Paris, France | AFP | mercredi 05/11/2019 - Un tournant? Les déclarations de l'actrice Adèle Haenel, qui a raconté les "attouchements" et le "harcèlement" qu'elle affirme avoir subis adolescente, suscitent une vague d'émotion qui pourrait contribuer à briser l'omerta autour de ces questions dans le cinéma français, deux ans après le lancement du mouvement #MeToo.
L'actrice française de 30 ans, récompensée par deux César, a mis en cause le réalisateur Christophe Ruggia, avec qui elle a tourné, à l'âge de 13 ans, son premier film "Les Diables", dans une enquête publiée dimanche par Médiapart.
Elle a dénoncé "l'emprise" qu'il aurait exercée sur elle pendant la préparation et le tournage du film, puis un "harcèlement sexuel permanent", des "attouchements" répétés et des "baisers forcés dans le cou", qui auraient eu lieu chez lui et lors de plusieurs festivals internationaux, le tout alors qu'elle était âgée de 12 à 15 ans.
Le réalisateur du "Gone du Chaâba", 54 ans, a "réfuté catégoriquement", via ses avocats, "avoir exercé un harcèlement quelconque ou toute espèce d'attouchement" sur elle.
Adèle Haenel a ensuite expliqué, dans une émission diffusée en direct lundi sur le site de Médiapart, qu'elle parlait parce que "le monde a changé".
"Je dois le fait de pouvoir parler à toutes celles qui ont parlé dans le cadre des affaires #MeToo", a-t-elle dit.
"Aujourd'hui, c'est une responsabilité pour moi, parce que je suis en mesure de le faire, parce que je travaille suffisamment...", a-t-elle ajouté, lançant ensuite: "Les monstres, ça n'existe pas. C'est notre société, c'est nous, c'est nos amis, c'est nos pères. C'est ça qu'on doit regarder".
Mais elle n'a pas porté plainte, regrettant qu'il y ait "si peu" de condamnations dans ce type d'affaire et dénonçant "une violence systémique faite aux femmes dans le système judiciaire". Ce qui a fait réagir mercredi la Garde des Sceaux Nicole Belloubet sur France Inter: "Je pense au contraire, surtout avec ce qu'elle a dit, qu'elle devrait saisir la justice, qui me semble être en capacité de prendre en compte ce type de situations".
La Société des réalisateurs de films (SRF), association professionnelle comptant quelque 300 adhérents, a elle annoncé dès lundi avoir décidé de radier Christophe Ruggia, et "exprimé son soutien total" à Adèle Haenel.
Mardi, c'est Unifrance, l'organisme chargé de la promotion du cinéma français à l'étranger, qui lui a apporté à son tour son soutien et "condamné sans réserve tout fait de violence ou de comportement inapproprié".
L'organisme a également annoncé qu'il allait élaborer "prochainement une charte à l'attention des artistes et professionnels amenés à participer aux manifestions organisées ou initiées par Unifrance".
Le témoignage d'Adèle Haenel a aussi suscité un flot de réactions sur les réseaux sociaux, parmi lesquelles des messages de soutien au sein du 7e Art.
"Une grande admiration pour Adèle Haenel, qui parle pour celles qui sont dans l'ombre...", a témoigné l'actrice Julie Gayet sur Instagram.
"Adèle, ton courage est un cadeau d'une générosité sans pareille", a posté de son côté l'Oscarisée Marion Cotillard. "Tu brises un silence si lourd".
Ses déclarations font en effet l'effet d'un coup de tonnerre dans le cinéma français. Si d'autres comédiennes ont témoigné contre des réalisateurs ou producteurs, aucune, aussi célèbre qu'elle, ne l'avait fait jusqu'ici à découvert, avec un récit appuyé par des témoins qui révèlent leur identité.
"Je pense que c'est une sorte de tournant. C'est la première fois en France qu'une actrice internationalement connue, qui travaille beaucoup et a une cote d'enfer, prend la parole sur ce sujet-là", estime la journaliste Véronique Le Bris, fondatrice du site cine-woman.fr, pour qui "ça va forcément avoir des conséquences".
"Je ne sais pas si ça suffira, mais c'est quand même une étape", a-t-elle ajouté.
Pour l'universitaire Iris Brey, spécialiste de la représentation du genre au cinéma, "jusqu'à maintenant, en France, on n'a pas vraiment voulu avoir ces conversations post #MeToo".
Pour le producteur Marc Missonnier, vice-président de l'Union des producteurs de cinéma (UPC), qui a "salué" sur Twitter le "courage" d'Adèle Haenel, "si effectivemment son initiative peut contribuer à ce que des inhibitions sautent, ou à ce que des peurs soient dépassées pour que des gens parlent, ce serait formidable".
"Mais est-ce que ce sera le cas? Je ne sais pas du tout", tempère-t-il. En tout cas, "on ne peut pas faire comme s'il ne s'était rien passé".
L'actrice française de 30 ans, récompensée par deux César, a mis en cause le réalisateur Christophe Ruggia, avec qui elle a tourné, à l'âge de 13 ans, son premier film "Les Diables", dans une enquête publiée dimanche par Médiapart.
Elle a dénoncé "l'emprise" qu'il aurait exercée sur elle pendant la préparation et le tournage du film, puis un "harcèlement sexuel permanent", des "attouchements" répétés et des "baisers forcés dans le cou", qui auraient eu lieu chez lui et lors de plusieurs festivals internationaux, le tout alors qu'elle était âgée de 12 à 15 ans.
Le réalisateur du "Gone du Chaâba", 54 ans, a "réfuté catégoriquement", via ses avocats, "avoir exercé un harcèlement quelconque ou toute espèce d'attouchement" sur elle.
Adèle Haenel a ensuite expliqué, dans une émission diffusée en direct lundi sur le site de Médiapart, qu'elle parlait parce que "le monde a changé".
"Je dois le fait de pouvoir parler à toutes celles qui ont parlé dans le cadre des affaires #MeToo", a-t-elle dit.
"Aujourd'hui, c'est une responsabilité pour moi, parce que je suis en mesure de le faire, parce que je travaille suffisamment...", a-t-elle ajouté, lançant ensuite: "Les monstres, ça n'existe pas. C'est notre société, c'est nous, c'est nos amis, c'est nos pères. C'est ça qu'on doit regarder".
- "Elle devrait saisir la justice" -
Mais elle n'a pas porté plainte, regrettant qu'il y ait "si peu" de condamnations dans ce type d'affaire et dénonçant "une violence systémique faite aux femmes dans le système judiciaire". Ce qui a fait réagir mercredi la Garde des Sceaux Nicole Belloubet sur France Inter: "Je pense au contraire, surtout avec ce qu'elle a dit, qu'elle devrait saisir la justice, qui me semble être en capacité de prendre en compte ce type de situations".
La Société des réalisateurs de films (SRF), association professionnelle comptant quelque 300 adhérents, a elle annoncé dès lundi avoir décidé de radier Christophe Ruggia, et "exprimé son soutien total" à Adèle Haenel.
Mardi, c'est Unifrance, l'organisme chargé de la promotion du cinéma français à l'étranger, qui lui a apporté à son tour son soutien et "condamné sans réserve tout fait de violence ou de comportement inapproprié".
L'organisme a également annoncé qu'il allait élaborer "prochainement une charte à l'attention des artistes et professionnels amenés à participer aux manifestions organisées ou initiées par Unifrance".
- "un silence si lourd" -
Le témoignage d'Adèle Haenel a aussi suscité un flot de réactions sur les réseaux sociaux, parmi lesquelles des messages de soutien au sein du 7e Art.
"Une grande admiration pour Adèle Haenel, qui parle pour celles qui sont dans l'ombre...", a témoigné l'actrice Julie Gayet sur Instagram.
"Adèle, ton courage est un cadeau d'une générosité sans pareille", a posté de son côté l'Oscarisée Marion Cotillard. "Tu brises un silence si lourd".
Ses déclarations font en effet l'effet d'un coup de tonnerre dans le cinéma français. Si d'autres comédiennes ont témoigné contre des réalisateurs ou producteurs, aucune, aussi célèbre qu'elle, ne l'avait fait jusqu'ici à découvert, avec un récit appuyé par des témoins qui révèlent leur identité.
"Je pense que c'est une sorte de tournant. C'est la première fois en France qu'une actrice internationalement connue, qui travaille beaucoup et a une cote d'enfer, prend la parole sur ce sujet-là", estime la journaliste Véronique Le Bris, fondatrice du site cine-woman.fr, pour qui "ça va forcément avoir des conséquences".
"Je ne sais pas si ça suffira, mais c'est quand même une étape", a-t-elle ajouté.
Pour l'universitaire Iris Brey, spécialiste de la représentation du genre au cinéma, "jusqu'à maintenant, en France, on n'a pas vraiment voulu avoir ces conversations post #MeToo".
Pour le producteur Marc Missonnier, vice-président de l'Union des producteurs de cinéma (UPC), qui a "salué" sur Twitter le "courage" d'Adèle Haenel, "si effectivemment son initiative peut contribuer à ce que des inhibitions sautent, ou à ce que des peurs soient dépassées pour que des gens parlent, ce serait formidable".
"Mais est-ce que ce sera le cas? Je ne sais pas du tout", tempère-t-il. En tout cas, "on ne peut pas faire comme s'il ne s'était rien passé".