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Gaston Flosse développe son idée de Pays associé avec la France


Gaston Flosse, le 9 septembre 2014 lors du grand conseil du Tahoera'a Huira'atira
Gaston Flosse, le 9 septembre 2014 lors du grand conseil du Tahoera'a Huira'atira
PAPEETE, 24 mars 2015 - Dans un long courrier de trois pages, Gaston Flosse président du Tahoera'a Huiraatira écrit à la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin pour clarifier sa vision de l'évolution statutaire de la Polynésie française.

Non, "un pays associé n'est pas un pays indépendant", voilà comment le président du Tahoera'a Huiraatira attaque bille en tête son courrier à la ministre des Outre-mer, "je ne suis pas devenu indépendantiste". Et l'ex président du Pays renchérit quelques lignes plus loin "le projet sur lequel nous travaillons n'a rien à voir avec celui d'un Etat associé (…) il ne s'agit pas de sortir de la République, donc d'être indépendant, mais bien au contraire de clarifier, toujours au sein de la nation française, les relations entre l'Etat et la Polynésie française afin que celles-ci sortent du rapport de force qui vient régulièrement les polluer".

Ce travail sur l'évolution du statut d'autonomie de la Polynésie française vers celui de Pays associé avait été légèrement évoqué, par Gaston Flosse, en juin 2014 lors de son allocution pour fêter les 30 ans de l'autonomie. Il le rappelle d'ailleurs dans son courrier à la ministre des Outre-mer, se citant lui-même : "au-delà des indispensables corrections à apporter au statut, nous pourrons certainement aller plus loin dans l'autonomie en fonction de notre capacité à nous prendre en charge. Faut-il parler de lien fédéral, de pays associé". Toutefois cette réflexion sur un glissement réel de statut ne faisait pas partie du programme du parti orange pour les territoriales de 2013 et n'a jamais fait non plus l'objet d'aucune délibération au sein même du Tahoera'a Huiraatira.

Une consultation par référendum

Pourquoi ce besoin de la part de l'ex président orange d'aborder cette question d'un futur nouveau statut de la Polynésie française ? D'abord parce qu'il est l'artisan du premier statut d'autonomie de 1984 qu'il avait réussi "de négocier avec le président de la République François Mitterrand". Ensuite parce que Gaston Flosse estime qu'il faut "être imaginatif". Et il développe : "La relation entre la Polynésie française et la France ne saurait se résumer à choisir entre la départementalisation d'un côté et l'indépendance de l'autre, que la plus grande majorité des Polynésiens refuse (…) Mais, entre ces deux extrêmes, le champ des possibles est vaste".

Le président du parti orange estime aussi que les "cadres institutionnels existants enferment les Régions, et plus particulièrement les collectivités d'Outre-mer, dans un modèle qui n'est plus satisfaisant, et qui représente le plus souvent un frein à leur développement". Et il poursuit son courrier en indiquant que le parti orange mène "une réflexion sur cette question car il s'agit ici de clarifier le rôle de l'Etat et le rôle de la Polynésie française, chacun dans ses compétences propres, sous le sceau de la Constitution et naturellement au sein de la République". Au final, c'est par référendum que la population polynésienne serait consultée.

Un projet "pas d’actualité" pour Edouard Fritch

Sur la question de l’évolution potentielle du statut de la Polynésie française vers celui d’un pays associé, le Président Fritch s’est déjà exprimé à plusieurs reprises en soulignant systématiquement son opposition de principe.

Il a notamment rappelé, le 7 février sur le site Tahiti Today : "La question essentielle est, à mon avis, la suivante : quel statut nous offre le développement économique et social optimal ? Cette question doit être abordée sans prisme idéologique excessif. Pour moi, l’évolution vers un Pays associé n’est pas d’actualité dans cette mandature. Ce n’est pas dans le programme du Tahoeraa et la question n’a jamais été débattue sur le fond par nos instances, même si elle est évoquée de très longue date par le président du mouvement".

Interrogé par le quotidien La Dépêche de Tahiti, le 16 janvier 2015, il avait déclaré : "Je souhaite rappeler que le programme du Tahoera’a, et ce depuis les législatives de 2012, réclame une pause statutaire. J’ai bien entendu Gaston Flosse reparler de son vieux projet de Pays associé. Il en parlait déjà avant 2004. Je ne suis pas sûr que ce soit un sujet de préoccupation pour les Polynésiens, surtout quand on s’est montré incapable d’exercer toutes les compétences qui nous ont déjà été attribuées par le statut. Monsieur Urvoas vient aussi d’ailleurs pour faire le bilan d’application du statut de 2004, voir ce qui marche et ce qui n’a pas marché. Pour moi, le plus important, c’est que notre statut reste un outil au service du développement. En ce sens, nous avons identifié des freins et nous proposerons des modernisations pour que cet outil soit plus performant".

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 24 Mars 2015 à 17:54 | Lu 2187 fois