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Gaston Flosse et sa compagne mis en examen dans l’affaire de la vaisselle


Gaston Flosse et son avocat, Me François Quinquis, jeudi 11 décembre devant le commissariat de police de Papeete
Gaston Flosse et son avocat, Me François Quinquis, jeudi 11 décembre devant le commissariat de police de Papeete
PAPEETE, 11 décembre 2014 – Gaston Flosse et sa compagne, Pascale Haiti, ont été présentés jeudi en fin d’après-midi au juge d’instruction Philippe Stelmach. Ils ont tous deux été mis en examen en début de soirée. Une mesure très restrictive de contrôle judiciaire est également ordonnée. Deux informations judiciaires sont ouvertes, l'une pour l'affaire de la vaisselle l'autre visant Gaston Flosse particulièrement pour l'emploi de salariés de la Présidence à son service, courant septembre.

Dans l'affaire de la vaisselle, Pascale Haiti a été mise en examen jeudi soir pour détournement de biens publics tandis qu'une mise en examen pour le délit de recel de détournement de biens publics a été signifiée à Gaston Flosse. Tous deux sont placés sous contrôle judiciaire de manière très restrictive. Ils ont interdiction de paraître à l'Assemblée de la Polynésie française, à la Présidence et dans tous locaux administratifs de la Polynésie française, sous peine de mise à l'écrou. Ils sont enfin soumis à l'obligation de cautionnement pour garantir le paiement d'amendes et le préjudice de la Polynésie française, s'il y en a un.

Dans cette affaire Pascale Haiti est inquiétée depuis mercredi, dans le cadre d’une enquête préliminaire pour détournement de fonds et de biens publics. Une information judiciaire a été ouverte jeudi soir. La compagne de Gaston Flosse est soupçonnée de s’être servie dans le vaisselier de la Présidence, d'avoir pris des assiettes en porcelaine de Limoges estampillées "Présidence de la Polynésie française", de l’argenterie et des verres en cristal : un service complet de 40 couverts ; près de 400 kg de marchandises. Cette vaisselle auraient été retrouvée et saisie lors de deux perquisitions à l’ancien domicile de Gaston Flosse, lotissement Erima à Arue, et au réfectoire de l’Assemblée, dans un espace privatif réservé à Gaston Flosse. La valeur de ces effets était estimée jeudi, après recoupement sur factures, à plus de 6 millions Fcfp.

Gaston Flosse clame que l'acquisition de cette vaisselle a été financée par les dons de sponsors, peu après son élection à la Présidence du Pays mi-2013. "Une chose est certaine, affirme Me Quinquis : ces assiettes n’ont pas été financées par la collectivité. Une autre chose est certaine, c’est qu’elles sont à la disposition de la collectivité et l’ont toujours été, puisque M. Flosse en a restitué l’essentiel à la Présidence du Pays, puis à la présidence de l’Assemblée. Il y a quelques assiettes qui n’ont pas été encore transférées à l’Assemblée parce que M. Flosse a donné quelques réceptions. Je vous rappelle qu’il n’est plus aux commandes du Pays que depuis deux mois. Il avait, bien sûr, l’intention de les restituer. Y a-t-il véritablement lieu, là, à un procès pénal ?"

"C’est véritablement le règne du roi Ubu", pour l'avocat de Gaston Flosse

Cette vaisselle aurait en effet été acquise pour recevoir en décembre 2013 les dignitaires chinois de l'APCAE, lors de leur séjour à Tahiti. Son achat semble avoir été financé grâce à un don de membres de l'association philanthropique chinoise au Pays (ERRATUM : ce don n'a pas été fait sous l'égide de l'association philanthropique, mais par certains membres en leurs noms). Le fret de toute cette marchandise et son dédouanement ont en revanche été réglés sur les deniers de la Présidence, pour près d'un million Fcfp.

Dans une seconde affaire, l’ancien Président de la Polynésie française est également inquiété depuis plusieurs semaines dans le cadre de ce qui s'est transformé jeudi soir en information judiciaire, concernant les conditions de son hébergement et de son emploi à l’Assemblée de Polynésie française. Il a été mis en examen pour le délit de complicité de détournement de biens publics.

C'est en enquêtant sur ce dossier que la justice a fait la découverte de services d'argenterie, de verres en cristal et de vaisselle en porcelaine estampillé "Présidence de PF" à Erima et à l'Assemblée. Une plainte été déposée par le parquet de Papeete provoquant l'enquête préliminaire qui donne aujourd'hui lieu à "l'affaire de la vaisselle".

Les enquêteurs s’intéressent donc depuis quelques temps, dans cette autre volet de l'affaire, à la situation de Gaston Flosse à l'Assemblée de la Polynésie française, comme l'avait révélé le quotidien La dépêche Tahiti fin novembre. Les limiers de la DSP ont notamment enquêté sur des travaux réalisés courant septembre, par au moins cinq ouvriers de divers corps de métier employés par la Présidence du Pays. Ces travaux ont été réalisés dans les bureaux mis à la disposition de Gaston Flosse par le groupe Tahoera’a à Tarahoi, immédiatement après que l’exécution de sa peine de trois ans d’inéligibilité ait été ordonnée. Dans le cadre de cette seconde enquête, le leader autonomiste est soupçonné d'avoir employé à son service et pour son compte personnel, les moyens humains de la Présidence.

"Pensez-vous que la Polynésie française est divisée en institutions ?, interroge l’avocat de Gaston Flosse. Ne croyez-vous pas que le Pays est une seule et même collectivité publique ? Croyez-vous que – à supposer que ce soit vrai – ces ouvriers lorsqu’ils se sont déplacé pour donner un coup de peinture dans un local de 15 m2, constitue un fait répréhensible pénalement ? La réponse est logée dans la question : bien sûr que non ! De la même manière, venir rechercher les conditions dans lesquelles M. Flosse donne de son temps et de son expérience au bénéfice de l’Assemblée, alors même qu’il clame qu’il travaille de façon bénévole, là encore, c’est véritablement le règne du roi Ubu. Venir reprocher à quelqu’un de travailler pour rien, c’est tout de même fort..."

Le parquet de Papeete indique jeudi soir que Gaston Flosse est en état de récidive légale après six condamnations définitives dont trois pour des faits de détournement (affaire des sushis, affaire de la femme de ménage, affaire des emplois fictifs).

Rédigé par JPV le Jeudi 11 Décembre 2014 à 20:33 | Lu 7070 fois