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Fleur Pellerin veut ériger la France en pionnière du tourisme numérique


PARIS, 19 juin 2014 (AFP) - La France a tout pour être une pionnière du "m-tourisme", a déclaré à l'AFP la secrétaire d'Etat Fleur Pellerin, qui veut inciter les acteurs du secteur à innover dans les applications mobiles pour touristes.

Q: Vous êtes secrétaire d'Etat chargée de la promotion du Tourisme, auparavant vous vous occupiez du numérique... Vous misez aujourd'hui sur le tourisme numérique ?

R: Oui, il faut se concentrer sur les vagues d'innovations qui sont en train d'arriver. Notre force est d'être le pays le plus visité au monde avec 83 millions de touristes internationaux par an. Avec en plus une population de 60 millions de Français, il y a là un marché considérable. Nous voulons devenir les champions du m-tourisme (tourisme sur mobiles, soit sur smartphones et tablettes, ndlr). Aucun pays n'est pour l'instant en pointe sur cette question et nous pensons que la France a vraiment une carte à jouer. Il faut que des entreprises développent des applications très innovantes et utiles pour enrichir l'expérience du touriste: des applications de géolocalisation, sur la réalité augmentée, des recommandations de restaurants, d'activités... Car il y a une demande d'individualisation croissante des touristes aujourd'hui. Ils veulent pouvoir définir leur parcours en fonction de leurs centres d'intérêt, changer à la dernière minute... On a là un énorme gisement de valeur.

Q: Cela signifie quoi, en mesures concrètes ?

R: D'abord, le gouvernement veut lancer une démarche d'innovation ouverte: nous allons pousser les grands groupes à coopérer avec des start-up qui travaillent sur ces sujets. Certaines grandes entreprises ont parfois eu du mal à mettre en oeuvre en interne une stratégie digitale et ont raté le coche il y 10 ans. Elles ont tout intérêt à se faire aider. Les grands noms du tourisme réunis depuis février au sein de l'Alliance 46.2 (dont Accor, la SNCF, ADP...) sont très intéressés par une telle démarche de coopération. Pour nous, il s'agit à la fois de stimuler leur développement et de créer un écosystème de start-up autour du tourisme. Le deuxième point, c'est que nous allons lancer un plan Wi-Fi pour équiper au maximum les sites touristiques et culturels. Il y aura une discussion et des engagements avec les hôtels, les musées, les aéroports, les gares... pour voir comment on peut généraliser les connexions Wi-Fi sans que cela pèse sur les forfaits mobiles des touristes. Troisièmement, nous allons lancer 5 à 10 appels à projets pour créer des applications qui nous paraissent indispensables pour les m-touristes. Un exemple: un calculateur d'itinéraire multimodal à l'échelle de toute la France, qui intègre tous les transports.

Q: Les hôteliers veulent du soutien face aux géants de l'internet comme Google, Expedia, Booking. Ils souhaitent pouvoir proposer en direct leurs propres prix, différents de ceux des agences en ligne. Le gouvernement a assigné Expedia et Booking en justice, c'est la seule réponse ?

R: Non. Nous allons saisir l'Autorité de la Concurrence pour voir si l'idée d'un "contrat de mandat" est envisageable et si elle serait une solution juridique et économique au problème. Cela se fait dans le milieu de l'édition, où celui qui fixe le prix est bien l'opérateur, et non l'intermédiaire. Soyons clair: il ne s'agit pas de contester la part de marché de tel ou tel, mais de redonner aux hôteliers les moyens d'avoir une vraie politique commerciale, avec des promotions. Par ailleurs, nous encourageons les hôteliers à se regrouper dans des alliances. Il faut qu'ils développent des programmes de fidélisation de la clientèle. Cela se fait beaucoup aux Etats-Unis, où on peut avoir 3.000 établissements regroupés en réseau et qui proposent "5 nuits payantes dans le réseau, une 6e nuit gratuite". En réseau, les hôteliers seront plus forts.

Rédigé par () le Jeudi 19 Juin 2014 à 06:20 | Lu 146 fois