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Humiliations, coups, bâillonnement... un an de prison ferme pour un “calvaire” conjugal


Crédit photo : Garance Colbert.
Crédit photo : Garance Colbert.
Tahiti, le 7 novembre 2023 - Il aura fait vivre un enfer à sa femme pendant deux ans. Ce mardi, ce mari “sadique” a écopé de quatre ans de prison dont trois avec sursis pour avoir frappé et humilié sa femme à maintes reprises, parfois devant leurs enfants.
 
Bâillonnement, coups de poing, strangulation, traînée à même le sol, coupe de cheveux forcée, humiliations... le traitement qu'a vécu la victime pendant deux ans est digne d'un film d'horreur. À l'extérieur pourtant, le couple apparait comme modèle, mais dès les portes des domiciles familiaux passées, c'est bel et bien l'enfer qui se referme pour cette femme. Ce mardi, au tribunal correctionnel de Papeete, son désormais ex-mari comparaissait pour violences habituelles ayant entraîné neuf jours d'ITT. Les faits remontent à 2019.
 
Dès le début de leur relation, l'homme se montre violent, mais de manière épisodique. “Tout s'est accéléré quand il a commencé à fumer du paka”, explique la victime à la barre. Elle était alors enceinte. Grossesse qui s’est terminée en fausse couche. Si les rapports médicaux n'ont pu établir de causalité entre les violences et la perte du bébé, il ne fait aucun doute pour le procureur que l'intention de l'homme de 34 ans visait bel et bien “ce dessein”.
 
Le prévenu était en réalité terriblement jaloux, au point d'empêcher sa compagne de quitter la maison et de lui-même rater le travail. Après les coups, le prévenu la forçait à prendre des douches “pour la calmer” et à faire le ménage nue. La regardant faire, il disait alors à leur enfant, alors bébé : “Regarde ta mère, regarde-la comme elle est moche”. À la barre, le prévenu ne nie pas les faits, mais est dans l'incapacité de les expliquer. “Je ne comprends pas, je ne peux pas donner d'explication”, dit-il quand on lui demande de rendre des comptes sur ses actes. “Je pense que c'est à cause de ma consommation de paka. Depuis, j'ai arrêté et j'ai changé de comportement.”
 
Humiliations et sadisme
 
L'avocat de la partie civile s'est dit “atterré par les faits évoqués”. Pour le procureur, “c'est un sale dossier, d'une violence grave”. “Le terme de bourreau n'est pas excessif (...) il a une volonté de détruire autant physiquement que psychologiquement. C'est un déferlement de haine. Si ce n'est pas de la perversité, c'est du sadisme, il prenait plaisir à lui faire du mal et à l'avilir”, tempête le magistrat. En témoigne le récit glaçant du président du tribunal, relatant une scène décrite par la victime lors de son audition. Une scène, où la femme aurait été attachée puis bâillonnée. “Ce jour-là, j'ai cru mourir (...) je priais pour qu'il se rende compte de ce qu'il faisait”, avait-elle admis devant les enquêteurs. “La peur de mourir est, selon les psychologues, la pire souffrance psychologique”, s'indigne peu après le procureur. Lors de l'audience, la victime explique avoir tourné la page, le couple étant divorcé. S'ils cohabitent toujours dans la maison familiale où vivent leurs enfants, elle explique avoir entamé une autre relation.
 
Devant de tels actes, la réponse judiciaire devait donc être à la hauteur. Après avoir entendu le procureur requérir quatre ans de prison, dont deux ferme avec mandat de dépôt, le tribunal a décidé de condamner l'homme de 34 ans à quatre ans de prison, accompagné d'un sursis probatoire de trois années, sans mandat de dépôt. Il sera également obligé de suivre un stage sur les violences conjugales et à verser 1,2 million de francs de dommages et intérêts à la victime.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Mardi 7 Novembre 2023 à 17:43 | Lu 1365 fois