Tahiti, le 15 novembre 2023 - Le patron des patrons ne s’est pas réveillé de bonne humeur, ce mercredi matin. Frédéric Dock, le président du Medef, a découvert dans Tahiti Infos les détails de la réforme fiscale à venir avec le budget 2024. Il prévient déjà le gouvernement de la perte de confiance à venir des entreprises et des investisseurs en son gouvernement si rien ne bouge lors du vote du budget.
Vous avez découvert ce mercredi matin les mesures fiscales qui accompagneront le budget 2024. Elles ne semblent pas vous ravir. Les organisations patronales n’ont pas été impliquées dans leur rédaction ?
“Beaucoup de patrons ont été reçus, mais à aucun moment, il nous a été présenté la teneur des mesures. On a l’impression d’avoir été écoutés, mais en réalité, ils prennent des mesures à l’inverse. Attention, pas sur tout, et il y a certainement des choses intéressantes dans le cadre de leur programme politique que je respecte parfaitement. Mais ce que je ne comprends pas, c’est qu’à aucun moment, on n’a demandé aux secteurs concernés, c’est-à-dire les gens qui mettent en œuvre les dispositions économiques et sociales, d’évaluer l’impact de ces mesures. Le but, c’est quoi ? C’est quand même que la machine économique continue à fonctionner. Il y a la construction, l’immobiliser, l’énergie… Le but, c’est que ces nouveaux impôts apportent une forme de rendement. Le pire qu’il puisse arriver, si le gouvernement ne convainc pas les interlocuteurs de la légitimité de sa démarche, c’est que les entreprises posent le stylo… Qu’elles disent ‘c’est terminé, on n’investit plus et on attend que cela se passe’.”
Cette mesure annoncée de réduire les possibilités de défiscalisation sur les projets hôteliers hors Tahiti, Moorea et Bora Bora a surpris beaucoup de monde…
“On vient de lancer en urgence une commission de fiscalité mardi prochain pour analyser ce texte, pour savoir si ce qui est écrit est bien ce qu’ils veulent faire. On en est là. Le vrai problème, c’est que le gouvernement n’a pas demandé aux spécialistes, reconnus, légitimes, en termes de représentation des investisseurs. Si on ne demande pas, d’un côté aux investisseurs, de l’autre aux fiscalistes et aux cabinets qui les accompagnent, la manière dont tout cela va être perçu, le gouvernement a zéro chance d’arriver au résultat. L’objectif, c’est quand même que les investisseurs continuent à investir et que le pays en tire un avantage. Mais tu ne peux pas faire ça en chambre fermée dans ton coin, et aujourd’hui, le ministère de l’Économie et des Finances, c’est ce qu’il fait. Il fait semblant de consulter. Il reçoit un certain nombre de personnes et à la fin, il sort un truc du chapeau qui n’a, à aucun moment, été soumis à la réalité économique. C’est un truc de fou !”
Selon nos informations, de très nombreuses demandes de défiscalisation sont refusées depuis six mois et là, le gouvernement sort un texte pour baisser les crédits d’impôts aux investisseurs. Le gouvernement l’a-t-il fait à l’envers aux investisseurs du pays, comme on le dit vulgairement ?
“Nous avons les mêmes échos. Nous n’avons pas encore étudié en profondeur ces demandes de défiscalisation, mais nous avons compris, nous aussi, que nombreux étaient les projets dont la demande de défisc’ a été refusée. Les capacités fiscales que le Pays a prévues, c’est-à-dire la part de non-alimentation de son budget, sont-elles toujours les mêmes qu’avant ? Est-ce une manière de répartir les choses différemment parce qu’il y a beaucoup de projets et qu’ils doivent faire l’objet d’un tri ? Je ne sais pas. Mais oui, le sentiment est celui que vous décrivez. Les refus ou réductions d’agréments, complétés par une loi fiscale qui n’a pas été discutée, sont potentiellement une catastrophe économique. Cette réforme fiscale n’est pas passée à l’assemblée de la Polynésie française et il n’est pas trop tard pour mieux faire.”
De la même façon, la remise en place de taxes à l’importation et à la mise en circulation des véhicules électriques de plus de 4CV est surprenante…
“Alors là… ils nous ont sorti là encore quelque chose dont l’impact sur les sociétés n’a pas été évalué. On est dans un pays qui a pour objectif la transition énergétique en 2030. Ils sont en contradiction complète. Il n’y a aucune cohérence dans la méthode. Je ne rejette pas l’ensemble des mesures, nous allons les étudier mardi prochain, mais elles semblent accompagnées par un espoir de rentes qui pourraient être nulles si les entrepreneurs posent le stylo.”
C’est du pifomètre ?
“On n’ira pas jusque-là. Mais ce que le gouvernement a annoncé, il ne le fait pas. Le gouvernement nous dit être à l’écoute, qu’il croit au développement économique, qu’il lit le Livre blanc du Medef, etc. Et ce n’est pas ce qu’il fait. Cela me pose un véritable problème.”
Propos recueillis par Bertrand Prévost
Vous avez découvert ce mercredi matin les mesures fiscales qui accompagneront le budget 2024. Elles ne semblent pas vous ravir. Les organisations patronales n’ont pas été impliquées dans leur rédaction ?
“Beaucoup de patrons ont été reçus, mais à aucun moment, il nous a été présenté la teneur des mesures. On a l’impression d’avoir été écoutés, mais en réalité, ils prennent des mesures à l’inverse. Attention, pas sur tout, et il y a certainement des choses intéressantes dans le cadre de leur programme politique que je respecte parfaitement. Mais ce que je ne comprends pas, c’est qu’à aucun moment, on n’a demandé aux secteurs concernés, c’est-à-dire les gens qui mettent en œuvre les dispositions économiques et sociales, d’évaluer l’impact de ces mesures. Le but, c’est quoi ? C’est quand même que la machine économique continue à fonctionner. Il y a la construction, l’immobiliser, l’énergie… Le but, c’est que ces nouveaux impôts apportent une forme de rendement. Le pire qu’il puisse arriver, si le gouvernement ne convainc pas les interlocuteurs de la légitimité de sa démarche, c’est que les entreprises posent le stylo… Qu’elles disent ‘c’est terminé, on n’investit plus et on attend que cela se passe’.”
Cette mesure annoncée de réduire les possibilités de défiscalisation sur les projets hôteliers hors Tahiti, Moorea et Bora Bora a surpris beaucoup de monde…
“On vient de lancer en urgence une commission de fiscalité mardi prochain pour analyser ce texte, pour savoir si ce qui est écrit est bien ce qu’ils veulent faire. On en est là. Le vrai problème, c’est que le gouvernement n’a pas demandé aux spécialistes, reconnus, légitimes, en termes de représentation des investisseurs. Si on ne demande pas, d’un côté aux investisseurs, de l’autre aux fiscalistes et aux cabinets qui les accompagnent, la manière dont tout cela va être perçu, le gouvernement a zéro chance d’arriver au résultat. L’objectif, c’est quand même que les investisseurs continuent à investir et que le pays en tire un avantage. Mais tu ne peux pas faire ça en chambre fermée dans ton coin, et aujourd’hui, le ministère de l’Économie et des Finances, c’est ce qu’il fait. Il fait semblant de consulter. Il reçoit un certain nombre de personnes et à la fin, il sort un truc du chapeau qui n’a, à aucun moment, été soumis à la réalité économique. C’est un truc de fou !”
Selon nos informations, de très nombreuses demandes de défiscalisation sont refusées depuis six mois et là, le gouvernement sort un texte pour baisser les crédits d’impôts aux investisseurs. Le gouvernement l’a-t-il fait à l’envers aux investisseurs du pays, comme on le dit vulgairement ?
“Nous avons les mêmes échos. Nous n’avons pas encore étudié en profondeur ces demandes de défiscalisation, mais nous avons compris, nous aussi, que nombreux étaient les projets dont la demande de défisc’ a été refusée. Les capacités fiscales que le Pays a prévues, c’est-à-dire la part de non-alimentation de son budget, sont-elles toujours les mêmes qu’avant ? Est-ce une manière de répartir les choses différemment parce qu’il y a beaucoup de projets et qu’ils doivent faire l’objet d’un tri ? Je ne sais pas. Mais oui, le sentiment est celui que vous décrivez. Les refus ou réductions d’agréments, complétés par une loi fiscale qui n’a pas été discutée, sont potentiellement une catastrophe économique. Cette réforme fiscale n’est pas passée à l’assemblée de la Polynésie française et il n’est pas trop tard pour mieux faire.”
De la même façon, la remise en place de taxes à l’importation et à la mise en circulation des véhicules électriques de plus de 4CV est surprenante…
“Alors là… ils nous ont sorti là encore quelque chose dont l’impact sur les sociétés n’a pas été évalué. On est dans un pays qui a pour objectif la transition énergétique en 2030. Ils sont en contradiction complète. Il n’y a aucune cohérence dans la méthode. Je ne rejette pas l’ensemble des mesures, nous allons les étudier mardi prochain, mais elles semblent accompagnées par un espoir de rentes qui pourraient être nulles si les entrepreneurs posent le stylo.”
C’est du pifomètre ?
“On n’ira pas jusque-là. Mais ce que le gouvernement a annoncé, il ne le fait pas. Le gouvernement nous dit être à l’écoute, qu’il croit au développement économique, qu’il lit le Livre blanc du Medef, etc. Et ce n’est pas ce qu’il fait. Cela me pose un véritable problème.”
Propos recueillis par Bertrand Prévost