PAPEETE, 29 mai 2018 - Elu le 17 mai dernier, Gaston Tong Sang assumera la présidence de l’assemblée de la Polynésie française jusqu’en mai 2023. Cette figure du paysage politique local est maire de Bora Bora depuis 1989. Président de la collectivité sur fond d’instabilité politique, quelques mois en 2006-2007 et à deux reprises de 2008 à 2011, c’est aujourd’hui la première fois qu’il préside la troisième institution de la Polynésie française où il est continuellement réélu depuis 1991.
Les administrés de Bora Bora doivent-ils redouter que leur maire accède au perchoir ?
C’est ma base. (…) Vous savez, il y a deux catégorie de personnes : celles qui estiment que c’est un honneur que le maire de Bora Bora accède à cette fonction – je pense qu’il s‘agit de la majorité – ; l’autre, est celle qui redoute de me voir moins qu’avant. Je veux juste dire à tout le monde (…) qu’il n’y aura pas de difficulté. Je vais m’entourer de personnes compétentes et faire en sorte que le personnel de l’institution accompagne bien le travail des élus. (…) Vous savez, ma chance aussi c’est que je mets moins de temps pour aller à Bora Bora qu’il n’en faudrait pour aller de Papeete à Taravao.
Quelle sera la méthode Tong Sang à l’assemblée ?
Je veux être ce président qui garantira sa place à tout le monde dans cette maison. Je n’ignore pas que je suis élu sur la liste d’un parti qui est représenté majoritairement à l’assemblée. Nous avons une équipe bien soudée, mais il ne faut pas abuser des positions. Je souhaite qu’il y ait de la sérénité dans les débats, lors des séances et des réunions. Je vise un travail guidé par l’efficacité, l’efficience. J’aime le dialogue. Je ne suis pas du genre à m’enfermer dans mon bureau. Je vais rendre visite à tous les personnels administratifs pour les rencontrer un par un. Je pense que moins il y a de distance, mieux je me porte. Je veux que tout le monde comprenne son rôle pour que cette belle institution fonctionne au mieux.
Mais vous commencez par faire le ménage dans les services et au secrétariat général…
JPas du tout. On m’a simplement signalé qu’il y avait du personnel en situation irrégulière. La moindre des choses, pour une institution dont la fonction est de voter des textes de loi, c’est d’appliquer ses propres lois. Je découvre que l’on ne peut pas mettre un fonctionnaire détaché du Pays sur un emploi fonctionnel de l’assemblée, pour diriger un service. C’est comme ça. Ceux qui ont signé ce contrat devaient le savoir. Et on me dit que ce n’est pas faute de l’avoir signalé. La personne en question pouvait rester. Elle a décidé de partir. Je n’ai pas fait le ménage ; mais simplement rappelé aux uns et aux autres que des situations devaient être mises en conformité avec les textes.
Accepteriez-vous que Gaston Flosse ait un bureau à l’assemblée, comme cela a été le cas sous la précédente mandature ?
Non. Il ne serait pas assuré s’il n’est pas lié avec l’assemblée par un contrat. Et je ne sais pas s’il peut prétendre à un emploi payé par des fonds publics.
Votre prédécesseur a initié un travail de réorganisation des services de l’institution. Le mènerez-vous à terme ?
Marcel Tuihani m’a remis ce dossier lors de la passation de services. Je n’ai pas encore eu le temps de l'examiner sur le fond. Je pense qu’une réforme est nécessaire. On ne peut pas rester dans une organisation obsolète. Mais encore faut-il que les objectifs que l’on s’assigne soient clairs. Il n’est pas question de transformer l’assemblée en contre-pouvoir.
JIl s’agissait d’harmoniser le fonctionnement des services.
Je pense en effet qu’il faut adapter les services de l’assemblée à l’évolution des besoins et des travaux de l’institution. Mais lorsqu’il s’agit de la mission d’évaluation des politiques publiques, j’ai l’impression que l’ancienne présidence a pesé de tout son poids dans sa mise en place. Pour ma part, il n’est pas question de transformer l’assemblée en juge du gouvernement.
Cette commission d’évaluation va-t-elle être mise en sommeil ?
Elle va continuer à vivre. Les moyens sont en place. Mais elle va agir dans un cadre plus confiant.
Votre priorité affichée d’emblée est le vote d’un texte, avant septembre, instaurant la cotisation des élus de l’assemblée à la caisse des retraites de la CPS. N’est-ce pas une action de communication ?
Le sujet a été soulevé. Le régime des retraites a besoin de tout le monde. Ce n’est pas avec les cotisations des élus de l’assemblée que l’on va le sauver. Mais c’est un geste symbolique. Et je pense qu’il n’est pas bon que l’on demande des efforts à tous les salariés sans que l’on n’y participe nous même.
Cela ne pose-t-il pas un problème vis-à-vis de la précarité de la fonction de représentant ?
Avant la mise en place du système par capitalisation, la retraite des élus étaient financée par le budget de l’assemblée, sans aucune règle d’ancienneté : avec un ou deux mandats, les élus avaient droit à une retraite à taux plein. Ce n’était pas très juste, par rapport aux travailleurs salariés. Maintenant, les élus récoltent ce qu’ils ont mis de côté, avec ce système par capitalisation.
Le dossier de la réforme du système des retraites est à nouveau ouvert, et il est ici à l’assemblée. Nous allons faire une proposition d’amendement dans le cadre de ce projet de réforme. Doit-on tout mettre à la CPS, ou garder le système par capitalisation et cotiser en plus au régime des retraites ? La question est encore tranchée.
Justement, le gouvernement attend des propositions d’amendement au projet de loi pour la réforme des retraites. Comment ce travail va-t-il être mis en œuvre à Tarahoi ?
La présidente de la commission de la Santé, Virginie Bruant, a la charge de prendre en main ce dossier et elle a le champ libre pour organiser ce travail de concertation. Le président Fritch a déjà annoncé un certain nombre de mesures qui vont dans le sens des demandes faites par l’intersyndicale. Il ne reviendra pas sur ce qu’il a déclaré. Il faut déjà aujourd’hui transformer ces annonces en propositions d’amendements. Ce sera le travail de la commission. Mais il est certain que nous devons nous mettre d’accord sur cette réforme pour sauver la Caisse.
Quand l’assemblée sera-t-elle saisie sur la base d’une proposition de texte ?
Le texte doit être présenté en septembre. J’attends de voir comment les travaux évoluent devant la commission de la Santé. Je pense que nous aurons plus de visibilité en juillet, avant la clôture de l’actuelle session plénière.
C’est le gros dossier de cette année ?
Il n’y a pas que celui-là. Nous devons aussi nous pencher sur la réforme du système d’assurance maladie en vue du passage au régime unique. Nous aurons bientôt à examiner les projets de résolutions suite aux assises de l’outre-mer. Ils seront débattus la semaine prochaine. Il faut que l’on soit tous unis derrière ces propositions. Elles ont fait l’objet d’une très large consultation. Tout cela doit conduire à ce que l’Etat précise un peu mieux son partenariat et sa contribution aux côtés de la Polynésie française.
Tout ce travail, c’est une mission de premier ordre pour vous qui allez présider l’institution pendant cinq ans ?
Vous savez, je pense surtout qu’il faut que l’on change notre mentalité vis-à-vis de notre mandat. Nous avons aujourd’hui la chance de travailler avec une majorité forte. Les textes que nous allons voter en faveur de l’économie, du système des retraites… On ne programme pas cela sur la durée d’un mandat. Notre action doit être inscrite dans la durée, de manière à ce que l’on ne fasse pas supporter les erreurs du passé aux générations qui viennent.
Les administrés de Bora Bora doivent-ils redouter que leur maire accède au perchoir ?
C’est ma base. (…) Vous savez, il y a deux catégorie de personnes : celles qui estiment que c’est un honneur que le maire de Bora Bora accède à cette fonction – je pense qu’il s‘agit de la majorité – ; l’autre, est celle qui redoute de me voir moins qu’avant. Je veux juste dire à tout le monde (…) qu’il n’y aura pas de difficulté. Je vais m’entourer de personnes compétentes et faire en sorte que le personnel de l’institution accompagne bien le travail des élus. (…) Vous savez, ma chance aussi c’est que je mets moins de temps pour aller à Bora Bora qu’il n’en faudrait pour aller de Papeete à Taravao.
Quelle sera la méthode Tong Sang à l’assemblée ?
Je veux être ce président qui garantira sa place à tout le monde dans cette maison. Je n’ignore pas que je suis élu sur la liste d’un parti qui est représenté majoritairement à l’assemblée. Nous avons une équipe bien soudée, mais il ne faut pas abuser des positions. Je souhaite qu’il y ait de la sérénité dans les débats, lors des séances et des réunions. Je vise un travail guidé par l’efficacité, l’efficience. J’aime le dialogue. Je ne suis pas du genre à m’enfermer dans mon bureau. Je vais rendre visite à tous les personnels administratifs pour les rencontrer un par un. Je pense que moins il y a de distance, mieux je me porte. Je veux que tout le monde comprenne son rôle pour que cette belle institution fonctionne au mieux.
Mais vous commencez par faire le ménage dans les services et au secrétariat général…
JPas du tout. On m’a simplement signalé qu’il y avait du personnel en situation irrégulière. La moindre des choses, pour une institution dont la fonction est de voter des textes de loi, c’est d’appliquer ses propres lois. Je découvre que l’on ne peut pas mettre un fonctionnaire détaché du Pays sur un emploi fonctionnel de l’assemblée, pour diriger un service. C’est comme ça. Ceux qui ont signé ce contrat devaient le savoir. Et on me dit que ce n’est pas faute de l’avoir signalé. La personne en question pouvait rester. Elle a décidé de partir. Je n’ai pas fait le ménage ; mais simplement rappelé aux uns et aux autres que des situations devaient être mises en conformité avec les textes.
Accepteriez-vous que Gaston Flosse ait un bureau à l’assemblée, comme cela a été le cas sous la précédente mandature ?
Non. Il ne serait pas assuré s’il n’est pas lié avec l’assemblée par un contrat. Et je ne sais pas s’il peut prétendre à un emploi payé par des fonds publics.
Votre prédécesseur a initié un travail de réorganisation des services de l’institution. Le mènerez-vous à terme ?
Marcel Tuihani m’a remis ce dossier lors de la passation de services. Je n’ai pas encore eu le temps de l'examiner sur le fond. Je pense qu’une réforme est nécessaire. On ne peut pas rester dans une organisation obsolète. Mais encore faut-il que les objectifs que l’on s’assigne soient clairs. Il n’est pas question de transformer l’assemblée en contre-pouvoir.
JIl s’agissait d’harmoniser le fonctionnement des services.
Je pense en effet qu’il faut adapter les services de l’assemblée à l’évolution des besoins et des travaux de l’institution. Mais lorsqu’il s’agit de la mission d’évaluation des politiques publiques, j’ai l’impression que l’ancienne présidence a pesé de tout son poids dans sa mise en place. Pour ma part, il n’est pas question de transformer l’assemblée en juge du gouvernement.
Cette commission d’évaluation va-t-elle être mise en sommeil ?
Elle va continuer à vivre. Les moyens sont en place. Mais elle va agir dans un cadre plus confiant.
Votre priorité affichée d’emblée est le vote d’un texte, avant septembre, instaurant la cotisation des élus de l’assemblée à la caisse des retraites de la CPS. N’est-ce pas une action de communication ?
Le sujet a été soulevé. Le régime des retraites a besoin de tout le monde. Ce n’est pas avec les cotisations des élus de l’assemblée que l’on va le sauver. Mais c’est un geste symbolique. Et je pense qu’il n’est pas bon que l’on demande des efforts à tous les salariés sans que l’on n’y participe nous même.
Cela ne pose-t-il pas un problème vis-à-vis de la précarité de la fonction de représentant ?
Avant la mise en place du système par capitalisation, la retraite des élus étaient financée par le budget de l’assemblée, sans aucune règle d’ancienneté : avec un ou deux mandats, les élus avaient droit à une retraite à taux plein. Ce n’était pas très juste, par rapport aux travailleurs salariés. Maintenant, les élus récoltent ce qu’ils ont mis de côté, avec ce système par capitalisation.
Le dossier de la réforme du système des retraites est à nouveau ouvert, et il est ici à l’assemblée. Nous allons faire une proposition d’amendement dans le cadre de ce projet de réforme. Doit-on tout mettre à la CPS, ou garder le système par capitalisation et cotiser en plus au régime des retraites ? La question est encore tranchée.
Justement, le gouvernement attend des propositions d’amendement au projet de loi pour la réforme des retraites. Comment ce travail va-t-il être mis en œuvre à Tarahoi ?
La présidente de la commission de la Santé, Virginie Bruant, a la charge de prendre en main ce dossier et elle a le champ libre pour organiser ce travail de concertation. Le président Fritch a déjà annoncé un certain nombre de mesures qui vont dans le sens des demandes faites par l’intersyndicale. Il ne reviendra pas sur ce qu’il a déclaré. Il faut déjà aujourd’hui transformer ces annonces en propositions d’amendements. Ce sera le travail de la commission. Mais il est certain que nous devons nous mettre d’accord sur cette réforme pour sauver la Caisse.
Quand l’assemblée sera-t-elle saisie sur la base d’une proposition de texte ?
Le texte doit être présenté en septembre. J’attends de voir comment les travaux évoluent devant la commission de la Santé. Je pense que nous aurons plus de visibilité en juillet, avant la clôture de l’actuelle session plénière.
C’est le gros dossier de cette année ?
Il n’y a pas que celui-là. Nous devons aussi nous pencher sur la réforme du système d’assurance maladie en vue du passage au régime unique. Nous aurons bientôt à examiner les projets de résolutions suite aux assises de l’outre-mer. Ils seront débattus la semaine prochaine. Il faut que l’on soit tous unis derrière ces propositions. Elles ont fait l’objet d’une très large consultation. Tout cela doit conduire à ce que l’Etat précise un peu mieux son partenariat et sa contribution aux côtés de la Polynésie française.
Tout ce travail, c’est une mission de premier ordre pour vous qui allez présider l’institution pendant cinq ans ?
Vous savez, je pense surtout qu’il faut que l’on change notre mentalité vis-à-vis de notre mandat. Nous avons aujourd’hui la chance de travailler avec une majorité forte. Les textes que nous allons voter en faveur de l’économie, du système des retraites… On ne programme pas cela sur la durée d’un mandat. Notre action doit être inscrite dans la durée, de manière à ce que l’on ne fasse pas supporter les erreurs du passé aux générations qui viennent.