Les Sables-d'Olonne, France | AFP | vendredi 15/02/2024 - En bottes et tabliers, les mareyeurs des Sables d'Olonne (Vendée), ferment boutique avec trois heures d'avance. Ce matin de février, la criée a reçu neuf tonnes de pêche. Sans les restrictions dans le golfe de Gascogne, "ce serait plus de 30 tonnes", se désole l'un d'eux.
Pour Benjamin Hennequin, à la tête de l'entreprise du même nom, l'interdiction de sortie de certains pêcheurs, du 22 janvier au 20 février inclus, représente des "pertes folles".
Installée au cœur de la criée, bâtiment en béton à l'odeur de marée, sa société de mareyage compte 23 employés, dont huit au chômage partiel, faute d'arrivages.
"C'est la période de la sole: on fait normalement le plus gros chiffre d'affaires de l'année. Ce matin, on en a eu 290 kg. En temps normal, on peut avoir plusieurs tonnes", détaille M. Hennequin. "On est en train de perdre tous les marchés étrangers car il n'est pas rentable d'exporter de trop petites quantités."
Si des camions embarquent bien son poisson à l'arrière de la criée, "d'autres clients sont déjà partis ailleurs, chez les Hollandais notamment, et peut-être pour de bon", dit-il.
L'interdiction de pêche concerne quelque 450 navires (de huit mètres ou plus, équipés de certains filets), afin d'éviter les captures accidentelles de dauphins et marsouins, à la suite d'une décision du Conseil d'État.
Diverses associations environnementales demandaient au gouvernement d'agir depuis plusieurs années.
"La colère qui sort"
Pêcheur à l'île d'Yeu depuis 27 ans, Adrien Delavaud s'excuse de "parler sec": "C'est la colère qui sort."
Interdit de sortie, il emploie habituellement six marins sur son bateau, le "Camelys". Il s'agace de l'avoir équipé "pour rien", l'an dernier, d'un répulsif acoustique.
"C'est injuste: de gros efforts ont été faits et les pêcheurs sont quand même punis. Si le gouvernement veut la fin de la pêche artisanale française, c'est bien parti. On ne va peut-être pas tous s'en sortir", soupire-t-il.
Pour compenser les pertes, le gouvernement a annoncé des indemnités à hauteur de "80 à 85%" du chiffre d'affaires pour les pêcheurs et de 75% de l'excédent brut d'exploitation pour les mareyeurs.
"On espère être payé rapidement. On a des salaires à payer aux gars. Il faut qu'ils vivent", lâche Benoit Normant, 33 ans, patron de L'Aurore Boréale, un fileyeur de 11 mètres, qui emploie deux matelots, à Audierne (Finistère).
Dans ce port de la pointe bretonne, à l'extrême nord du golfe de Gascogne, une dizaine de fileyeurs sont alignés le long du quai sous une pluie fine. Quelques patrons pêcheurs "bricolent" à bord pour tuer le temps.
"Si j'ai hâte de repartir? Ah bah, ouais, je tiens plus en place", confie Matthieu Claquin, 27 ans, patron du Noz-Dei II, un fileyeur de 11 mètres, en scrutant les zones de pêche sur son écran.
Comme d'autres, il fulmine contre les "ONG extrémistes" ou le comité national des pêches qui "ne nous défend plus". Des dauphins, il reconnaît en capturer accidentellement, "quatre ou cinq par an", mais "soit ils sont malades, soit ils se laissent mourir", assure-t-il.
-"Barrière symbolique"-
Benoit Normant insiste lui sur les différentes sortes de répulsifs acoustiques, testés sur ses filets, sur la coque de son bateau, et par les observateurs scientifiques accueillis à bord. "On fait des efforts, faut pas croire qu'on fait rien... Et tout le monde s'en fout", peste-t-il.
De l'autre côté du port, la criée est désespérément vide, casiers rangés, fenwicks à l'arrêt, quand elle brasse d'habitude 5 à 10 tonnes de poissons par jour.
"Il est temps que ça reprenne", se désole François Priol, son directeur, qui a perdu jusqu'à 80% de ses tonnages habituels depuis le 22 janvier.
"On ne se rend pas compte de l'impact psychologique" de cette fermeture "inédite" de la pêche, souligne Thomas Le Gall, président de l'association Pêche Avenir Cap Sizun.
"On a franchi une barrière symbolique", ajoute-t-il. "Maintenant, on se demande si ça ne sera pas fermé quatre mois l'an prochain..."
Pour Benjamin Hennequin, à la tête de l'entreprise du même nom, l'interdiction de sortie de certains pêcheurs, du 22 janvier au 20 février inclus, représente des "pertes folles".
Installée au cœur de la criée, bâtiment en béton à l'odeur de marée, sa société de mareyage compte 23 employés, dont huit au chômage partiel, faute d'arrivages.
"C'est la période de la sole: on fait normalement le plus gros chiffre d'affaires de l'année. Ce matin, on en a eu 290 kg. En temps normal, on peut avoir plusieurs tonnes", détaille M. Hennequin. "On est en train de perdre tous les marchés étrangers car il n'est pas rentable d'exporter de trop petites quantités."
Si des camions embarquent bien son poisson à l'arrière de la criée, "d'autres clients sont déjà partis ailleurs, chez les Hollandais notamment, et peut-être pour de bon", dit-il.
L'interdiction de pêche concerne quelque 450 navires (de huit mètres ou plus, équipés de certains filets), afin d'éviter les captures accidentelles de dauphins et marsouins, à la suite d'une décision du Conseil d'État.
Diverses associations environnementales demandaient au gouvernement d'agir depuis plusieurs années.
"La colère qui sort"
Pêcheur à l'île d'Yeu depuis 27 ans, Adrien Delavaud s'excuse de "parler sec": "C'est la colère qui sort."
Interdit de sortie, il emploie habituellement six marins sur son bateau, le "Camelys". Il s'agace de l'avoir équipé "pour rien", l'an dernier, d'un répulsif acoustique.
"C'est injuste: de gros efforts ont été faits et les pêcheurs sont quand même punis. Si le gouvernement veut la fin de la pêche artisanale française, c'est bien parti. On ne va peut-être pas tous s'en sortir", soupire-t-il.
Pour compenser les pertes, le gouvernement a annoncé des indemnités à hauteur de "80 à 85%" du chiffre d'affaires pour les pêcheurs et de 75% de l'excédent brut d'exploitation pour les mareyeurs.
"On espère être payé rapidement. On a des salaires à payer aux gars. Il faut qu'ils vivent", lâche Benoit Normant, 33 ans, patron de L'Aurore Boréale, un fileyeur de 11 mètres, qui emploie deux matelots, à Audierne (Finistère).
Dans ce port de la pointe bretonne, à l'extrême nord du golfe de Gascogne, une dizaine de fileyeurs sont alignés le long du quai sous une pluie fine. Quelques patrons pêcheurs "bricolent" à bord pour tuer le temps.
"Si j'ai hâte de repartir? Ah bah, ouais, je tiens plus en place", confie Matthieu Claquin, 27 ans, patron du Noz-Dei II, un fileyeur de 11 mètres, en scrutant les zones de pêche sur son écran.
Comme d'autres, il fulmine contre les "ONG extrémistes" ou le comité national des pêches qui "ne nous défend plus". Des dauphins, il reconnaît en capturer accidentellement, "quatre ou cinq par an", mais "soit ils sont malades, soit ils se laissent mourir", assure-t-il.
-"Barrière symbolique"-
Benoit Normant insiste lui sur les différentes sortes de répulsifs acoustiques, testés sur ses filets, sur la coque de son bateau, et par les observateurs scientifiques accueillis à bord. "On fait des efforts, faut pas croire qu'on fait rien... Et tout le monde s'en fout", peste-t-il.
De l'autre côté du port, la criée est désespérément vide, casiers rangés, fenwicks à l'arrêt, quand elle brasse d'habitude 5 à 10 tonnes de poissons par jour.
"Il est temps que ça reprenne", se désole François Priol, son directeur, qui a perdu jusqu'à 80% de ses tonnages habituels depuis le 22 janvier.
"On ne se rend pas compte de l'impact psychologique" de cette fermeture "inédite" de la pêche, souligne Thomas Le Gall, président de l'association Pêche Avenir Cap Sizun.
"On a franchi une barrière symbolique", ajoute-t-il. "Maintenant, on se demande si ça ne sera pas fermé quatre mois l'an prochain..."