Tahiti, le 9 mars 2021 - Une série d'articles documentés du site Disclose établit mardi l’ampleur jusqu'à présent sous-estimée des retombées radioactives qui ont frappé la Polynésie durant la campagne d'essais nucléaires aériens entre 1966 et 1974. Ce travail d'investigation révèle aussi l'existence d'une note non publiée communiquée au gouvernement Fritch en février 2020 qui pose un lien direct entre les essais nucléaires et l’importance du nombre de cancers dans la population, notamment aux Gambier. Interview du président Édouard Fritch au sujet de ces révélations.
Une enquête documentée par le site d'investigation Disclose propose une analyse nouvelle des niveaux d’exposition des Polynésiens aux rayonnements dus aux essais nucléaires français. En avez-vous pris connaissance ?
“Non, (…). Je la découvre comme chacun et demande à en connaître un peu plus sur le contenu du livre qui a été écrit (Toxique, PUF, 2021, NDLR) suite à la transmission de ces documents. Cela me paraît intéressant. Mais le phénomène est connu. On savait que le nuage radioactif de l’essai Aldébaran a atteint les îles du Vent et les îles Sous-le-Vent. Nous nous sommes battus pour que les indemnisations de la loi Morin ne soient pas circonscrites aux seuls Tuamotu. Maintenant, je ne connais pas précisément les données publiées. On pourra les commenter après en avoir pris connaissance.”
Une note gardée confidentielle et communiquée à votre gouvernement en février 2020 fait état d’au moins 10 000 Polynésiens exposés à des doses de rayonnement jusqu’à 5 fois supérieures, et d’un “cluster” de cancers thyroïdiens aux Gambier. Pourquoi n’a-t-elle jamais été rendue publique ?
“Parce que c’est une note faite à la demande du Centre médical de suivi (CMS). Je ne me rappelle plus quel médecin l’a réalisée. C’est celui qui assurait la direction du centre. Cette note a été transmise au ministère de la Santé. J’en ai eu copie. Ce n’est pas une note secrète. Elle est partie du Centre médical de suivi. Je ne sais pas si elle a été transmise ailleurs.”
Elle n’a jamais été rendue publique, pourquoi ?
“Eh bien, parce qu’on ne publie pas tous les documents qui me sont transmis dans ce cadre-là. (…) Je ne vais pas communiquer tous les courriers que je reçois.”
La note évoque aussi un “cluster” de cancers thyroïdiens aux Gambier ?
“C’est le résultat d’un travail régulier. Ces signalements sont faits régulièrement. De là à dire que c’est un rapport confidentiel… Vous vous rendez compte de ce que vous mettez dans la tête des gens. Faire le rapport entre l’essai Aldébaran, Centaure et le milisievert… Ce qui est important c’est que les vraies doses auxquelles ont été exposées les Polynésiens nous ont peut-être été cachées, à condition qu’elles aient été connues, bien sûr. C’est ça qu’il faut aller chercher.”
En tant que président, vous incarnez le peuple polynésien. Que demandez-vous face à tant d'incertitudes ?
“Attendez de lire ce livre. Yolande (Vernaudon, la déléguée au suivi des conséquences des essais nucléaires : NDLR) est en train de travailler dessus. Je n’ai pas l’information. Pourquoi voudriez-vous que j’aille me prononcer ? (…)”
Tout cela ne révèle-t-il pas un manque de transparence de la part de l’Etat ?
“Laissez-nous prendre connaissance des éléments. Nous ferons une conférence de presse si cela est nécessaire. Pour l’instant, nous sommes en train de fouiller.”
Le nucléaire est un sujet sensible entre l’État et le Pays. Quel va être la position de la Polynésie ?
“La réalité c’est que nous voulons avoir la vérité sur cette affaire. C’est ce que veulent les associations et les Polynésiens. Nous demandons à ce que les choses soient éclaircies. Nous demandons à avoir communication de tout ce qui intéresse la population polynésienne. Moi, je cours après la vérité. (...) Effectivement, les choses ont du mal à se démêler. Toutes ces analyses qui sont mises à découvert aujourd’hui m’intéressent énormément. J’ai envie de savoir ce qui n’a pas été dit jusqu’à présent. Je ne suis pas dans la difficulté face à ce genre de situation. Je veux que l’on avance sur le chemin de la vérité.”
Êtes-vous d’accord avec la demande du député Brotherson de retirer la notion du millisievert de la loi Morin ?
“C’est une question à laquelle je ne peux pas répondre aujourd’hui. Le millisievert est emprunté au code de la Santé. C’est la dose maximale supportable par le corps humain. S’il faut retirer cette notion de la loi Morin, il faut qu’il y ait un débat préalable autour de cela. J’attends de découvrir ce que cache ce rapport. Il est trop tôt pour se prononcer dessus. Peut-être que du côté de l’État vous aurez plus d’éléments d’information.”
Allez-vous demander plus de transparence à l’État ?
“Attendez que l’on prenne connaissance de ce document. Je n’ai pas plus d’informations pour commenter.”
Pensez-vous que le Pays devrait tenir son registre cancer à jour ?
“Il faudrait demander au ministère de la Santé.
Aimeriez-vous connaître la situation précise ?
“Bien sûr que j’aimerais savoir. J’ai demandé à ce qu’il y ait une prise en charge des médecins qui doivent aller dans les archipels.”
Une enquête documentée par le site d'investigation Disclose propose une analyse nouvelle des niveaux d’exposition des Polynésiens aux rayonnements dus aux essais nucléaires français. En avez-vous pris connaissance ?
“Non, (…). Je la découvre comme chacun et demande à en connaître un peu plus sur le contenu du livre qui a été écrit (Toxique, PUF, 2021, NDLR) suite à la transmission de ces documents. Cela me paraît intéressant. Mais le phénomène est connu. On savait que le nuage radioactif de l’essai Aldébaran a atteint les îles du Vent et les îles Sous-le-Vent. Nous nous sommes battus pour que les indemnisations de la loi Morin ne soient pas circonscrites aux seuls Tuamotu. Maintenant, je ne connais pas précisément les données publiées. On pourra les commenter après en avoir pris connaissance.”
Une note gardée confidentielle et communiquée à votre gouvernement en février 2020 fait état d’au moins 10 000 Polynésiens exposés à des doses de rayonnement jusqu’à 5 fois supérieures, et d’un “cluster” de cancers thyroïdiens aux Gambier. Pourquoi n’a-t-elle jamais été rendue publique ?
“Parce que c’est une note faite à la demande du Centre médical de suivi (CMS). Je ne me rappelle plus quel médecin l’a réalisée. C’est celui qui assurait la direction du centre. Cette note a été transmise au ministère de la Santé. J’en ai eu copie. Ce n’est pas une note secrète. Elle est partie du Centre médical de suivi. Je ne sais pas si elle a été transmise ailleurs.”
Elle n’a jamais été rendue publique, pourquoi ?
“Eh bien, parce qu’on ne publie pas tous les documents qui me sont transmis dans ce cadre-là. (…) Je ne vais pas communiquer tous les courriers que je reçois.”
La note évoque aussi un “cluster” de cancers thyroïdiens aux Gambier ?
“C’est le résultat d’un travail régulier. Ces signalements sont faits régulièrement. De là à dire que c’est un rapport confidentiel… Vous vous rendez compte de ce que vous mettez dans la tête des gens. Faire le rapport entre l’essai Aldébaran, Centaure et le milisievert… Ce qui est important c’est que les vraies doses auxquelles ont été exposées les Polynésiens nous ont peut-être été cachées, à condition qu’elles aient été connues, bien sûr. C’est ça qu’il faut aller chercher.”
En tant que président, vous incarnez le peuple polynésien. Que demandez-vous face à tant d'incertitudes ?
“Attendez de lire ce livre. Yolande (Vernaudon, la déléguée au suivi des conséquences des essais nucléaires : NDLR) est en train de travailler dessus. Je n’ai pas l’information. Pourquoi voudriez-vous que j’aille me prononcer ? (…)”
Tout cela ne révèle-t-il pas un manque de transparence de la part de l’Etat ?
“Laissez-nous prendre connaissance des éléments. Nous ferons une conférence de presse si cela est nécessaire. Pour l’instant, nous sommes en train de fouiller.”
Le nucléaire est un sujet sensible entre l’État et le Pays. Quel va être la position de la Polynésie ?
“La réalité c’est que nous voulons avoir la vérité sur cette affaire. C’est ce que veulent les associations et les Polynésiens. Nous demandons à ce que les choses soient éclaircies. Nous demandons à avoir communication de tout ce qui intéresse la population polynésienne. Moi, je cours après la vérité. (...) Effectivement, les choses ont du mal à se démêler. Toutes ces analyses qui sont mises à découvert aujourd’hui m’intéressent énormément. J’ai envie de savoir ce qui n’a pas été dit jusqu’à présent. Je ne suis pas dans la difficulté face à ce genre de situation. Je veux que l’on avance sur le chemin de la vérité.”
Êtes-vous d’accord avec la demande du député Brotherson de retirer la notion du millisievert de la loi Morin ?
“C’est une question à laquelle je ne peux pas répondre aujourd’hui. Le millisievert est emprunté au code de la Santé. C’est la dose maximale supportable par le corps humain. S’il faut retirer cette notion de la loi Morin, il faut qu’il y ait un débat préalable autour de cela. J’attends de découvrir ce que cache ce rapport. Il est trop tôt pour se prononcer dessus. Peut-être que du côté de l’État vous aurez plus d’éléments d’information.”
Allez-vous demander plus de transparence à l’État ?
“Attendez que l’on prenne connaissance de ce document. Je n’ai pas plus d’informations pour commenter.”
Pensez-vous que le Pays devrait tenir son registre cancer à jour ?
“Il faudrait demander au ministère de la Santé.
Aimeriez-vous connaître la situation précise ?
“Bien sûr que j’aimerais savoir. J’ai demandé à ce qu’il y ait une prise en charge des médecins qui doivent aller dans les archipels.”