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Forum de l'OPH : un carrefour d'idées


“Ce n'est pas seulement une plateforme de discussion, c'est un carrefour d'idées pour une Polynésie durable et résiliente”, a déclaré le directeur de l'Office polynésien de l’habitat (OPH), Moana Blanchard, en préambule du forum organisé jeudi et vendredi par l’OPH à la présidence.
“Ce n'est pas seulement une plateforme de discussion, c'est un carrefour d'idées pour une Polynésie durable et résiliente”, a déclaré le directeur de l'Office polynésien de l’habitat (OPH), Moana Blanchard, en préambule du forum organisé jeudi et vendredi par l’OPH à la présidence.
Tahiti, le 28 juillet 2023 - Après le séminaire économique pour faire germer des idées, la présidence accueille jeudi, dans le même état d'esprit, le tout premier forum ouvert organisé par l'Office polynésien de l'habitat. Politiques, chefs de service, acteurs du privé et du public étaient conviés à échanger pour apporter leur pierre à l'édifice d'une politique du logement tournée vers le développement durable.
 
“Ce n'est pas seulement une plateforme de discussion, c'est un carrefour d'idées pour une Polynésie durable et résiliente”, a déclaré le directeur de l'Office polynésien de l’habitat (OPH), Moana Blanchard, en préambule du forum organisé jeudi et vendredi par l’établissement public à la présidence. Un rendez-vous censé marquer “une étape significative” dans le développement “durable, ou plutôt soutenable” du secteur du logement social. Car aujourd'hui, nous sommes confrontés à de grands enjeux environnementaux et “la gestion de nos ressources naturelles doit être repensé”.

Ce jeudi avec différents représentants du tissu institutionnel, privé, public et associatif, et vendredi, uniquement avec les agents de l'OPH, il s'agit de développer des solutions pratiques et adaptées aux réalités et aux besoins des Polynésiens autour de trois axes : la construction durable ; l'autonomie alimentaire et énergétique ; et enfin, le mieux vivre ensemble. “Ça peut passer par la nature des matériaux qu'on utilise, par la manière d'agencer un lotissement avec la mise en place de jardins partagés, de maisons de quartier, d'espaces sportifs, les panneaux solaires”, détaille Moana Blanchard.

Une feuille de route sur cinq ans

La ministre en charge du Logement, Chantal Minarii Galenon, a ainsi tenu à associer à ces travaux ses homologues à la Fonction publique et l'emploi (Vannina Crolas) et à l'agriculture (Taivini Teai), insistant sur une approche interministérielle afin de “construire une société qui nous ressemble et qui nous rassemble”. Les propositions qui émaneront des ateliers de cette journée feront l'objet d'un compte-rendu et constitueront la feuille de route pour les cinq prochaines années en matière de logement.

Pour Vannina Crolas, l'implication des tāvanas – absents de ce forum pour la très grande majorité – est essentielle car elle veut passer par les communes pour “déployer le service public au plus près des familles”. Sa priorité est de “rétablir” leur “dignité” en ayant accès à un logement, un emploi, et de quoi avoir à manger sur la table. Rien de bien révolutionnaire sur le fond puisque c'était aussi le mantra de l'équipe précédente. C'est davantage sur la forme que le gouvernement veut se démarquer et coller à son programme de campagne en plaçant l'écologie au cœur de sa politique du logement.

Être “visionnaire et concret”

Nicolas Imbert, le directeur de Green Cross France & Territoires, une ONG environnementale, était présent pour l'occasion et a encouragé l'auditoire à donner “un sens collectif” à cette notion de développement durable, soutenable ou inclusif. Pour lui, peu importe la sémantique, l'idée est d'être “visionnaire et concret” en structurant les différentes idées qui émergeront de ce forum.
Et des idées, il y en a. À l'instar de ce que propose Bernard Pellemans, directeur général de la société Rotopol qui travaille beaucoup avec l'Office, notamment au niveau des assainissements et de la récupération des eaux pluviales pour les fare OPH. “Il s'agit pour nous de modifier les systèmes d'assainissement et les rendre plus performants. On travaille avec des partenaires Canadiens qui ont justement mis au point ces systèmes, ce qu'on appelle un lit bactérien [Épuration des eaux par lit bactérien est une méthode d'épuration biologique par cultures fixées, NDLR]”.

La bourre de coco, graal environnemental

Un système qui permet une filtration des eaux usées à partir de fragments de bourre de coco et que Bernard Pellemans a déjà expérimenté en Nouvelle-Calédonie. Aujourd'hui, il souhaite le développer en Polynésie pour améliorer les systèmes d'assainissement des fare OPH. Il faut dire qu'on ne manque pas de cocotiers. Encore faut-il en exploiter le potentiel et ne pas se suffire du coprah. Car la noix de coco est entièrement exploitable. Elle ne génère aucun déchet, et elle fait partie des matières renouvelables pour faire fonctionner une installation d'assainissement autonome et écologique. Un véritable atout, notamment pour les archipels. 

Moana Blanchard : “On est un peu un amortisseur social”
 
Après six années passées à la tête de l'OPH, Moana Blanchard quittera ses fonctions à la fin de ce mois, et il ne sait pas encore qui lui succèdera. L'occasion pour Tahiti Infos de faire le point avec lui sur le bilan qu'il tire, et sur le message qu'il aimerait transmettre à celui ou celle qui reprendra le flambeau. “Avant tout, je peux dire que j'ai bénéficié d'une stabilité politique. C'est important car c'est grâce à ça que l'on peut se projeter dans l'avenir”, a-t-il tenu à souligner, expliquant avoir fait “ce qu'il fallait” pour développer un taux d'activité à l'OPH meilleur que ce qu'il a pu être avant son arrivée en 2017.

Mais sur l'objectif fixé par le précédent gouvernement de 300 logements en habitat groupé livrés par an, le compte n'est pas bon. “Nous approchons les 100”, a-t-il confié, soulignant que les fonds nécessaires sont importants et qu'il faut peut-être trouver d'autres leviers de financement que les seules subventions du Pays. Sur l'habitat individuel en revanche, les objectifs ont été atteints avec “une livraison annuelle de 500 fare”. Un “bilan satisfaisant” donc, même s'il concède que “beaucoup d'axes de progrès restent à faire”, et notamment sur le taux d'impayés qui se monte à 27% et qui restent un gros caillou dans la chaussure de l'OPH. Mais pour Moana Blanchard, “ça obéit à une logique locale. On est un peu un amortisseur social”.  

Rédigé par Stéphanie Delorme le Jeudi 27 Juillet 2023 à 16:53 | Lu 1780 fois