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Fonction publique: Guerini lance le chantier des salaires par une hausse générale de 3,5%


Ludovic MARIN / AFP
Ludovic MARIN / AFP
Paris, France | AFP | mardi 28/06/2022 - Augmentation générale de 3,5% et "plus aucun agent" payé au Smic : le ministre de la Fonction publique a ouvert mardi le vaste chantier des rémunérations des agents publics par des mesures choc, accueillies avec circonspection par les syndicats alors que l'inflation flambe.

Plus de trois mois après l'annonce par Amélie de Montchalin d'une augmentation générale, son successeur Stanislas Guerini a mis fin mardi à une longue attente en chiffrant enfin l'ampleur du dégel du point d'indice, la base de rémunération commune aux 5,7 millions d'agents publics.

Avec cette revalorisation de 3,5%, le ministère assure procéder à la plus forte hausse en pourcentage depuis 37 ans. 

Le coup de pouce s'ajoute à l'augmentation "naturelle" du traitement des agents publics, chiffrée à 1,5% en moyenne, a insisté le ministère.

Hormis une augmentation générale en deux temps concédée à la fin du quinquennat Hollande, le précédent dégel du point d'indice remontait à juillet 2010.

Grâce à l'augmentation de 3,5%, "plus aucun agent" ne sera payé au Smic au 1er juillet, garantit le ministère, qui rappelle que près de 700.000 agents se trouvent actuellement dans cette situation de précarité, alors que l'inflation a atteint 5,2% sur un an en mai selon l'Insee.

Accueil mitigé 

Stanislas Guerini a également annoncé quatre mesures additionnelles de soutien au pouvoir d'achat. La Gipa, une indemnité qui vise à combler l'écart entre l'évolution du salaire et celle de l'inflation, sera ainsi reconduite en 2022, et l'accès au forfait mobilité durable élargi.

Le ministère prévoit enfin de revaloriser de près de 7% la participation de l'État au prix des repas servis aux agents en activité, et s'engage à donner un coup de pouce salarial aux agents de catégorie B en début de carrière.

Ces quatre mesures additionnelles devraient coûter quelque 170 millions d'euros, a indiqué Stanislas Guerini lors d'une conférence de presse mardi midi.

La salve de mesures dégainée par le gouvernement a reçu un accueil mitigé des syndicats, réunis mardi matin au ministère par Stanislas Guerini, et qui demandaient pour certains des revalorisations supérieures à 10 voire 20%.

La hausse de 3,5% "ne permet pas de stabiliser le pouvoir d'achat de millions d'agents" publics, a regretté la CGT, première organisation syndicale de la fonction publique.

L'Unsa-FP (4e syndicat) a elle aussi regretté une augmentation "insuffisante" et appelé à une "clause de revoyure" avec le ministre, pour réévaluer les traitements en fonction de l'évolution de l'inflation. 

"Je n'ai pas indiqué de clause de revoyure automatique, mais on aura beaucoup d'occasions de se revoir avec les organisations syndicales", a répondu le ministre.

"Une hausse de la valeur du point d'indice de 3,5% est inédite", a pour sa part réagi la CFDT Fonctions publiques (2e), saluant un "premier pas non négligeable.

"Mais le contexte d'inflation est tout aussi inédit", a d'emblée tempéré sa secrétaire générale Mylène Jacquot.

"Une revalorisation inférieure à l'inflation ! Les fonctionnaires aussi continueront à voir leur pouvoir d'achat baisser", a regretté sur Twitter le député de la France insoumise Adrien Quatennens.

Coup d'envoi 

L'effort budgétaire consenti par l'État, les hôpitaux et les collectivités pour le dégel du point d'indice n'en reste pas moins conséquent, avec une facture estimée à 7,5 milliards d'euros en année pleine par le gouvernement.

D'autant que cette augmentation générale s'ajoutera à une série de mesures de soutien au pouvoir d'achat que le gouvernement doit présenter dans les prochains jours en Conseil des ministres, et qui se chiffreront également en milliards d'euros.

Les mesures salariales présentées mardi marquent en tout état de cause le coup d'envoi d'un chantier annoncé de longue date sur les rémunérations, les carrières et l'attractivité des métiers de la fonction publique.

Dans une adresse aux syndicats, Stanislas Guerini leur a proposé mardi d'avoir un premier temps de discussion, "très ouvert et exploratoire jusqu’en octobre".

"Un cycle de négociations" plus formelles serait ensuite engagé après les élections professionnelles de décembre 2022, "pour aboutir au premier semestre 2023".

En tout état de cause, "j'ai réaffirmé ce matin qu'il n'y avait pas d'intention gouvernementale de décorréler l'évolution (de la valeur) du point" selon les trois versants de la fonction publique, a certifié Stanislas Guerini mardi midi.

le Mardi 28 Juin 2022 à 05:25 | Lu 319 fois