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Géorgie: un chef de l'opposition battu et arrêté avant une 7e nuit de manifestations


Giorgi ARJEVANIDZE / AFP
Giorgi ARJEVANIDZE / AFP
Tbilissi, Géorgie | AFP | mercredi 04/12/2024 - La police a battu et arrêté mercredi en Géorgie un dirigeant de l'opposition lors d'une descente dans les bureaux d'un parti, avant une septième nuit attendue de manifestations contre le pouvoir, accusé de renoncer aux ambitions européennes du pays.

Les six précédentes nuits de mobilisation, qui ont rassemblé des milliers de manifestants près du Parlement à Tbilissi, ont été dispersées par la police à coup de canons à eau et de gaz lacrymogène, et près de 300 personnes ont été interpellées.

Mercredi, les autorités ont accentué leur pression en perquisitionnant les bureaux du parti d'opposition Droa. Des policiers cagoulés y ont brutalisé puis embarqué Nika Gvaramia, le dirigeant d'un autre parti allié, Akhali, selon des images diffusées en direct par la chaîne de télévision indépendante Pirveli.

Sur d'autres images diffusées sur Facebook par une militante de Droa, Tata Khoundadzé, des policiers, lors de cette descente, saisissent notamment des bouteilles avec un liquide jaunâtre, des bombes de peinture et des feux d'artifices.

Le principal parti d'opposition géorgien, le Mouvement national uni (MNU) de l'ex-président emprisonné Mikhaïl Saakachvili, a accusé les autorités d'avoir "lancé une campagne de terreur et de répressions tous azimuts contre les opposants".

Il a fait état de perquisitions visant deux autres partis d'opposition et accusé la police de confisquer téléphones et ordinateurs portables, ainsi que de bloquer l'accès aux bureaux des jeunes du MNU.

"Ces raids violents visent à intimider la population et à réprimer les manifestations", a dénoncé ce parti dans un communiqué.

- Canon à eau contre feux d'artifice -

Les manifestations à Tbilissi, émaillées de violences, ont éclaté jeudi dernier après l'annonce par le pouvoir du report à 2028 des ambitions de cette ex-république soviétique du Caucase d'intégrer l'UE.

Ce choix a mis le feu aux poudres dans un climat politique déjà tendu. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, est accusé de dérive autoritaire prorusse et l'opposition assure qu'il a truqué les élections législatives de fin octobre.

Ses résultats ont aussi été remis en question par des pays occidentaux. Des élus d'opposition ont refusé de siéger au Parlement nouvellement élu, dénoncé comme "illégitime" par les manifestants et des experts.

Depuis la semaine dernière, des dizaines de milliers de personnes arborant des drapeaux européens et géorgiens sont descendues dans les rues de la capitale Tbilissi, et d'autres villes de ce pays niché sur les rives de la mer Noire.

Mardi soir, des affrontements ont encore eu lieu entre la police, qui utilisé un canon à eau et du gaz lacrymogène à profusion, et des protestataires qui lançaient des feux d'artifices dans leur direction.

"Onze manifestants, trois journalistes et un policier" ont dû être hospitalisés après ces heurts", a précisé le ministère de la Santé.

Dans l'après-midi, un calme temporaire était revenu sur la place du parlement à Tbilissi mais une manifestation est encore prévue dans la soirée, au même endroit, faisant craindre de nouvelles violences.

- "Torture" -

Le commissaire géorgien aux droits humains, Levan Ioseliani, a accusé la police de violenter les manifestants "de façon punitive", ce qui constitue "un acte de torture".

Ce défenseur public a dit avoir rendu visite à des protestataires placés en détention et blessés, constatant avec inquiétude que la majorité d'entre eux étaient gravement atteints à la tête ou aux yeux.

Quelque 293 personnes ont été placées en détention depuis le début du mouvement, a annoncé le ministère de l'Intérieur mardi soir, et 143 policiers ont été blessés.

Le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidzé a, pour l'heure, adopté une ligne dure, menaçant l'opposition et refusant toute concession.

Mercredi, il a promis à nouveau de réprimer "l'opposition radicale" et des ONG qui, selon lui, organisent des "actions violentes" et tentent de déstabiliser le pays. "Personne n'échappera à ses responsabilités", a-t-il averti.

La veille, il avait assuré que les Géorgiens l'avaient "mal compris" et que l'intégration européenne "progressait", en dépit du report qu'il a lui-même annoncé.

Irakli Kobakhidzé a aussi déclaré, sans preuve, que les manifestations étaient le fruit d'une manipulation organisée de l'étranger.

Les manifestants protestent tant en faveur de l'Union européenne qu'en opposition à la Russie et perçoivent les choix du gouvernement actuel comme un rapprochement envers Moscou.

La Géorgie reste traumatisée par une brève guerre à l'été 2008 qui l'a opposée à la Russie, qui contrôle encore de facto 20% de son territoire.

le Mercredi 4 Décembre 2024 à 07:04 | Lu 331 fois