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Flosse laisse une ardoise de 12,7 millions de francs à Sandras


Tahiti, le 29 janvier 2025 – L'avis de la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques au titre de l'exercice 2023 vient d'être publié. L'occasion d'apprécier la situation financière des partis, ainsi que l'aide publique qui leur est accordée. C'est ainsi que Ahip fait son entrée dans les partis éligibles à cette aide. On notera surtout l'ardoise de 12,7 millions de francs du Amuitahira'a laissée par Gaston Flosse à Bruno Sandras.
 
 
“Il doit être bien content aujourd'hui d'être parti, d'être débarrassé de toutes les dettes qu'il nous a laissées, qu'il m'a laissées. Dix millions de factures impayées qu'il faudra régler”, déclarait ainsi Bruno Sandras en octobre dernier alors qu'il récupérait les locaux du Amuitahira'a laissés dans un piteux état par Gaston Flosse. Il ne croyait pas si bien dire. En effet, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) vient de faire paraître son avis relatif à la publication générale des comptes des partis et groupements politiques au titre de l'exercice 2023. Objectif : plus de transparence et un meilleur contrôle des mécanismes de financement de la vie politique.
 
Cela permet notamment d'avoir une photographie de l'état de santé financière des partis politiques (de Métropole et d'Outre-mer), mais aussi de ceux qui sont éligibles à l'aide publique de l'État. Une aide publique allouée aux partis en fonction de leurs résultats aux élections législatives, avec des petits nouveaux en raison des élections anticipées de 2024. (Lire encadré).
 
Le cadeau empoisonné du Amuitahira'a
 
À la lecture de ce document, force est de constater que le Amuitahira'a laissé par Gaston Flosse se retrouve dans le rouge. Bien qu'éligible à l'aide publique de l'État qui s'élève à 1,6 million de francs pour 2023, l'ancien “bébé” du vieux lion affiche un résultat négatif 12,7 millions de francs. Une aide publique qui constitue d'ailleurs l'essentiel de ses ressources (83%) s'élevant à seulement 1,9 million de francs au total, le reste provenant des cotisations d'adhérents (à hauteur de 265 000 francs) et des dons de personnes physiques pour un montant de 42 000 francs, les élus, eux, ne cotisant pas.
 
Ce résultat négatif est en fait plombé par un total des dettes qui franchit la barre des 18 millions de francs. Si le document ne précise pas de quelle nature sont ces dettes, il faut savoir que les dettes d'un parti politique concernent surtout son fonctionnement pendant les campagnes électorales, comme l'achat de T-shirts ou la location de mobiliers ou de lieux de meetings. Une note un peu plus salée que prévu donc pour Bruno Sandras qui a récupéré le “bébé”. Reste à savoir si cette situation sera le caillou dans la chaussure des autonomistes qui prônent l'unité en vue des prochaines échéances électorales.
 
Des ressources qui divergent selon les partis
 
Du côté des autonomistes justement, le Tapura d'Édouard Fritch se porte bien avec un résultat positif d'environ 22 millions de francs. À l'inverse du Amuitahira'a, cette fois, ce sont les cotisations des élus qui génèrent la plus grosse part (près de 42% soit 21 millions de francs) des ressources du Tapura qui dépassent la barre des 50 millions de francs, tandis que les cotisations des adhérents n'en représentent qu'une infime partie (même pas 1%, soit 476.000 francs). En deuxième position viennent les dons des personnes physiques pour 11 millions de francs, et l'aide publique pour 10,3 millions.
 
Ahip fait son entrée dans le tableau
 
Le parti de Nicole Sanquer fait son entrée dans le tableau avec une situation nette qui s'établit à près d'un million et demi de francs. Totalisant des ressources à hauteur de 11,5 millions de francs, A here ia Porinetia (Ahip) a pu compter sur les dons des personnes physiques qui s'élèvent à 3,3 millions, tandis que l'aide publique de l'État lui rapporte 2,2 millions de francs et les cotisations des adhérents 1,4 million. Comme au Amuitahira'a, les élus n'ont pas cotisé.
 
Le jeune parti vert est pour la première fois éligible à l'aide publique de l'État qui, rappelons-le, est allouée aux partis en fonction de leurs résultats aux élections législatives. Nicole Sanquer s'était présentée en 2022 (sans être élue mais en ayant récolté 11.365 voix) et a été élue députée à la faveur des élections anticipées du 30 juin et 7 juillet 2024 au détriment de Steve Chailloux (Tavini) qui avait perdu son siège au Palais Bourbon. À ce titre, les partis nouvellement éligibles bénéficieront de cette aide publique dans le courant de cette année 2025.
 
Le cas particulier du Tavini
 
On ne retrouve en revanche pas le Tavini dans cette photographie financière des partis politiques. Ce qui s'explique par le fait qu'en 2022, le parti de la majorité est certes arrivé en tête des élections législatives en remportant les trois sièges de députés dévolus à la Polynésie, mais pas sous la bannière Tavini, Mereana Reid Arbelot, Tematai Le Gayic et Steve Chailloux s'étant présentés sous celle de la Nupes (coalition de plusieurs partis de gauche). C'est pourquoi l'aide publique de l'État ne leur a pas été directement attribuée puisqu'elle était diluée dans l'enveloppe allouée au Parti communiste français (PCF) auxquels les élus Tavini étaient affiliés à l'Assemblée nationale. Le PCF leur a ainsi reversé 12,5 millions de francs en 2023.

L'aide publique, comment ça marche ?

La loi de 1988 relative à la transparence financière de la vie politique détermine le montant de l'aide publique allouée aux partis politiques ayant présenté au moins un candidat aux élections législatives. Il faut savoir en effet qu'en dehors du remboursement des frais de campagne, les formations politiques perçoivent annuellement des subventions durant toute la mandature. Le montant de cette aide publique est partagé en deux fractions. La première est proportionnelle au nombre de suffrages recueillis au premier tour de scrutin des élections législatives et donne droit à une subvention de 192 francs (1,61 euros) par suffrage obtenu et par an durant les 5 ans du mandat législatif. La seconde fraction, elle, est spécifiquement destinée au financement des partis et groupements politiques représentés au Parlement (Assemblée nationale et Sénat).

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mercredi 29 Janvier 2025 à 16:18 | Lu 4056 fois