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Huit ans de prison pour le Néo-Zélandais qui menaçait d'empoisonner le lait infantile


Wellington, Nouvelle-Zélande | AFP | mercredi 23/03/2016 - Un homme d'affaires d'Auckland qui avait menacé d'empoisonner du lait infantile exporté en Chine a été condamné mercredi à huit ans et demi d'emprisonnement, dans une des plus retentissantes affaires de chantage en Nouvelle-Zélande.

Jeremy Kerr, 60 ans, avait plaidé coupable de deux chefs d'accusation de chantage, après avoir envoyé en 2014 des lettres de menaces contenant un pesticide, le "1080", à la coopérative Fonterra, premier exportateur mondial de lait, et à la Fédération néo-zélandaise des agriculteurs.

Dans ces courriers, il menaçait d'empoisonner du lait infantile destiné notamment au marché chinois si la Nouvelle-Zélande n'interdisait pas le "1080", nom commercial du fluoroacétate de sodium. L'utilisation de ce rodenticide est très controversée en Nouvelle-Zélande.

Selon l'accusation, une interdiction du "1080" aurait pu être particulièrement lucrative pour M. Kerr, qui avait développé un pesticide concurrent.

La menace formulée à l'égard des exportations vers la Chine n'avait pas été immédiatement rendue publique par les autorités néo-zélandaises, qui avaient renforcé les contrôles et restreint l'accès des boîtes de lait dans les magasins.

Ces menaces avaient été prises très au sérieux par le premier exportateur mondial de produits laitiers. Ces exportations ont pesé en 2015 11,5 milliards de dollars néo-zélandais (6,9 milliards d'euros), représentant 17% de l'ensemble des exportations du pays.

Au total, 2.600 personnes ont été entendues dans l'enquête qui a finalement permis l'arrestation l'an passé de M. Kerr, confondu par son ADN.

Lors du procès en février, le prévenu a été décrit comme un homme qui, au moment de ses menaces, traversait des difficultés financières, mais aussi des problèmes de santé liés au décès de son épouse.

A la police, il a soutenu que les références à la Chine dans ses menaces ne visaient qu'à en augmenter l'impact.

Le juge Geoffrey Venning a considéré mercredi que M. Kerr n'avait jamais véritablement eu l'intention de mettre ses menaces à exécution, tout en présentant le dossier comme une des plus graves affaires de chantage que son tribunal ait eu à connaître.

Il a expliqué que ces menaces, qui avaient provoqué un vent de panique en Nouvelle-Zélande, auraient pu peser lourdement sur le commerce extérieur néo-zélandais.

Il a relevé qu'elles avaient coûté aux différentes parties 32 millions de dollars néo-zélandais (19 millions d'euros), en comptant notamment les coûts de l'enquête et des mesures de sécurité mises en oeuvre par Fonterra.

Le chantage est passible de 14 ans d'emprisonnement.

"Difficile d'imaginer une menace pire pour les familles et les enfants", a déclaré dans un communiqué une responsable de Fonterra, Maury Leyla, qui a affirmé que cette affaire avait eu de lourdes conséquences financières et émotionnelles pour la coopérative.

Rédigé par () le Mercredi 23 Mars 2016 à 06:25 | Lu 635 fois