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Haere Pō : 4 nouveautés pour ses 40 ans


TAHITI, le 16 novembre 2021 - La maison d’édition Haere Pō fête ses 40 ans. Elle propose à l’occasion du salon du livre qui s’ouvre cette semaine quatre nouveautés. À découvrir directement sur le stand, dès le 18 novembre.

Au tout début, on était un groupe d’amis bibliophiles, on aimait lire et on a d’abord voulu partager nos lectures”, raconte Robert Koenig. Les éditions Haere Pō sont nées en mai 1981, fondées par ce groupe d’amis. Denise et Robert Koenig depuis tiennent la barre. Leur catalogue compte plus de 110 livres entièrement réalisés et imprimés à Tahiti même.

Certains sont devenus fameux comme Tahiti côté montagne de Marc Cizeron ou comme Mutismes de Titaua Peu.

Haere Pō est mû par l’envie, le plaisir, la nécessité car “il y a des textes qu’on ne peut pas éviter, ils sont, à un moment donné de l’histoire, de la société, incontournables”. Elle vise plusieurs objectifs : éditer des livres originaux consacrés à la Polynésie française en général et au Pacifique en particulier, rééditer des ouvrages anciens sur l’Océanie qui méritent d’être redécouverts, de diffuser sur le territoire des ouvrages intéressant le Pacifique et de donner la plume à ceux et à celles dont la voix n’est pas entendue.

Pour ses 40 ans, Haere Pō édite quatre nouveautés. Elles seront toutes rassemblées à l’occasion du salon du livre qui débute le 18 novembre et durera jusqu’au 21.

Il y a l’Essai en vue d’un dictionnaire et d’une grammaire selon le dialecte en usage aux îles Marquises qui est le premier dictionnaire de la langue marquisienne. Si le manuscrit a bien été écrit en 1799 par Crook (futur fondateur de Papeete) et Timautete (de Tahuata), qu’il a été traduit par Jacques Pelleau, la question reste posée par Michael Koch : comment écrire une langue maternelle ? Ou plutôt, comment transformer une parole en orthographe ?

Par ailleurs, vous pourrez vous plonger dans L’île-sirène, te fenua vehine paaoa de Seegan Mabesoone. Il est également l’auteur de Haïkus aux Marquises paru en novembre 2019. Le roman qui sort chez Haere Pō est l’histoire d’une sirène de la baie de Hekeani à Hiva Oa qui se retrouve dans un aquarium japonais. C’est aussi une belle histoire d’amour contemporaine qui rappelle celle des îles Marquises en passant par Gauguin, Brel et Canopus. Seegan Mabesoone, animera des ateliers consacrés aux haïkus lors du Salon du livre. (Lire ci-contre)

Fai, un mythe marquisien sans limites, quant à lui, est la suite de Kena, la légende du tatouage. Ce récit recueilli en 1897 à Hiva Oa par von den Steinen de la bouche même de Tahia-o-te-‘ani, la meilleure conteuse de Puamau, a été transcrit et traduit par Michael Koch. Si le curcuma, le kava, le mûrier à papier pour faire le tapa, la canne à sucre et les cochons peuvent bien venir du ciel et être transportés sur le dos de l’aigrette sacrée, les chants anciens pour la construction d’une pirogue peuvent encore retentir aujourd’hui et rappeler que les mythes, c’est de la dynamite !

Enfin, paraît le livre intitulé Les archipels de Gilbert Cuzent. Ce pharmacien de la marine est le témoin et un des acteurs entre 1854 et 1858 des débuts du Protectorat à Tahiti, d’une nouvelle administration qui s’installe aux côtés de celle du royaume des Pomare alors que les EFO n’englobent pas encore ni les îles Sous-le-Vent ni les Gambier. Ses recherches sur les productions végétales, sa description des plantes, leur analyse chimique à Vaiami dans le laboratoire de l’Hôpital colonial restent d’actualité : comment mettre en valeur la richesse botanique de nos îles ?

Qui étaient les Haere Pō ?

Le soin de conserver les traditions historiques et religieuses était confié aux Haere Pō (promeneurs nocturnes). C’étaient les hommes archives. Leur charge était héréditaire. Dès leur enfance, ils apprenaient les poèmes de l’origine du monde, de la filiation des dieux, des migrations des ancêtres, des généalogies royales, des limites territoriales. Ils marchaient de nuit le long des marae, répétant à eux-mêmes, à voix haute et toujours d’un trait, toutes ces archives. Il ne devait pas y avoir d’hésitation dans leur mémoire, sinon c’était un mauvais présage. Ils [étaient] le livre vivant de la religion et de la tradition.

D’après Charles Vernier, Tahitiens d’hier et d’aujourd’hui, Paris 1948.

#Conversation

Robert Koenig racontera les 40 années de sa maison d'édition à l'occasion du salon du livre jeudi entre 16 et 17 heures.

Pour découvrir les titres de la maison d'édition, rendez-vous sur le site internet.

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 16 Novembre 2021 à 21:59 | Lu 1274 fois