Tahiti Infos

Forte mobilisation des fonctionnaires d’État en Polynésie


Ils étaient plus de 1 700 à avoir marché du stade Willy Bambridge au Haut-commissariat hier matin, selon la police.
Ils étaient plus de 1 700 à avoir marché du stade Willy Bambridge au Haut-commissariat hier matin, selon la police.
PAPEETE, le 10/10/2017 - Ils étaient plus de 1 700 à avoir marché du stade Willy Bambridge au Haut-commissariat hier matin, selon la police. Tous ont répondu à l'appel lancé par leurs confrères métropolitains. Quatre points étaient mis en avant, dont la suppression de 120 000 postes dans la fonction publique.

Tee-shirts, baskets, drapeaux, l'appel des organisations syndicales de la Fonction publique de l’État a bien été entendu ce lundi.

Plus de 1 700 grévistes, selon la police, ont participé à la marche pacifique qui a été mise en place par les syndicats. Le cortège a quitté le stade Willy Bambridge à 9 heures pour se rendre à l'avenue Pouvanaa a Oopa. Une marche qui s'est déroulée dans le calme et qui a nécessité un nombre important de policiers pour encadrer la manifestation. "Il y a le risque qu'un automobiliste perde patience et fonce dans la foule. Donc, il faut qu'on assure la sécurité des manifestants. Et puis, il y a aussi la possibilité des troubles faits ou des contre manifestants qui peuvent venir causer des troubles", explique le commandant Tamatea Tuheiava, chef de l'unité de sécurité et de proximité à la DSP.

Fort heureusement, tout s'est bien passé. Deux voies (dans le sens Faa'a-Papeete) ont été fermées à la circulation pour permettre aux grévistes de manifester convenablement.

Cette manifestation pacifique a été mise en place pour répondre à l'appel lancé par les syndicats métropolitains pour contrer les réformes du gouvernement Macron. "Il y a quatre points qui nous paraissent importants : le gel du point indiciaire, la journée de carence, la suppression des 120 000 postes dans la fonction publique et l'inquiétude que l'on a au niveau de la Polynésie française. Puisque depuis plusieurs années, on nous supprime des postes d'année en année quel que soit le secteur. Et là, on dit stop", rappelle Diana Yieng Kow, secrétaire générale de la fédération syndicale UNSA Education.

Et pour ce mouvement de grève, plusieurs autres syndicats étaient de la partie. On retrouve notamment la Fédération syndicale unitaire (FSU) qui réunit en son sein cinq organisations syndicales d'enseignants. Et il y avait aussi les syndicats qui ont rallié avec le SNETAA-FO Polynésie. Selon les syndicalistes, les grévistes étaient également mobilisés dans les archipels et à la Presqu'île.

De son côté, la Direction générale de l’Éducation et des Enseignements a fait un point sur le personnel en grève dans les établissements scolaires du fenua. La DGEE note, par exemple, un fort taux d'absentéisme chez les enseignants du 1er degré soit 64,81 % (voir les détails dans le tableau ci-dessous).

SYNDICATS PAS SI UNIS QUE CA

Après la marche pacifique, place à la rencontre avec le secrétaire général du Haut-commissariat, Marc Tschiggfrey, et là, les frictions entre les syndicalistes se sont fait sentir. Les fédérations ont été reçues individuellement dans le bureau du secrétaire général.

"On a marché ensemble et j'ai appris ce matin qu'il y aura des audiences séparées. Je pense que ces syndicats ont des revendications locales, et qui ne sont pas celles de l'appel national", lance Diana Yieng Kow. "En tout cas, dans notre groupe, il n'était pas question de rajouter des spécificités locales puisque c'est un appel à la grève nationale et on devait rester sur ces quatre points de revendications. C'est une démonstration de notre faiblesse, mais nous ne voulons pas entrer dans la polémique", rajoute Temarama Varney, du syndicat UNSA.

Une déception qui a également été ressentie du côté de la FSU : "Il y a certains qui voudraient diriger les autres. C'est un peu regrettable de voir cet aspect-là. Si on se met en intersyndicale, il faut qu'on soit soudé et qu'on travaille ensemble puisqu'on défend les mêmes points", regrette Jean-Luc Chagnes, secrétaire territorial du Syndicat national unitaire de l'enseignement professionnel (SNUEP).

Chacun est allé défendre son pain auprès du secrétaire général du Haut-commissariat, et tous sont satisfaits de cet échange. Et si Marc Tschiggfrey n'a pas de pouvoir de décision, il a promis de faire parvenir à Paris les doléances de ces organisations syndicales.

Si ce mouvement de grève n'a duré qu'une journée, les syndicalistes ont assuré surveiller de près la suite de cette affaire. "Nous reviendrons à la charge aussi souvent que nécessaire", prévient Diana Yieng Kow.

Aucune idée sur le prochain mouvement de grève des fonctionnaires d'Etat en Polynésie. Par contre, en métropole, la Confédération générale du travail (CGT) appelle à la grève le 19 octobre prochain. Est-ce que ce mouvement sera suivi en Polynésie ? On le saura la semaine prochaine.


Infos de la Direction générale de l’Éducation et des enseignements

Statistiques relatives au mouvement de grève national, sur la base des personnels fonctionnaires d’État attendus à 14 heures dans les écoles et établissements scolaires de Polynésie française, telles qu’établies par la DGEE (Direction générale de l’Éducation et des enseignements) :

-Personnels enseignants grévistes du 1er degré sur les personnels enseignants attendus à 14h : 74,45% (23 écoles fermées)

-Personnels enseignants grévistes du 2nd degré sur les personnels enseignants attendus à 14h : 24,21%

-Personnels non enseignants grévistes du 2nd degré sur les personnels non enseignants attendus à 14h : 49,21%

-Tous les personnels du 2nd degré sur tous les personnels attendus à 14h : 33,58%



Isabelle
Secrétaire générale Sup Recherche UNSA

"C'est pour l'essence même de notre travail que nous sommes là"


"On forme tous les jeunes Polynésiens qui aspirent à rentrer dans la fonction publique, en particulier à l'Université pour la formation des professeurs des écoles et du secondaire, et éventuellement la relève pour l'Université. Et le premier motif qui nous met sur la route aujourd'hui, c'est la restriction possible du nombre de recrutement. Ça nous semble capital qu'il y ait encore des humains pour former la jeunesse, l'encadrer et lui promettre un avenir. On ne comprend pas forcément la position du gouvernement Macron pour la suppression des postes. S'il y a un gros effort à faire pour la compétitivité nationale, il faut d'abord des gens formés. On sait que c'est l'école et les diplômes qui permettent une insertion dans la vie professionnelle. Et ça, il faut pouvoir le faire pour la quasi-totalité des enfants qui sont scolarisés et qui peuvent espérer que l'Education publique leur fournisse les moyens. Chacun doit avoir sa chance. Il y a plus d'une trentaine d'années, on a décidé de mettre l'enfant au cœur du système éducatif. Donc, il faut qu'il y ait les moyens pour encadrer ces enfants. Et c'est avec des gens formés, qui passent des concours et qui s'investissent beaucoup au quotidien, malgré tous les clichés qui peuvent être associés au statut de fonctionnaire, il y a beaucoup de gens qui véritablement, ont le métier chevillé au corps, et c'est bien ce qu'on essaye de défendre aujourd'hui. Ce n'est pas simplement une revendication catégorielle pour nos intérêts, notre confort professionnel ou la fin de notre carrière, c'est pour l'essence même de notre travail que nous sommes là aujourd'hui."



Diana Yieng Kow
Secrétaire générale de la Fédération syndicale UNSA Education

"Nous attendons les résultats de la métropole"


"Le secrétaire général du Haut-commissariat a pris note, puisqu'il n'a pas de pouvoir décisionnel. Mais il s'engage de transmettre à Paris, et il a bien remarqué la grande mobilisation des fonctionnaires d'Etat, ce matin. Nous sommes un syndicat positif, de toute façon nous lui faisons confiance. Il faut espérer que notre mobilisation soit porteuse. Maintenant, nous attendons les résultats de la métropole.

Notre préoccupation est l'application en Polynésie française dans tous les secteurs. Nous souhaitons que le gouvernement Macron voie la mobilisation et que les fonctionnaires d'Etat en Polynésie restent très attentifs à toutes les déclarations négatives sur la fonction publique.
"

Temarama Varney
Syndicat UNSA Education

"Il y avait des guerres de pouvoir"


"Nous avons appris très tôt ce matin qu'il y aura trois audiences, ce qui ne nous satisfait pas puisque nous avons marché ensemble. Dans la marche, il y avait des guerres de pouvoir et ça s'est passé de manière conviviale. Mais l'essentiel que nous allons retenir c'est que la mobilisation était forte."


Jean-Luc Chagnes
Secrétaire territorial du SNUEP (syndicat national unitaire de l'enseignement professionnel) affilié à la FSU

"Ce qui est récurrent, c'est le manque de moyens matériels et financiers"


"Nous avons parlé des quatre points défendus par nos confrères métropolitains, mais nous avons soumis aussi des revendications sur le plan local. Et ce qui est récurrent, c'est le manque de moyens matériels et financiers. Les effectifs des élèves ont augmenté mais le matériel ne suit pas.
Le parc informatique aussi est obsolète, il faudrait renouveler tout ça. Il y a aussi l'ISSPRO (l'indemnité de sujétion spéciale à la voie professionnelle) qui est allouée aux enseignants qui font six heures de service hebdomadaire dans les classes de 1ère et de Terminale de la voie professionnelle, mais aussi les CAP (certificat d'aptitude professionnelle). Cette indemnité remplace la prime CCF (contrôle en cours de formation). Elle est applicable en France, mais pas en Polynésie. Donc, nous demandons à ce que ce soit mis en application sur le territoire.
J'ai demandé aussi le recrutement d'une ou deux techniciens informatique pour se charger de la maintenance, de la réparation, du réseau et de l'entretien.
"



le Mardi 10 Octobre 2017 à 16:18 | Lu 2874 fois