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Gaston Flosse visé par une enquête pour "incitation à la violence"


PAPEETE, 3 juillet 2018 - Le parquet de Papeete a ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire visant Gaston Flosse à la suite d’une plainte déposée le 2 mai dernier par le Pays, pour incitation à la violence.

L’information a été dévoilée par nos confrères de Radio 1, mardi, après que les enquêteurs de la Direction de la sécurité publique (DSP) aient réquisitionné des enregistrements sonores effectués lors de la conférence de presse donnée par le Tahoera’a Huiraatira le 26 avril dernier, durant l’entre-deux tours des Territoriales.

Ce jour-là, en vue de critiquer l’action du gouvernement Fritch en matière d’emploi et alors que le Tapura Huiraatira était sorti favori du premier tour des élections pour le renouvellement des représentants de l’assemblée, Gaston Flosse n’avait pas hésité à prophétiser de graves troubles de l’ordre public, si le parti d’Edouard Fritch venait à sortir victorieux de ce scrutin.

"Attention, lorsque le Polynésien se fâche, il se fâche vraiment", avait dit le leader du Tahoera’a Huiraatira lors de cette conférence de presse après avoir évoqué les émeutes de septembre 1995. Lors de ces troubles populaires consécutifs à l’annonce d’une ultime série de trois essais nucléaires, après plusieurs années de moratoire, l’aéroport et une partie de la ville de Papeete avaient été incendiés, des agents des forces de l’ordre avaient été blessés. L’information avait été de notoriété internationale, avec de graves conséquences sur la fréquentation touristique. "Vous croyez qu’ils peuvent rester comme ça, sans emploi depuis 10 ans ? Ils vont continuer à supporter ça encore longtemps ?" avait questionné publiquement Gaston Flosse en parlant de milliers de Polynésiens "qui crèvent la faim" : "Vous croyez qu’ils vont supporter ça encore pendant 10 ans à crever la faim ?".

Le 2 mai, une plainte pour incitation à la violence a été déposée par le Pays à l’encontre de Gaston Flosse. Dans le cadre de l’enquête ordonnée à la suite par le parquet de Papeete et confiée fin-mai à la DSP, le vieux lion devrait être entendu prochainement par les enquêteurs sur les intentions qui étaient les siennes lorsqu’il a fait ces déclarations publiques.

A noter aussi que le 2 mai, Edouard Fritch avait également engagé une procédure de citation directe visant Geffry Salmon pour diffamation. Le 26 avril, lors de la même conférence de presse, la tête de liste orange avait publiquement accusé l’exécutif Fritch d’acheter les électeurs au moyen de subventions, et le président de la Polynésie française d’être passé "au-delà du raisonnable" en la matière. Geffry Salmon dénonçait notamment "le versement de subventions à hauteur de 500 millions de francs, 1,4 milliard également d'aides en matériaux, entre les deux tours". La presse avait relayé toutes ces accusations, en citant leur auteur. Cette affaire sera jugée à l’audience du 21 août prochain.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 3 Juillet 2018 à 12:12 | Lu 2918 fois