'est pas normal, nous sommes au troisième millénaire et ça ne devrait plus exister. Et puis tous les ans, j'ai continué à aller à New-York."
Le Tāvini Huira'atira prend sa place sur l'échiquier politique local
"En 1982, nous avons tenu un congrès très important du FLP, qui est devenu ensuite le Tāvini, et nous avons décidé de rentrer dans les institutions et de les utiliser. En 1983, on a gagné les élections à la mairie de Faa'a. En 1986, nous sommes deux élus à l'assemblée territoriale. Cinq ans après, nous sommes 4, puis nous sommes 8 et voilà le mouvement qui commence à prendre de l'ampleur avec 15 élus.
À Paris, ils ont très bien vu ce phénomène arriver et ils ont changé les règles du jeu pour que l'ancien président du pays soit l'empereur de notre pays à vie. Il y avait une forme de dictature, les médias étaient muselés et les gens vivaient dans la peur.
J'ai donc rencontré les représentants des petits mouvements politiques de notre pays (Here 'Āi'a, le Ia Mana te Nūna'a, Feti'a 'Āpī, No 'oe e tō'u nūna'a…) et je leur ai dit : "Voilà ce qui se prépare. Soit on se met ensemble ou alors, on est éliminé de la scène politique. Seul le Tāvini Huira'atira pourra encore s'en sortir". Ils m'ont écouté et nous avons gagné les élections en 2004.
Les bulletins ont été recomptés comme ça s'est passé aux Etats-Unis avec Al Gore et Georges Bush. Et nous avions entendu d'autres propos de Paris : "On va fermer les robinets". Je leur ai simplement répondu : "Fermez vos robinets. Il continuera toujours à pleuvoir chez nous. Il y aura toujours de l'eau dans nos tuyaux". C'est cette volonté qui m'a animé, qui m'anime et qui m'animera toujours."
"En 1982, nous avons tenu un congrès très important du FLP, qui est devenu ensuite le Tāvini, et nous avons décidé de rentrer dans les institutions et de les utiliser. En 1983, on a gagné les élections à la mairie de Faa'a. En 1986, nous sommes deux élus à l'assemblée territoriale. Cinq ans après, nous sommes 4, puis nous sommes 8 et voilà le mouvement qui commence à prendre de l'ampleur avec 15 élus.
À Paris, ils ont très bien vu ce phénomène arriver et ils ont changé les règles du jeu pour que l'ancien président du pays soit l'empereur de notre pays à vie. Il y avait une forme de dictature, les médias étaient muselés et les gens vivaient dans la peur.
J'ai donc rencontré les représentants des petits mouvements politiques de notre pays (Here 'Āi'a, le Ia Mana te Nūna'a, Feti'a 'Āpī, No 'oe e tō'u nūna'a…) et je leur ai dit : "Voilà ce qui se prépare. Soit on se met ensemble ou alors, on est éliminé de la scène politique. Seul le Tāvini Huira'atira pourra encore s'en sortir". Ils m'ont écouté et nous avons gagné les élections en 2004.
Les bulletins ont été recomptés comme ça s'est passé aux Etats-Unis avec Al Gore et Georges Bush. Et nous avions entendu d'autres propos de Paris : "On va fermer les robinets". Je leur ai simplement répondu : "Fermez vos robinets. Il continuera toujours à pleuvoir chez nous. Il y aura toujours de l'eau dans nos tuyaux". C'est cette volonté qui m'a animé, qui m'anime et qui m'animera toujours."
Bilan de ses 40 ans de combat pour l'indépendance de la Polynésie
"Ça fait 40 ans que je vais à New-York, et il y a plus de mendiants chez nous que là-bas. Il y en a à l'hôpital psychiatrique, il y en a autour du marché, il y en a dans certaines institutions, il y en a à l'assemblée territoriale … Dans la masse, il y a cette mentalité d'assister... Voilà le bilan de cette politique coloniale qui a été menée chez nous, une politique d'assistanat jusqu'à aujourd'hui.
Nous avons tous les produits de la terre pour vivre heureux dans ce pays, ce n'est pas l'argent. C'est une question d'éducation politique qui a été perpétuée dans notre pays depuis plusieurs décennies, et nous voyons les conséquences aujourd'hui.
Entre 2004 et 2014, il y a eu cinq renversements de gouvernement et je savais pertinemment les conséquences que notre pays allait subir. Bien sûr, en 2008, il y a eu la récession économique internationale en plus. Et là encore, on a décidé de prendre les affaires du pays parce qu'il était dans une situation très difficile, et on le savait pertinemment. Mais, on a quand même décidé d'y aller pour notre pays.
Il faut arrêter de faire la politique de l'autruche et de baisser le pantalon. Nous sommes adultes, nous devons assumer nos responsabilités. Il faut que nous puissions voter nous-mêmes nos propres lois afin de les mettre en place. Or, est-ce que nous avons cette capacité à le faire ? Non, ce ne sont pas des lois du pays. Ce sont simplement des actes administratifs que le représentant de l’État ou n'importe qui peut déférer au tribunal administratif, au Conseil d’État et faire annuler.
Je rejoins tout à fait ce qu'a dit Monsieur Macron que la colonisation est un crime contre l'humanité, et c'est le cas. Nous sommes en plein dedans, bien sûr on l'a fait taire. Maintenant, les paroles c'est bien joli, mais comment vont-ils se comporter ?"
"Ça fait 40 ans que je vais à New-York, et il y a plus de mendiants chez nous que là-bas. Il y en a à l'hôpital psychiatrique, il y en a autour du marché, il y en a dans certaines institutions, il y en a à l'assemblée territoriale … Dans la masse, il y a cette mentalité d'assister... Voilà le bilan de cette politique coloniale qui a été menée chez nous, une politique d'assistanat jusqu'à aujourd'hui.
Nous avons tous les produits de la terre pour vivre heureux dans ce pays, ce n'est pas l'argent. C'est une question d'éducation politique qui a été perpétuée dans notre pays depuis plusieurs décennies, et nous voyons les conséquences aujourd'hui.
Entre 2004 et 2014, il y a eu cinq renversements de gouvernement et je savais pertinemment les conséquences que notre pays allait subir. Bien sûr, en 2008, il y a eu la récession économique internationale en plus. Et là encore, on a décidé de prendre les affaires du pays parce qu'il était dans une situation très difficile, et on le savait pertinemment. Mais, on a quand même décidé d'y aller pour notre pays.
Il faut arrêter de faire la politique de l'autruche et de baisser le pantalon. Nous sommes adultes, nous devons assumer nos responsabilités. Il faut que nous puissions voter nous-mêmes nos propres lois afin de les mettre en place. Or, est-ce que nous avons cette capacité à le faire ? Non, ce ne sont pas des lois du pays. Ce sont simplement des actes administratifs que le représentant de l’État ou n'importe qui peut déférer au tribunal administratif, au Conseil d’État et faire annuler.
Je rejoins tout à fait ce qu'a dit Monsieur Macron que la colonisation est un crime contre l'humanité, et c'est le cas. Nous sommes en plein dedans, bien sûr on l'a fait taire. Maintenant, les paroles c'est bien joli, mais comment vont-ils se comporter ?"
Adapter le contenu pédagogique scolaire à l'histoire de la Polynésie
"Nous sommes arrivés à un point où il faut préparer les mentalités à assumer nos responsabilités, c'est le plus important. C'est dans la tête que ça doit se faire, et ça doit commencer par l'école avec un contenu pédagogique adapté à notre pays. Il y a tout un travail de remise en cause à faire en matière d'éducation.
Ça fait 40 ans que je le dis, on doit pouvoir enseigner en même temps le français, l'anglais et le tahitien à partir de la maternelle, et on n'en est pas encore là. Nous sommes un pays à vocation touristique, la plupart des visiteurs qui viennent chez nous parlent anglais. Et tous les scientifiques nous diront : "Plus tôt on apprendra une langue à un bébé, mieux ça sera." On doit apprendre à un enfant à lire à partir de l'âge de deux ans. Au lieu de passer le Bac à 12-13 ans, on le fait à 17-18 ans.
Il faut aussi apprendre la géographie du Pacifique, l'histoire de notre pays avec les combats qui ont été menés, et tout ce que ce pays peut produire. On a mis en place ce qu'on appelle une société de consommation, avec ses conséquences. On parle aujourd'hui des nouvelles maladies de civilisation (diabète, cancers…) qui n'existaient pas avant. Les problèmes d'obésité et de promiscuité également avec nos populations qui ont été entassées dans des lotissements sociaux que j'ai toujours appelé incarcération sociale, les cages à poule.
On oublie que nous sommes des îliens. On doit vivre sur des bateaux, des atolls… Et j'ai une nouvelle à annoncer, il y a un copain qui doit revenir chez nous le mois prochain, et qui s'appelle Mark Anielski pour parler de l'économie du bonheur, c'est un grand économiste qui est réputé dans le monde. C'est ce que nous pratiquons à la mairie de Faa'a, c'est la seule mairie construite en pandanus parce que c'est notre âme, on se retrouve. Quand je vois les mairies de Papeete, de Pirae… non, ce n'est pas nous ça."
"Nous sommes arrivés à un point où il faut préparer les mentalités à assumer nos responsabilités, c'est le plus important. C'est dans la tête que ça doit se faire, et ça doit commencer par l'école avec un contenu pédagogique adapté à notre pays. Il y a tout un travail de remise en cause à faire en matière d'éducation.
Ça fait 40 ans que je le dis, on doit pouvoir enseigner en même temps le français, l'anglais et le tahitien à partir de la maternelle, et on n'en est pas encore là. Nous sommes un pays à vocation touristique, la plupart des visiteurs qui viennent chez nous parlent anglais. Et tous les scientifiques nous diront : "Plus tôt on apprendra une langue à un bébé, mieux ça sera." On doit apprendre à un enfant à lire à partir de l'âge de deux ans. Au lieu de passer le Bac à 12-13 ans, on le fait à 17-18 ans.
Il faut aussi apprendre la géographie du Pacifique, l'histoire de notre pays avec les combats qui ont été menés, et tout ce que ce pays peut produire. On a mis en place ce qu'on appelle une société de consommation, avec ses conséquences. On parle aujourd'hui des nouvelles maladies de civilisation (diabète, cancers…) qui n'existaient pas avant. Les problèmes d'obésité et de promiscuité également avec nos populations qui ont été entassées dans des lotissements sociaux que j'ai toujours appelé incarcération sociale, les cages à poule.
On oublie que nous sommes des îliens. On doit vivre sur des bateaux, des atolls… Et j'ai une nouvelle à annoncer, il y a un copain qui doit revenir chez nous le mois prochain, et qui s'appelle Mark Anielski pour parler de l'économie du bonheur, c'est un grand économiste qui est réputé dans le monde. C'est ce que nous pratiquons à la mairie de Faa'a, c'est la seule mairie construite en pandanus parce que c'est notre âme, on se retrouve. Quand je vois les mairies de Papeete, de Pirae… non, ce n'est pas nous ça."
Pourquoi un référendum ?
"Ce pays a été occupé sans référendum, et si on organise un référendum, ce sera une élection complètement différente de ce que nous vivons. C'est une élection générale l'année prochaine, donc n'importe qui peut voter. N'importe quel métropolitain qui débarque chez nous après trois mois, peut voter. Pour les européens, six mois après, ils peuvent voter, et ce n'est pas normal.
Allez demander dans les autres pays qui sont des états souverains, personne ne peut voter. J'ai rencontré une française qui est mariée à un australien et qui vit avec lui là-bas depuis 20 ans. Eh bien, elle n'a toujours pas le droit de voter.
Nous, on n'a même pas le droit d'organiser des élections chez nous, c'est une compétence de l’État. Le mode de scrutin est organisé par Paris, comme bon leur semble. Voilà encore une preuve de la situation coloniale dans un pays. Raroto'a qui est un pays autonome dissout son assemblée, provoque des élections et fait un mode de scrutin comme il le souhaite, ça c'est l'autonomie."
"Ce pays a été occupé sans référendum, et si on organise un référendum, ce sera une élection complètement différente de ce que nous vivons. C'est une élection générale l'année prochaine, donc n'importe qui peut voter. N'importe quel métropolitain qui débarque chez nous après trois mois, peut voter. Pour les européens, six mois après, ils peuvent voter, et ce n'est pas normal.
Allez demander dans les autres pays qui sont des états souverains, personne ne peut voter. J'ai rencontré une française qui est mariée à un australien et qui vit avec lui là-bas depuis 20 ans. Eh bien, elle n'a toujours pas le droit de voter.
Nous, on n'a même pas le droit d'organiser des élections chez nous, c'est une compétence de l’État. Le mode de scrutin est organisé par Paris, comme bon leur semble. Voilà encore une preuve de la situation coloniale dans un pays. Raroto'a qui est un pays autonome dissout son assemblée, provoque des élections et fait un mode de scrutin comme il le souhaite, ça c'est l'autonomie."
Congrès du Tāvini en décembre
La liste pour les prochaines territoriales n'a pas encore été établie. "Nous sommes encore loin de tout ça. Il y a d'abord le congrès du parti qui doit se tenir début décembre, la date n'a pas encore été arrêtée, et ça se fera sur le motu Ovini. Et c'est à ce moment-là que nous déciderons de participer ou pas à ces élections. Il y a un travail d'éducation et de sensibilisation à faire, il faut qu'il y ait une prise de conscience profonde. Nous ne sommes pas là pour un poste de conseiller… pour la ceinture dorée. On doit se battre chacun dans notre secteur pour notre pays d'abord."
La liste pour les prochaines territoriales n'a pas encore été établie. "Nous sommes encore loin de tout ça. Il y a d'abord le congrès du parti qui doit se tenir début décembre, la date n'a pas encore été arrêtée, et ça se fera sur le motu Ovini. Et c'est à ce moment-là que nous déciderons de participer ou pas à ces élections. Il y a un travail d'éducation et de sensibilisation à faire, il faut qu'il y ait une prise de conscience profonde. Nous ne sommes pas là pour un poste de conseiller… pour la ceinture dorée. On doit se battre chacun dans notre secteur pour notre pays d'abord."
Trois questions sur la relève
Avez-vous pensé à votre succession ?
"Ça fait des années qu'on en parle, et le combat pour l'indépendance n'a rien à voir avec les partis politique traditionnels. Il faut trouver l'homme qu'il faut avec une tête et les reins solides parce qu'il y a des risques à prendre, je suis passé par là. Le combat pour la souveraineté d'un peuple et d'un pays, ce n'est pas rien. Il faut des gens solides et pas des beaux parleurs."
Moetai Brotherson serait la personne idéale ?
"Je n'ai pas de noms à citer."
Vous ne vous qualifiez pas comme Gaston Flosse ?
"Lui, c'est un rigolo. C'est le mannequin de la France comme celui qui est actuellement à la tête du pays. Gaston Flosse c'est la marionnette de la France."
"Ça fait des années qu'on en parle, et le combat pour l'indépendance n'a rien à voir avec les partis politique traditionnels. Il faut trouver l'homme qu'il faut avec une tête et les reins solides parce qu'il y a des risques à prendre, je suis passé par là. Le combat pour la souveraineté d'un peuple et d'un pays, ce n'est pas rien. Il faut des gens solides et pas des beaux parleurs."
Moetai Brotherson serait la personne idéale ?
"Je n'ai pas de noms à citer."
Vous ne vous qualifiez pas comme Gaston Flosse ?
"Lui, c'est un rigolo. C'est le mannequin de la France comme celui qui est actuellement à la tête du pays. Gaston Flosse c'est la marionnette de la France."