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Grève des pompiers : “Air Tahiti est en première ligne”


Tahiti, le 1er février 2023 - À quelques jours du Salon du tourisme, la grève des pompiers d’aérodrome menace de nouveau l'activité d'Air Tahiti dans une période pourtant cruciale. Une “coïncidence curieuse”, tacle le directeur général Manate Vivish, qui anticipe déjà l'éventuel mouvement de grève avec des rotations supplémentaires aux Marquises notamment et une réorganisation des appels pendant le salon.
 
Quelle seraient les dispositifs mis en place si la grève des pompiers d’aérodrome devait être effective ce vendredi ?

“La direction commerciale s’est penchée sur le sujet depuis un moment déjà et nous avons fait un point mercredi matin. Nous allons bien sûr anticiper cette possibilité. On a ressorti les procédures prises lors de la dernière grève d’il y a quelques mois. Par anticipation de ce conflit, nous allons mettre des vols supplémentaires dès demain, notamment à destination des Marquises car c’est très compliqué de lancer des vols vers cette destination compte-tenu des temps de traversée. Cette mesure va permettre à des passagers qui avaient prévu de voyager ce week-end d’anticiper leur voyage pour ceux qui le peuvent et de partir avant que le mouvement de grève ne soit déclenché. Pour ce qui concerne le jour J et le jour suivant, là nous sommes totalement tributaires de l’ampleur du mouvement et de sa durée. On ne saura que le jour même quels pompiers de quelles îles seront en grève, on ne pourra donc décider qu’au dernier moment si le vol pourra décoller ou non. Pour l’instant, nous avons gardé le programme de vols habituel, mais les réservations sont gelées. Pour chaque jour, nous demanderons aux passagers de venir à l’aéroport ou alors de regarder sur notre site internet ou notre page Facebook pour s’informer du maintien de leur avion. Ce sont des informations que nous aurons quasiment en temps réel et on ne pourra pas anticiper cette chose-là. Par ailleurs j’aimerais aussi dire qu’évidemment, les modifications et annulations de vols seront gratuites. Nous allons suivre les évènements au jour le jour.”
 
Vous allez envoyer des vols aux Marquises, comment ça va se passer ?

“Nous allons déprogrammer des membres du personnel pour en reprogrammer d’autres, on va modifier les plannings de tout le monde. C’est de la cuisine interne, mais nous sommes habitués à ce genre de situation.”
 
Lors des dernières grèves, la situation avait été vite réglée, ça sera encore le cas cette fois-ci ? Y aura-t-il autant de vols annulés et de passagers bloqués que l'année dernière ?

“Si tant est que la grève s'arrête, nous mettrons une nouvelle fois rapidement en place de moyens nécessaires pour récupérer les passagers qui n’auraient pas pu voyager. Sur les îles Sous-le-Vent ça devrait facilement se gérer. Les aérodromes de Raiatea et Bora Bora sont gérés par ADT, donc ces escales ne seront pas touchées par les grèves. Huahine et Maupiti sont desservies par bateau, on pourra donc rediriger nos passagers vers eux. Si comme l’année dernière, toutes les escales font grève, alors oui effectivement on s’attend à la même amplitude de conséquence avec presque 3 500 passagers impactés.”
 
La compagnie perd-elle de l’argent dans cette situation ? À combien se chiffre cette perte ?

“La compagnie perd forcément de l’argent oui. Ça désorganise énormément l’activité. Des passagers trouvent d’autres moyens de se déplacer que l’avion. Les conséquences sont importantes, sans compter les fortes mobilisations que ça entraîne. Le premier jour de grève tombe en plus en même temps que le Salon du tourisme où nous déployons une force commerciale importante. Ça va également fortement réduire le nombre d’agents disponibles pour répondre aux inquiétudes des clients, qui appelleront au standard pour savoir s’ils peuvent ou non voyager. Pour parer à ça, nous prévoyons notamment de reporter les appels téléphoniques sur les escales qui peuvent prendre les appels des passagers comme à Raiatea ou Rangiroa. Sur un week-end comme celui-là, la perte peut dépasser facilement la dizaine de millions. Et ils ne sont pas rattrapables, c’est une perte pour la compagnie. Même si nous pouvons récupérer des passagers après la grève, car ils n’auront pas le choix de voyager avec Air Tahiti, d’autres trouveront d’autres moyens. De plus nos frais sont beaucoup plus élevés que pendant un fonctionnement classique.”
 
À votre avis, menacer de se mettre en grève lors du Salon du tourisme est un choix délibéré ?

“Je trouve la coïncidence intéressante, curieuse même. Mais bon, on sait que tout le monde doit jouer sa propre partition.”
 
Vous auriez un message à faire passer aux pompiers d’aérodrome ?

“Bien sûr. J’espère déjà de tout cœur que les négociations reprennent. Je fais confiance à la sagesse des parties prenantes pour trouver les solutions les plus acceptables et les plus adéquates à la situation. Pour l’instant, les points de vue sont assez divergents je crois. Mais j’ai totalement confiance en mon vice-président pour trouver des solutions aux différentes problématiques.”
 
Comment on gère les passagers mécontents lors de ces grèves ?

“C’est notre personnel qui gère les inquiétudes. Mais je peux comprendre que, par exemple, des touristes qui doivent prendre une connexion à l’international derrière soient préoccupés de ne pas avoir de solutions de secours. Ils ont beau avoir pu passer un séjour très agréable en Polynésie française, il va forcément se terminer sur une note amère.”
 
Est-ce que ce genre de mésaventure peut développer une mauvaise image de la Polynésie ?


“Certainement oui. Je pense que ça nuit à l’image du Pays. Ce type de manifestation ne peut pas faire de la bonne publicité c’est certain. Les gens qui vivent réellement, dans leur chair, des situations complexes comme celle-ci, n’en gardent pas de bons souvenirs. Quelqu'un de mécontent peut transmettre son avis négatif à une quinzaine voire une vingtaine de personnes qu'il connait.”
 
Ce genre de mouvement ternit aussi l’image de la compagnie ?

“Bien entendu, c’est nous qui sommes en première ligne. Au front. Quoi qu’il se passe, c’est Air Tahiti qui a le client en face de lui. Ce ne sont pas les pompiers, c’est nous qui subissons leur courroux. On aimerait bien de temps en temps amener le client en face des grévistes en leur disant : ‘occupez-vous en, puisque c’est vous qui êtes à l’origine de ce problème-là.'"


Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mercredi 1 Février 2023 à 20:03 | Lu 2117 fois