Herehetue, le vendredi 10 août 2018 – Aux Tuamotu, les communes de Anaa et de Hereheretue rencontrent la même problématique que la plupart des îles éloignées : endiguer l'exode des jeunes. Les tavana tentent de retenir leurs forces vives comme ils le peuvent.
"On ne va pas à Tahiti par plaisir, on le fait parce qu’on est un peu obligé. Ici il n’y a pas de travail" déplore Teanuanua Vahinehau, 24 ans, originaire de Anaa.
Les îles éloignées rencontrent de plus en plus de difficultés pour garder leur jeunesse. Comme à Anaa (500 habitants) et à Hereheretue (56 habitants), les enfants doivent d'abord quitter leurs parents dès l’âge de 11 ans pour poursuivre leur scolarité au collège, puis au lycée. Ceux qui continuent leurs études après le baccalauréat doivent s'expatrier à Tahiti, s'ils ne quittent pas la Polynésie française. Les jeunes qui décident de rentrer chez eux par la suite sont rapidement confrontés au désœuvrement et à l’ennui. "À part faire du coprah et aller à la pêche, il n’y a pas grande chose à faire ici. On s’ennuie un peu" explique Maui, 23 ans. "j’étais au RSMA (Régiment du service militaire adapté, ndlr) mais j’ai démissionné parce que ma copine vit et travaille à Hereheretue. La vie ici est différente : au moins, on ne dépense pas nos sous n’importe comment ", poursuit le jeune homme. Sa compagne Kahaia Tuteirihia, 23 ans, a une formation d'auxiliaire de santé. Elle a longtemps hésité avant démissionner : "après avoir vécu à Papeete, c’est difficile de rentrer sur son île où il n’y a pas d’eau courante, pas d’électricité et pas internet. Je suis revenue par amour pour mon île. Je ne m’imagine pas vivre ailleurs, même si à un moment donné j’ai beaucoup hésité à rester après être revenu. Finalement ici j’ai ma famille, un terrain et un travail et mon tane est revenu. On va construire notre maison et commencer une petite famille", envisage la jeune femme.
"On ne va pas à Tahiti par plaisir, on le fait parce qu’on est un peu obligé. Ici il n’y a pas de travail" déplore Teanuanua Vahinehau, 24 ans, originaire de Anaa.
Les îles éloignées rencontrent de plus en plus de difficultés pour garder leur jeunesse. Comme à Anaa (500 habitants) et à Hereheretue (56 habitants), les enfants doivent d'abord quitter leurs parents dès l’âge de 11 ans pour poursuivre leur scolarité au collège, puis au lycée. Ceux qui continuent leurs études après le baccalauréat doivent s'expatrier à Tahiti, s'ils ne quittent pas la Polynésie française. Les jeunes qui décident de rentrer chez eux par la suite sont rapidement confrontés au désœuvrement et à l’ennui. "À part faire du coprah et aller à la pêche, il n’y a pas grande chose à faire ici. On s’ennuie un peu" explique Maui, 23 ans. "j’étais au RSMA (Régiment du service militaire adapté, ndlr) mais j’ai démissionné parce que ma copine vit et travaille à Hereheretue. La vie ici est différente : au moins, on ne dépense pas nos sous n’importe comment ", poursuit le jeune homme. Sa compagne Kahaia Tuteirihia, 23 ans, a une formation d'auxiliaire de santé. Elle a longtemps hésité avant démissionner : "après avoir vécu à Papeete, c’est difficile de rentrer sur son île où il n’y a pas d’eau courante, pas d’électricité et pas internet. Je suis revenue par amour pour mon île. Je ne m’imagine pas vivre ailleurs, même si à un moment donné j’ai beaucoup hésité à rester après être revenu. Finalement ici j’ai ma famille, un terrain et un travail et mon tane est revenu. On va construire notre maison et commencer une petite famille", envisage la jeune femme.
Des CAE pour les jeunes
"Le problème c’est que chez nous, il n’y a pas de travail. Du coup on est obligé de partir pour gagner des sous et être indépendants pour fonder notre petite famille. Si on pouvait travailler, gagner de l’argent chez nous, c’est là qu’on resterait." Teanuanua est revenue à Anaa il y a trois ans après que le maire Calixte Yip lui ait proposé un travail via un Contrat d’Accès à l’Emploi (CAE). "J’étais à Tahiti à l’école. Le tavana m’a proposé un CAE, alors je suis revenue. Je préfère vivre à Anaa plutôt qu’à Tahiti surtout qu’il y a deux ans j’ai eu un enfant et je veux rester avec mon tane qui vit ici sur place. Ici je ne paie pas de loyer parce que je suis chez moi. En plus, je suis des formations sur l’agriculture, les abeilles. Quand j’aurai fini les formations, je vais monter mon projet pour moi", explique la jeune femme.
D’autant plus que le retour sur l’île est souvent synonyme d’échec. "Si on pouvait choisir, on resterait sur notre île. On revient sur l’atoll quand on n’arrive pas à Tahiti…"
Nariki, 20 ans, était bien à Tahiti. Il a dû revenir à Anaa, il y a un an, pour des raisons familiales. Aujourd’hui, il est président de l’association des jeunes de Anaa. "J’attends un CAE auprès de la mairie. En attendant je fais du coprah. J’ai commencé un fa’a'apu pour nourrir ma famille. Après, si j’ai assez de légumes, j’espère en faire un commerce." Avec l’association, il organise des tournois sportifs sur l’île et tente d’activer la vie de Anaa avec le soutien du tavana Calixte Yip. "Les attentes des jeunes sont simples, ils veulent travailler, faire du ma’a être rémunérés". La commune et le maire de Anaa ont bien compris que l’avenir de l’île se situe dans les mains de la jeunesse. Ainsi, le tavana a obtenu 12 CAE pour donner de l’emploi aux jeunes. Il a également mis en place des formations en partenariat avec le service de l'emploi (Sefi) afin de pousser les jeunes sans travail à se positionner dans un secteur d’activité.
D’autant plus que le retour sur l’île est souvent synonyme d’échec. "Si on pouvait choisir, on resterait sur notre île. On revient sur l’atoll quand on n’arrive pas à Tahiti…"
Nariki, 20 ans, était bien à Tahiti. Il a dû revenir à Anaa, il y a un an, pour des raisons familiales. Aujourd’hui, il est président de l’association des jeunes de Anaa. "J’attends un CAE auprès de la mairie. En attendant je fais du coprah. J’ai commencé un fa’a'apu pour nourrir ma famille. Après, si j’ai assez de légumes, j’espère en faire un commerce." Avec l’association, il organise des tournois sportifs sur l’île et tente d’activer la vie de Anaa avec le soutien du tavana Calixte Yip. "Les attentes des jeunes sont simples, ils veulent travailler, faire du ma’a être rémunérés". La commune et le maire de Anaa ont bien compris que l’avenir de l’île se situe dans les mains de la jeunesse. Ainsi, le tavana a obtenu 12 CAE pour donner de l’emploi aux jeunes. Il a également mis en place des formations en partenariat avec le service de l'emploi (Sefi) afin de pousser les jeunes sans travail à se positionner dans un secteur d’activité.
Relancer l’économie des îles
Pour Hereheretue la situation est plus complexe. En effet, l’atoll n’est accessible que par la mer et n’a pas pour débarcadère qu’un carré de ciment sur le récif. Par ailleurs, sur place, la population n’a pas d’eau courante ni d’électricité. Pour la maire déléguée, l’électrification de l’île, ainsi que la construction d’un débarcadère digne de ce nom, puis à terme internet, devrait permettre d’améliorer considérablement la vie des habitants et ainsi faire revenir une partie de la jeunesse.
Pour Théodore Tuahine, le maire de Hao, "le coprah peut faire vivre les gens, mais on ne va pas se mentir, les jeunes ne reviendront pas pour le coprah. On ne peut pas dire à notre jeunesse de faire des études et puis leur demander de retourner chez eux pour faire du coprah. Ce serait se moquer d’eux." L’édile estime que pour provoquer le retour des forces vives des îles, il faut relancer l’économie des atolls : "Nous devons leur proposer des choses en phase avec le monde moderne. Nous devons leur proposer des choses, mais pas la cocoteraie ou l’artisanat ou la pêche. Ça ne marchera pas. Si nous lançons une centrale électrique par exemple, cela créera de l’emploi. Ça, ça peut les intéresser. Le développement du tourisme peut lancer le développement de nos îles et donc créer de l’emploi et ainsi faire revenir nos jeunes."
Toujours est-il que le constat est le même partout, "sans la jeunesse, nos îles éloignées sont vouées à dépérir", estime le tavana de Hao.
Pour Théodore Tuahine, le maire de Hao, "le coprah peut faire vivre les gens, mais on ne va pas se mentir, les jeunes ne reviendront pas pour le coprah. On ne peut pas dire à notre jeunesse de faire des études et puis leur demander de retourner chez eux pour faire du coprah. Ce serait se moquer d’eux." L’édile estime que pour provoquer le retour des forces vives des îles, il faut relancer l’économie des atolls : "Nous devons leur proposer des choses en phase avec le monde moderne. Nous devons leur proposer des choses, mais pas la cocoteraie ou l’artisanat ou la pêche. Ça ne marchera pas. Si nous lançons une centrale électrique par exemple, cela créera de l’emploi. Ça, ça peut les intéresser. Le développement du tourisme peut lancer le développement de nos îles et donc créer de l’emploi et ainsi faire revenir nos jeunes."
Toujours est-il que le constat est le même partout, "sans la jeunesse, nos îles éloignées sont vouées à dépérir", estime le tavana de Hao.