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Harnold Martin, ancien président du gouvernement calédonien jugé pour favoritisme


Nouméa, France | AFP | mardi 03/11/2015 - Harold Martin, ancien président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie et figure de la scène politique locale, a comparu mardi en correctionnelle pour prise illégale d'intérêt et favoritisme dans le cadre de la défiscalisation du marché de la téléphonie 3G.

Dans ce procès, programmé pour durer jusque mercredi, Jean-Marc Bruel, ancien gérant du cabinet de défiscalisation "Calédonienne d'Ingénierie", et Thierry Granier, commissaire aux comptes, sont poursuivis pour complicité de favoritisme et complicité de prise illégale d'intérêt.

L'affaire remonte à 2010 alors qu'Harold Martin était président du Congrès et président du conseil d'administration de l'Office des Postes et Télécommunications (OPT).

Il lui est reproché d'avoir favorisé M. Bruel afin qu'il réalise le montage financier du marché de la 3G en Nouvelle-Calédonie, d'un montant de 3,2 milliards CFP (26,8 millions d'euros), sous le régime de la défiscalisation (loi Girardin).

En dépit de l'avis contraire de la commission d'appels d'offre de l'OPT, M. Bruel avait remporté le marché face à une offre d'un autre cabinet associé à la Société Générale, partie civile au procès.

Une enquête avait été déclenchée après l'envoi au haut-commissaire de la République par trois administrateurs de l'OPT d'une lettre dénonçant les "pressions et les manœuvres" de leur président.

L'audience a mis au jour les liens entre MM. Martin et Bruel. Ils sont associés dans un hôtel sur la commune de Païta, dont M. Martin est le maire, et la compagne de M. Bruel a travaillé dans le cabinet d'Harold Martin lorsqu'il occupait les fonctions de président du gouvernement.

A la barre, un représentant syndical a également expliqué que la rédaction de l'appel d'offre avait été confiée à un avocat métropolitain par M. Martin, sans consultation du conseil d'administration.

Le président Thierry Lefèvre a par ailleurs rappelé que la Calédonienne d'Ingénierie avait par le passé été épinglée par la Chambre territoriale des comptes pour le montage de la défiscalisation d'importants marchés publics.

En début d'audience, les avocats de la défense dont Pierre-Olivier Sur, bâtonnier de Paris, conseil de M. Martin, ont tenté d'annuler la procédure, arguant "d'une ordonnance de renvoi incompréhensible".

"M. Martin n'a pas retiré un euro de cette affaire", a également souligné M.Sur, qui plaidera la relaxe pour son client.

Actuellement élu du Congrès et maire de Païta, Harold Martin est depuis près de 30 ans un pilier de la scène politique calédonienne, ténor de la droite non-indépendantiste. Il a présidé l’exécutif entre 2007 et 2009 et de 2011 à 2014.

Rédigé par () le Mardi 3 Novembre 2015 à 06:20 | Lu 796 fois