Un chant de deuil maori, des All Blacks qui exécutent un haka tout en puissance: la Nouvelle-Zélande a rendu lundi un émouvant hommage à Jonah Lomu, légende du rugby mondial, dans l'Eden Park d'Auckland, la citadelle de l'équipe nationale.
Le visage fermé, Buck Shelford et une vingtaine d'anciens internationaux ont livré la version "Ka mate" de cette danse rituelle, tandis que le cercueil drapé de noir renfermant la dépouille de Jonah Lomu était placé sur un corbillard.
D'anciens joueurs, comme Michael Jones et Frank Bunce, ont porté le cercueil jusque sur le terrain alors qu'un chant de deuil maori résonnait dans le stade empli de milliers de fans.
L'épouse du joueur, Nadene, et ses fils Brayley, six ans, et Dhyreille, cinq ans, vêtus de chemises noires floquées du numéro 11 de leur père, suivaient le cercueil, la tête basse.
L'ailier mythique des All Blacks souffrait depuis longtemps de problèmes rénaux qui l'ont contraint à abréger une carrière brillante. Il est décédé subitement le 18 novembre à son domicile d'Auckland, à 40 ans.
La cérémonie était diffusée en direct par les principales chaînes de télévision de Nouvelle-Zélande.
Le joueur était une figure chérie dans son pays, y compris parmi les plus jeunes qui ne l'ont jamais vu jouer.
L'Eden Park d'Auckland est le temple des All Blacks, où s'est bâti leur mythe et où ils ont conquis leurs deux premiers titres de champions du monde, en 1997 et en 2011, à chaque fois contre la France.
Il n'existe guère de meilleur endroit pour dire adieu à Jonah Lomu, a expliqué l'ancien entraîneur des All Blacks, John Hart, "parce que c'est la maison spirituelle du rugby et un endroit que Jonah aimait tant".
"Jonah, tu étais un phénomène sur le terrain et un géant doux et bienveillant en-dehors", a-t-il dit.
Le président de World Rugby, Bernard Lapasset, a parcouru les 18.000 kilomètres séparant la Nouvelle-Zélande de la France pour rendre hommage à un joueur qui a contribué selon lui à sortir le rugby de l'amateurisme.
"C'est une icône du rugby. Je me dois de représenter tous les fans que Jonah avait à travers la planète", a-t-il déclaré. "Cet homme fantastique a fait passer au monde un très important message sur le rugby. (...) Il terrifiait les défenseurs et enthousiasmait les spectateurs avec cette façon de courir avec le ballon qu'on n'avait jamais vue auparavant".
- 'Repose en paix, mon frère' -
Considéré comme la première star mondiale du rugby, Jonah Lomu a marqué 37 essais en 63 sélections entre 1994 et 2002 sous le maillot néo-zélandais et a été finaliste de la Coupe du monde 1995.
C'est lors de cette compétition qu'il a accédé à une renommée mondiale, sa vitesse (10,8 secondes sur 100 mètres) et son impressionnant gabarit (1,95 m, 118 kg) tétanisant ses adversaires.
Sa célébrité dépassait le monde du rugby, comme en témoignent les messages de condoléances émanant de la reine Elizabeth II d'Angleterre, du footballeur britannique David Beckham, du chanteur Elton John ou de l'acteur Morgan Freeman.
L'ancien joueur australien Tim Horan a estimé qu'aucun rugbyman n'avait réussi à égaler son aura internationale: "Il a aidé à promouvoir le rugby dans des régions où les gens ne le regardent normalement pas".
Jonah Lomu était également grand dans la défaite, a souligné le Premier ministre néozélandais John Key, rappelant son fair-play lors de la retentissante défaite encaissée par les All Blacks face à la France en demi-finale de Coupe du Monde en 1999.
"Malgré sa profonde déception, Jonah est resté sur le terrain jusqu'à ce qu'il ait serré la main de la totalité des joueurs français", a-t-il dit dans un message vidéo diffusé de Paris, où il se trouve pour la conférence mondiale sur le climat. "La plupart du temps, c'était aussi le dernier joueur à rester signer des autographes pour ses jeunes fans. Jonah était ainsi".
L'ancien joueur de rugby à VII Eric Rush s'est rappelé, la voix nouée par l'émotion, de l'énorme appétit de Lomu et de son aversion pour l'entraînement. "Tu vas nous manquer, le grand, repose en paix mon frère".
Cet hommage national sera suivi mardi par des funérailles privées.
Plusieurs milliers de personnes, certaines en tenue traditionnelle tongienne, ont pris part à l'hommage rendu par la communauté des Iles du Pacifique, samedi à Auckland, à la légende néo-zélandaise du rugby Jonah Lomu, décédé à l'âge de 40 ans.
Cette cérémonie traditionnelle organisée en souvenir de Lomu, qui était d'origine tongienne, deux jours avant l'hommage prévu lundi à l'Eden Park d'Auckland, citadelle des All Blacks, s'est tenue en présence de sa femme Nadene et de ses deux jeunes fils, Dhyreille et Brayley, qui portaient un maillot des All Blacks floqué du nom de leur père et de son N.11.
Etaient également présents dans l'assistance des anciens All Blacks, dont l'ex-capitaine Tana Umaga, Michael Jones, Ofisa Tonu'u ou encore Eroni Clarke.
"Nous venons pour saluer sa mémoire dans le quartier et avec les gens auprès desquels il a grandi", a déclaré Umaga.
Jones a qualifié la cérémonie de "belle et intime facette du deuil".
Une célébration "joyeuse" où "commémorer la carrière de Jonah et l'héritage qu'il a laissé", a ajouté Tonu'u.
Lomu, dont la carrière avait été interrompue prématurément par une maladie rénale, est décédé soudainement il y a dix jours dans sa maison d'Auckland. Les funérailles privées du joueur auront lieu mardi.
Sous le maillot des All Blacks, avec lesquels il a marqué au total 37 essais (dont 15 en Coupe du monde) en 63 sélections entre 1994 et 2002, le mythique ailier était devenu la première star planétaire du rugby.