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Formation des métiers de la mer : Le CMMPF veut “monter en compétence”


450 élèves ont étudié au CMMPF depuis son inauguration en février dernier. Crédit photo : Thibault Segalard.
450 élèves ont étudié au CMMPF depuis son inauguration en février dernier. Crédit photo : Thibault Segalard.
Tahiti, le 13 février 2025 - À l'occasion de ses journées portes ouvertes, le Centre des métiers de la mer de Polynésie française (CMMPF) célèbre sa première année d’activité avec un bilan prometteur : 450 élèves formés et une ambition affichée d’élever le niveau des formations pour répondre aux besoins criants du secteur maritime.
 
Depuis son inauguration il y a un an, le Centre des métiers de la mer de Polynésie française (CMMPF) a formé 450 élèves, qu'il s'agisse de nouveaux entrants dans le secteur maritime ou de marins contraints de recycler leur certification. Ce jeudi, l’établissement ouvrait ses portes au public pour trois jours afin de présenter ses cursus en pêche, transport maritime, aquaculture et perliculture.
 
À l’occasion de cette première journée, Heifara Trafton, directeur du CMMPF, a confié à Tahiti Infos son ambition de “monter en compétence” d’ici deux à trois ans. Un défi majeur dans un secteur en tension où les besoins en main-d’œuvre qualifiée sont criants. “Nous manquons notamment d’officiers, de capitaines 3000, de frigoristes et de mécaniciens. La demande est forte”, constate-t-il.
 
Des formations pour répondre aux besoins
 
Ces dernières années, le CMMPF formait essentiellement des matelots et des capitaines 200 et 500. “L’an dernier, nous avons reçu 200 candidatures pour 80 places en formation de matelot de pont. Nous avons dû refuser des candidats faute de places”, regrette le directeur. Afin d’élargir l’offre, le centre ambitionne de relancer à moyen terme des formations d’officiers. Toutefois, la rareté des candidats potentiels impose un rythme espacé : “Environ 3 à 4 % des matelots peuvent évoluer vers le niveau capitaine 3000. C’est le principe de la pyramide : beaucoup de matelots, moins de capitaines, et encore moins de capitaines de haut niveau.”
 

Lors de la première journée des portes ouvertes du CMMPF, ce jeudi, le haut-commissaire Eric Spitz et le ministre des ressources marines, Taivini Teai, ont visité le centre. Crédit photo : Thibault Segalard.
Lors de la première journée des portes ouvertes du CMMPF, ce jeudi, le haut-commissaire Eric Spitz et le ministre des ressources marines, Taivini Teai, ont visité le centre. Crédit photo : Thibault Segalard.
L’urgence est d’autant plus palpable que plusieurs nouveaux navires entreront prochainement en service : le Dory 2 (France Degage) pour les Tuamotu Ouest, l’Aranoa (Philippe Wong) pour renforcer la desserte des Australes ou encore le Na Hiro e Pae (SNA Tuhae Pae) pour les Marquises. “La demande augmente, mais nos capacités d’accueil restent limitées. Dans nos meilleures années, nous formons entre 700 et 800 élèves, mais nous ne pourrions pas en prendre davantage. Il faut aussi que l'on garde la qualité de notre enseignement et de nos formations. Nos ateliers ne peuvent accueillir que huit élèves à la fois, et nos salles de classe sont limitées à seize étudiants”, précise Heifara Trafton.
 
Un vivier de formateurs bien garni
 
Parmi les points positifs de ce premier bilan annuel, la question des formateurs ne se pose plus. En effet, c'était l'une des inquiétudes du directeur du CMMPF l'an passé. “Au contraire, nous recevons beaucoup de candidatures, alors que les centres de formations métropolitains peinent à recruter. Nous avons dû refuser plusieurs candidats, ce qui nous permet aussi de sélectionner les meilleurs profils et de très bons formateurs, mais aussi que tous les postes soient pourvus”, se réjouit le directeur. Certains formateurs, par nature, retournent rapidement en mer, mais le CMMPF bénéficie donc d'un vivier de remplaçants. “C'est le jeu des capitaines, ils souhaitent revenir vers la mer parfois.
 

Heifara Trafton, le directeur du CMMPF. Crédit photo : Thibault Segalard.
Heifara Trafton, le directeur du CMMPF. Crédit photo : Thibault Segalard.
Le CMMPF attire donc les formateurs, une position qui était loin d'être dans les plans initiaux. “Cet engouement s’explique en partie par l’ajout de nouvelles compétences à notre offre, notamment en perliculture et en aquaculture, mais aussi par notre visibilité accrue. Être situé à proximité d’une route fréquentée suscite l’intérêt et attire du monde.”
 
24 marins formés dans l'Hexagone
 
Cependant, lorsque certaines formations ne sont pas dispensées localement, les marins doivent se tourner vers des centres en métropole, des voyages coûteux et difficiles à mettre en place pour beaucoup de marins polynésiens. Face à cet obstacle, la Direction des services maritimes de l’État et du Pays et la Direction polynésienne des affaires maritimes (DPAM) ont mis en place un dispositif permettant d’envoyer gratuitement des marins se former en France. En 2024, 24 professionnels ont ainsi été envoyés au Havre, à Nantes et à Marseille, sans aucuns frais pour eux. “Tout est pris en charge : le logement, l’accompagnement familial... Ils sont libérés de toutes les contraintes logistiques et matérielles. Ils n’ont plus qu’à étudier”, explique Catherine Rocheteau, directrice de la DPAM.
 
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Fonds d’intervention maritime (FIM), mis en place par l’État et le ministère chargé de la Mer pour soutenir le développement des activités maritimes durables. “L’an dernier, en plus de ces formations, quatre projets ont été retenus, dont un pour la coopérative aquacole de Taravao et un autre pour l’achat d’équipements destinés à la formation des Polynésiens au certificat hyperbare, indispensable pour les travaux en eau profonde. La rénovation du phare de Mahina fait également partie des projets financés”, détaille Marie Faucher, directrice des services maritimes de l’État. Depuis son lancement en 2020, le FIM a alloué 98 millions de francs par an aux territoires ultramarins.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Jeudi 13 Février 2025 à 17:12 | Lu 1495 fois