Kobe, Japon | AFP | lundi 02/11/2020 - Sur l'île artificielle de l'aéroport de Kobe (ouest du Japon), une imposante cuve sphérique de 19 mètres de diamètre symbolise l'un des projets hydrogène les plus ambitieux au monde, mais aussi l'un des plus controversés.
Le projet HESC (Hydrogen Energy Supply Chain) consiste à tester un approvisionnement durable pour le Japon en hydrogène liquide, produit dans l'Etat australien de Victoria à partir de lignite, un type de charbon aussi appelé houille brune.
Sa phase pilote, en partie subventionnée par le gouvernement japonais et les autorités australiennes, représente un investissement total d'environ 500 millions de dollars australiens (300 millions d'euros).
Le site de Kobe doit devenir en 2021 le terminal pilote du premier navire au monde spécialement conçu pour transporter de l'hydrogène liquide, le Suiso Frontier, récemment sorti des chantiers navals du conglomérat japonais Kawasaki Heavy Industries (KHI).
Si les essais sont concluants d'ici 2022 ou 2023, le projet sera poursuivi et considérablement étendu pour entrer en phase commerciale après 2030. Un nouveau terminal au Japon et davantage de navires de transport, bien plus grands, seront alors nécessaires.
"Nous pourrions démarrer la phase commerciale avec deux navires d'une capacité de stockage de 160.000 m3 d'hydrogène liquide chacun", contre à peine 1.250 m3 pour le Suiso Frontier, affirme Motohiko Nishimura, l'un des responsables du projet chez KHI.
Peu utilisé et abondant dans l'Etat de Victoria, le lignite est "bon marché, donc nous pouvons générer de l'hydrogène moins cher", malgré le surcoût qu'implique son trajet de 9.000 km en mer à -253 degrés Celsius pour le maintenir à l'état liquide, assure-t-il.
Pauvre en énergies fossiles et avec un potentiel local en énergies renouvelables jugé plutôt faible, le Japon est très dépendant des importations pour ses besoins énergétiques, d'autant que son recours au nucléaire est bridé depuis la catastrophe de Fukushima.
Le pays mise depuis des années sur le développement d'une filière hydrogène, une énergie potentiellement verte mais dont les coûts importants ont freiné l'essor jusqu'à présent.
L'objectif de neutralité carbone d'ici 2050 que le Japon s'est fixé fin octobre "va avoir un grand impact positif" sur le projet HESC, estime M. Nishimura.
"Vandalisme climatique"
Mais si l'hydrogène peut être une énergie propre en aval, sa production émet du CO2 si elle provient d'énergies fossiles.
La production d'une tonne d'hydrogène à partir de charbon émet 20 tonnes de CO2, soit le double de l'hydrogène produit avec du gaz naturel, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
Pour que le projet HESC soit viable sur le plan environnemental, les énormes quantités de CO2 émises lors de sa phase commerciale devront être capturées et stockées en sous-sol, selon des méthodes appelées CCS.
Aussi ses espoirs résident dans une initiative australienne distincte, CarbonNet, étudiant la possibilité d'enfouir à terme du CO2 dans un sous-sol marin au large de l'Etat de Victoria.
"Nous craignons une situation où l'hydrogène à base de charbon pourrait seulement être viable commercialement sans CCS", ce qui serait du "vandalisme climatique", s'inquiète Nicholas Aberle, un responsable de l'ONG australienne Environment Victoria interrogé par l'AFP.
Dans l'industrie japonaise aussi, certains sont sceptiques.
"Fabriquer de l'hydrogène à partir de charbon, c'est ridicule", lâche ainsi Shigeru Muraki, un conseiller exécutif de la compagnie Tokyo Gas.
"Même avec des méthodes CCS, il ne pourra pas être considéré comme de l'hydrogène vert" et les prix de l'hydrogène produit à partir d'énergies renouvelables deviendront plus compétitifs avec le temps, ajoute M. Muraki, qui est aussi vice-président du Green Ammonia Consortium (GAC), un groupement industriel nippon explorant une piste énergétique alternative, l'importation d'ammoniac liquide.
Le projet HESC (Hydrogen Energy Supply Chain) consiste à tester un approvisionnement durable pour le Japon en hydrogène liquide, produit dans l'Etat australien de Victoria à partir de lignite, un type de charbon aussi appelé houille brune.
Sa phase pilote, en partie subventionnée par le gouvernement japonais et les autorités australiennes, représente un investissement total d'environ 500 millions de dollars australiens (300 millions d'euros).
Le site de Kobe doit devenir en 2021 le terminal pilote du premier navire au monde spécialement conçu pour transporter de l'hydrogène liquide, le Suiso Frontier, récemment sorti des chantiers navals du conglomérat japonais Kawasaki Heavy Industries (KHI).
Si les essais sont concluants d'ici 2022 ou 2023, le projet sera poursuivi et considérablement étendu pour entrer en phase commerciale après 2030. Un nouveau terminal au Japon et davantage de navires de transport, bien plus grands, seront alors nécessaires.
"Nous pourrions démarrer la phase commerciale avec deux navires d'une capacité de stockage de 160.000 m3 d'hydrogène liquide chacun", contre à peine 1.250 m3 pour le Suiso Frontier, affirme Motohiko Nishimura, l'un des responsables du projet chez KHI.
Peu utilisé et abondant dans l'Etat de Victoria, le lignite est "bon marché, donc nous pouvons générer de l'hydrogène moins cher", malgré le surcoût qu'implique son trajet de 9.000 km en mer à -253 degrés Celsius pour le maintenir à l'état liquide, assure-t-il.
Pauvre en énergies fossiles et avec un potentiel local en énergies renouvelables jugé plutôt faible, le Japon est très dépendant des importations pour ses besoins énergétiques, d'autant que son recours au nucléaire est bridé depuis la catastrophe de Fukushima.
Le pays mise depuis des années sur le développement d'une filière hydrogène, une énergie potentiellement verte mais dont les coûts importants ont freiné l'essor jusqu'à présent.
L'objectif de neutralité carbone d'ici 2050 que le Japon s'est fixé fin octobre "va avoir un grand impact positif" sur le projet HESC, estime M. Nishimura.
"Vandalisme climatique"
Mais si l'hydrogène peut être une énergie propre en aval, sa production émet du CO2 si elle provient d'énergies fossiles.
La production d'une tonne d'hydrogène à partir de charbon émet 20 tonnes de CO2, soit le double de l'hydrogène produit avec du gaz naturel, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
Pour que le projet HESC soit viable sur le plan environnemental, les énormes quantités de CO2 émises lors de sa phase commerciale devront être capturées et stockées en sous-sol, selon des méthodes appelées CCS.
Aussi ses espoirs résident dans une initiative australienne distincte, CarbonNet, étudiant la possibilité d'enfouir à terme du CO2 dans un sous-sol marin au large de l'Etat de Victoria.
"Nous craignons une situation où l'hydrogène à base de charbon pourrait seulement être viable commercialement sans CCS", ce qui serait du "vandalisme climatique", s'inquiète Nicholas Aberle, un responsable de l'ONG australienne Environment Victoria interrogé par l'AFP.
Dans l'industrie japonaise aussi, certains sont sceptiques.
"Fabriquer de l'hydrogène à partir de charbon, c'est ridicule", lâche ainsi Shigeru Muraki, un conseiller exécutif de la compagnie Tokyo Gas.
"Même avec des méthodes CCS, il ne pourra pas être considéré comme de l'hydrogène vert" et les prix de l'hydrogène produit à partir d'énergies renouvelables deviendront plus compétitifs avec le temps, ajoute M. Muraki, qui est aussi vice-président du Green Ammonia Consortium (GAC), un groupement industriel nippon explorant une piste énergétique alternative, l'importation d'ammoniac liquide.