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Fillon veut ignorer sa chute dans les sondages et recentrer sa campagne


S'efforçant d'ignorer sa chute dans les sondages après deux semaines de révélations sur des emplois présumés fictifs de son entourage, François Fillon essaie de recentrer sa campagne présidentielle sur les sujets de fond, comme le handicap lors d'un meeting au Futuroscope de Poitiers.
Depuis les révélations sur les emplois présumés fictifs de sa femme et deux de ses enfants, entendus prochainement par les enquêteurs, le candidat de la droite à la présidentielle s'est retrouvé pris dans une tourmente politico-médiatique qu'il veut voir derrière lui. 
"Je commence une nouvelle campagne", répète cet "homme en colère" contre un "système qui se délite", une justice qui "bafoue le principe de la séparation des pouvoirs", une presse à "90%" contre lui. Il ne s'avoue pas vaincu pour autant. La présidentielle est "encore gagnable" car tout se joue "dans les quinze derniers jours", a-t-il confié mercredi à des éditorialistes de la presse écrite.
Après une visite sur le thème de la sécurité auprès de policiers et gendarmes mercredi à Juvisy-sur-Orge, M. Fillon sera en début de soirée en meeting à Poitiers, Jean-Pierre Raffarin à ses côtés.
Dimanche, à 17h00, il tiendra une réunion publique à Saint-Pierre de la Réunion et a prévu une journée particulièrement chargée le lendemain sur l'île. Il sera de retour à Paris mardi, à temps pour assister à la réunion hebdomadaire de son comité de campagne, regroupant les principales personnalités de LR.
Officiellement, les critiques qui avaient fusé à droite ces deux dernières semaines se sont tues après sa conférence de presse, lundi. Un ancien ministre s'était ainsi déclaré "épaté" par le rétablissement de la situation opéré par le candidat dans son camp. 
En off, de nombreux élus confient pourtant leur "désarroi". "Il y a un mois, la présidentielle était imperdable pour la droite. Aujourd'hui, on se demande si on sera au second tour", se lamente-t-on. 
 

- 'Macron aura des problèmes' -

 
Tous l'admettent: "la chance et la force de Fillon, c'est qu'il n'y a pas de plan B. Les électeurs de la primaire ont rejeté massivement sur la ligne idéologique d'Alain Juppé. Quant aux quadras (François Baroin, Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet, Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez, plus le "quinqua" Xavier Bertrand), ils se surveillent mutuellement. Garder Fillon, c'est aussi éviter la guerre entre eux, qui serait mortelle pour notre famille politique", explique-t-on de même source.
M.  Fillon, qui a menacé de "renoncer" s'il était finalement mis en examen, l'a bien compris. Il pointe régulièrement "le danger Front national". S'il ne peut pas être candidat, ses électeurs "passeront vers Marine Le Pen. Il y a une colère énorme du peuple de droite qui se retrouverait privé de son candidat", affirme-t-il.
En quinze jours, depuis la première une du Canard enchaîné mettant en cause le travail de sa femme et de ses enfants comme assistants parlementaires, M. Fillon, grand favori de la présidentielle après sa victoire à la primaire en novembre, serait désormais éliminé dès le premier tour, selon les mêmes sondages et remplacé par Emmanuel Macron face à Mme Le Pen.
C'est donc sur l'ancien ministre de l'Economie que le candidat de la droite lance désormais ses flèches les plus acérées.
"Macron ? Personne ne lui demande le nom de ses clients. A côté de lui, je suis un petit besogneux (...) Je donnerai la liste de mes clients si Macron donne la sienne", a affirmé le fondateur de la société 2F Conseil. Celle-ci est l'objet de critiques de députés de gauche qui viennent de saisir le déontologue de l'Assemblée et de Nicolas Dupont-Aignan, candidat Debout La France, qui y voit un "conflit d'intérêts monstrueux" . "Macron aura des problèmes, il a manié trop d'argent", contre-attaque M. Fillon.
Autre nouvelle qui pourrait être source de danger pour lui: François Bayrou, le président du MoDem, vient de déclarer qu'il n'hésiterait "pas à prendre ses responsabilités", donc éventuellement à être candidat pour la quatrième fois à la présidentielle, tout en accusant M. Fillon d'être sous l'influence des puissances d'argent", en allusion à Axa. "Il ne m'a même pas téléphoné!", lâche, désabusé, le candidat.


avec AFP

Rédigé par RB le Jeudi 9 Février 2017 à 05:25 | Lu 334 fois