Tahiti, le 26 septembre 2024 - L’Institut Louis Malardé fête ses 75 ans cette année. Ses six laboratoires ont travaillé main dans la main avec des artistes pour créer des œuvres qui doivent bientôt être exposées. Elles ont été dévoilées ce jeudi matin. L’occasion de revenir sur les temps forts de l’institut mais aussi sur les femmes et les hommes qui ont marqué son histoire.
L’histoire de l’Institut Louis Malardé (ILM) a démarré en 1945 quand William Albert Robinson, écrivain, navigateur et ingénieur naval américain, ému par les ravages causés par la filariose lymphatique, a décidé de créer un centre de recherche sur cette maladie à Tahiti. À l’époque 40% des Polynésiens étaient porteurs de microfilaires et 8% souffraient d’éléphantiasis. Au mois d’octobre 1948, l’Institut de recherche médicale des EFO, déjà appelé Maison de la filariose (Fare Māriri en tahitien) a ouvert ses portes.
Un service de soins a été mis en place. La lutte anti-vectorielle, les dépistages sur le terrain par les taote māriri et la distribution de Notézine ont permis de faire reculer la maladie rapidement. En 10 ans, la prévalence de porteurs de microfilaires est tombée à 7%, le taux d’éléphantiasis à 1,2%.
Un nom en guise d’hommage
Un laboratoire d’analyses de biologie médicale au profit de la santé publique a été créé et l’institut s’est vu confier le service d’hygiène des districts et des îles puis le centre de lutte contre la tuberculose. En 1967, le Dr Louis Malardé, jeune médecin polynésien, a été nommé directeur de l’établissement. Quelques mois plus tard, il a été emporté par une maladie et, en hommage à ses compétences et son dévouement pour la santé des Polynésiens, son nom a été donné à l’institut.
La recherche s’est imposée peu à peu. Une flambée de ciguatera à Bora Bora a conduit à la création, en 1967, du laboratoire d’océanographie médicale, aujourd’hui laboratoire de recherche sur les biotoxines marines. Un insectarium dédié à l’étude des insectes vecteurs et à la lutte anti-vectorielle s’est installé à Paea. Aujourd’hui, il donne naissance à 250 000 moustiques par semaine. Depuis 2015, des moustiques stériles sont libérés à Tetiaroa dans le cadre de la lutte anti-vectorielle. En 1977, la vocation de recherche biomédicale de l’établissement s’est affirmée, mais sa mission de santé publique a tout de même été préservée.
L’ILM a poursuivi son évolution avec l’ouverture d’un centre de distribution biomédicale (1981), d’un nouveau laboratoire d’analyses médicales (1982), de laboratoires de recherche en immunologie et parasitologie (filariose, lèpre et tuberculose), en virologie (dengue) et en entomologie médicale (1984), d’un laboratoire des substances naturelles destiné à valoriser le patrimoine naturel polynésien et promouvoir la médecine traditionnelle (entre 1991 et 2012), d’un laboratoire d’analyses des eaux et des aliments (2000), devenu le laboratoire d’analyses en hygiène/biosécurité/environnement. Une unité de recherche sur les maladies non transmissibles a été constituée (2009), un laboratoire de haute sécurité biologique (NSB3) pour le diagnostic et le suivi des pathogènes à risque épidémique a été mis en place (2016).
Reconnaissances internationales
Plusieurs chercheurs de l’ILM se sont illustrés au cours de toutes ces années. Récemment, par exemple, Mireille Chinain, directrice du laboratoire des biotoxines marines à l’institut Louis-Malardé (ILM), a été lauréate du Pacifique du Yasumoto Lifetime Achievement Award. “Ce prix n’est pas seulement le mien. Je sais que la recherche n’est rien sans une équipe, sans les techniciens qui travaillent au quotidien sur les paillasses.” Elle a reçu son prix en décembre 2023 pour l’ensemble des travaux menés au sein de l’institut pendant 30 ans.
Avant elle, le docteur Van Mai Cao-Lormeau, directrice du laboratoire de recherche sur les maladies infectieuses à transmission vectorielle, avait été nominée dans la liste 2019 des Highly Cited Researchers (Chercheurs hautement cités). En tête de liste des publications les plus citées du Dr Cao-Lormeau figure celle sur l’infection zika et les cas de syndrome de Guillain-Barré. Le Dr Cao-Lormeau, partage cette reconnaissance avec le Dr Didier Musso, anciennement directeur du laboratoire de recherche et de biologie médicale, à l’ILM.
Plusieurs fois l’ILM a été menacé de fermeture, mais l’histoire continue. Son personnel et les résultats de ses travaux de recherche sont reconnus à l’international. Localement, il reste un indispensable outil comme il a pu le prouver, par exemple, lors de la crise du Covid.
L’histoire de l’Institut Louis Malardé (ILM) a démarré en 1945 quand William Albert Robinson, écrivain, navigateur et ingénieur naval américain, ému par les ravages causés par la filariose lymphatique, a décidé de créer un centre de recherche sur cette maladie à Tahiti. À l’époque 40% des Polynésiens étaient porteurs de microfilaires et 8% souffraient d’éléphantiasis. Au mois d’octobre 1948, l’Institut de recherche médicale des EFO, déjà appelé Maison de la filariose (Fare Māriri en tahitien) a ouvert ses portes.
Un service de soins a été mis en place. La lutte anti-vectorielle, les dépistages sur le terrain par les taote māriri et la distribution de Notézine ont permis de faire reculer la maladie rapidement. En 10 ans, la prévalence de porteurs de microfilaires est tombée à 7%, le taux d’éléphantiasis à 1,2%.
Un nom en guise d’hommage
Un laboratoire d’analyses de biologie médicale au profit de la santé publique a été créé et l’institut s’est vu confier le service d’hygiène des districts et des îles puis le centre de lutte contre la tuberculose. En 1967, le Dr Louis Malardé, jeune médecin polynésien, a été nommé directeur de l’établissement. Quelques mois plus tard, il a été emporté par une maladie et, en hommage à ses compétences et son dévouement pour la santé des Polynésiens, son nom a été donné à l’institut.
La recherche s’est imposée peu à peu. Une flambée de ciguatera à Bora Bora a conduit à la création, en 1967, du laboratoire d’océanographie médicale, aujourd’hui laboratoire de recherche sur les biotoxines marines. Un insectarium dédié à l’étude des insectes vecteurs et à la lutte anti-vectorielle s’est installé à Paea. Aujourd’hui, il donne naissance à 250 000 moustiques par semaine. Depuis 2015, des moustiques stériles sont libérés à Tetiaroa dans le cadre de la lutte anti-vectorielle. En 1977, la vocation de recherche biomédicale de l’établissement s’est affirmée, mais sa mission de santé publique a tout de même été préservée.
L’ILM a poursuivi son évolution avec l’ouverture d’un centre de distribution biomédicale (1981), d’un nouveau laboratoire d’analyses médicales (1982), de laboratoires de recherche en immunologie et parasitologie (filariose, lèpre et tuberculose), en virologie (dengue) et en entomologie médicale (1984), d’un laboratoire des substances naturelles destiné à valoriser le patrimoine naturel polynésien et promouvoir la médecine traditionnelle (entre 1991 et 2012), d’un laboratoire d’analyses des eaux et des aliments (2000), devenu le laboratoire d’analyses en hygiène/biosécurité/environnement. Une unité de recherche sur les maladies non transmissibles a été constituée (2009), un laboratoire de haute sécurité biologique (NSB3) pour le diagnostic et le suivi des pathogènes à risque épidémique a été mis en place (2016).
Reconnaissances internationales
Plusieurs chercheurs de l’ILM se sont illustrés au cours de toutes ces années. Récemment, par exemple, Mireille Chinain, directrice du laboratoire des biotoxines marines à l’institut Louis-Malardé (ILM), a été lauréate du Pacifique du Yasumoto Lifetime Achievement Award. “Ce prix n’est pas seulement le mien. Je sais que la recherche n’est rien sans une équipe, sans les techniciens qui travaillent au quotidien sur les paillasses.” Elle a reçu son prix en décembre 2023 pour l’ensemble des travaux menés au sein de l’institut pendant 30 ans.
Avant elle, le docteur Van Mai Cao-Lormeau, directrice du laboratoire de recherche sur les maladies infectieuses à transmission vectorielle, avait été nominée dans la liste 2019 des Highly Cited Researchers (Chercheurs hautement cités). En tête de liste des publications les plus citées du Dr Cao-Lormeau figure celle sur l’infection zika et les cas de syndrome de Guillain-Barré. Le Dr Cao-Lormeau, partage cette reconnaissance avec le Dr Didier Musso, anciennement directeur du laboratoire de recherche et de biologie médicale, à l’ILM.
Plusieurs fois l’ILM a été menacé de fermeture, mais l’histoire continue. Son personnel et les résultats de ses travaux de recherche sont reconnus à l’international. Localement, il reste un indispensable outil comme il a pu le prouver, par exemple, lors de la crise du Covid.
Un laboratoire unique au monde
En 1984, l’ILM a quitté la tutelle de l’État pour celle de la Polynésie française, devenant un établissement public administratif. Après 20 ans d’association, en 2000, l’Institut Pasteur a rompu les liens avec l’ILM, qui est devenu au passage un établissement public à caractère industriel et commercial. Il partage ses missions entre activités de santé publique et de recherche. Il est doté de six laboratoires, quatre de recherches et deux d’analyses.
Son laboratoire des biotoxines marines se démarque pour deux principales raisons. D’abord, il est le seul à fabriquer des ciguatoxines naturelles. Ces dernières sont nécessaires pour les travaux de recherche. Elles servent d’étalons, autrement dit de standards. Elles sont très difficiles à synthétiser. Seuls deux laboratoires japonais en sont capables mais ils doivent faire face à des ruptures de stock fréquentes.
À Tahiti, des algues sont mises en culture, les toxines sont recueillies, purifiées et vendues en quantité aux laboratoires intéressés. En plus, le laboratoire a une approche humaine des toxines. “La plupart des travaux se concentrent sur le seul aspect chimique de la question. Or, la ciguatera est d’abord une maladie”, rappelle Mireille Chinain. L’ILM, lui, a mis en place un système de surveillance des cas, c’est le seul de la région Pacifique, il informe les populations et sensibilise les pêcheurs.
En 1984, l’ILM a quitté la tutelle de l’État pour celle de la Polynésie française, devenant un établissement public administratif. Après 20 ans d’association, en 2000, l’Institut Pasteur a rompu les liens avec l’ILM, qui est devenu au passage un établissement public à caractère industriel et commercial. Il partage ses missions entre activités de santé publique et de recherche. Il est doté de six laboratoires, quatre de recherches et deux d’analyses.
Son laboratoire des biotoxines marines se démarque pour deux principales raisons. D’abord, il est le seul à fabriquer des ciguatoxines naturelles. Ces dernières sont nécessaires pour les travaux de recherche. Elles servent d’étalons, autrement dit de standards. Elles sont très difficiles à synthétiser. Seuls deux laboratoires japonais en sont capables mais ils doivent faire face à des ruptures de stock fréquentes.
À Tahiti, des algues sont mises en culture, les toxines sont recueillies, purifiées et vendues en quantité aux laboratoires intéressés. En plus, le laboratoire a une approche humaine des toxines. “La plupart des travaux se concentrent sur le seul aspect chimique de la question. Or, la ciguatera est d’abord une maladie”, rappelle Mireille Chinain. L’ILM, lui, a mis en place un système de surveillance des cas, c’est le seul de la région Pacifique, il informe les populations et sensibilise les pêcheurs.