Paris, France | AFP | mercredi 14/09/2022 - Charte pour mieux traiter l'écologie, questions environnementales érigées en tête des priorités de certains médias français... Après un été marqué par les catastrophes météo, un vent vert souffle sur le monde de l'information, invité à mettre durablement "l'urgence climatique" à la une.
La sécheresse, le manque d'eau, les incendies en Gironde, les records de chaleur ou les orages meurtriers en Corse vont "laisser des traces", veut croire Loup Espargilière, du nouveau média en ligne Vert.
Mais malgré leur médiatisation, leur lien avec le réchauffement climatique a "très rarement" été rappelé, déplore-t-il.
D'après la plateforme de veille Tagaday, de juin à août, 352.000 sujets ont été consacrés aux événements climatiques extrêmes dans les médias, soit 4% de l'ensemble de la production journalistique, mais seulement 7% "ont également abordé le dérèglement climatique".
De quoi légitimer le lancement d'une charte pour un "journalisme à la hauteur de l'urgence écologique", co-initiée par Vert et signée par 500 journalistes et des dizaines de rédactions (Médiapart, RFI, France 24, etc.).
La profession y est invitée à voir l'écologie comme "un prisme au travers duquel considérer l'ensemble des sujets", réfléchir aux mots et images utilisées (fini la bronzette pour illustrer des vagues de chaleur mortelles), se former aux questions environnementales ou refuser les publicités venant des industries polluantes.
Giec vs Messi
A l'origine du projet, l'agacement des spécialistes en voyant le rapport alarmant du Giec (Groupe d'experts climat de l'ONU) éclipsé par l'arrivée de Lionel Messi au PSG l'été dernier ou par l'invasion russe de l'Ukraine cet hiver, relate M. Espargilière.
Il n'empêche, "le climat prend de plus en plus d'importance" dans les médias, constate Géraldine Poels, de l'Ina, co-auteure d'une étude sur le sujet.
De la fin des années 1990 à 2020, "le temps consacré aux sujets environnementaux et climatiques a été multiplié par trois" dans les JT. "Sur le principal rendez-vous d'information des Français, ce n'est pas rien", souligne Mme Poels.
Pour le professeur de littérature et médias Yves Citton, "les questions écologiques qui étaient tout sauf attirantes, sexy, vendables, sont devenues télégéniques depuis 2018" avec l'accumulation d'événements extrêmes, qui ont matérialisé ce réchauffement climatique dont s'alarmaient "des écolos barbus".
Mais il y a "peut-être un travail de fond" à effectuer pour médiatiser des questions climatiques complexes, "au-delà des événements lourds", relève Mme Poels.
De nombreux médias se disent conscients de ces enjeux, à l'instar de Radio France, qui a dévoilé fin août son "tournant environnemental", avec un vaste plan de formation de ses équipes ou un objectif de réduction de son bilan carbone de 40% d'ici à 2030.
L'AFP a réorganisé sa rédaction pour se doter d'un pôle Planète, en réunissant les spécialistes de l'environnement et ceux de l'énergie, l'industrie, les transports et l'agriculture, domaines concernés par le réchauffement climatique autrefois affiliés au service économique.
Pouvoir d'achat
Le groupe TF1 dévoilera fin septembre la "feuille de route climat" de ses rédactions, pour l'heure pas assez fournies en spécialistes de l'environnement, selon le directeur général adjoint de LCI, Fabien Namias.
"On ne peut plus contourner" ce sujet "qui va occuper l'essentiel des générations derrière nous", assure le journaliste. D'autant qu'il est intimement lié aux "notions de pouvoir d'achat" et va "nécessairement" intéresser l'ensemble de la population, par exemple confrontée à la flambée des prix de l'électricité.
A l'étranger aussi, les initiatives vertes se multiplient: création de l'ONG Covering Climate Now (sous l'impulsion notamment du quotidien britannique The Guardian), qui collabore avec des médias du monde entier dont l'AFP, naissance d'une plateforme commune à France Télévisions et la chaîne publique allemande WDR, publication d'une charte du journalisme climatique dans les pays germanophones, journée annuelle dédiée à la Terre sur CNN...
Mais dans le monde anglo-saxon, il n'y a pas "d'unité de mission autour de ce sujet" comme en France, pays agricole, estime Alice Enders, du cabinet Enders Analysis, pour qui le "militantisme" du Guardian fait figure d'exception.
Et tant que le financement des médias dépendra de la publicité et des audiences, Yves Citton doute que les journalistes puissent "véritablement faire du bon travail".
La sécheresse, le manque d'eau, les incendies en Gironde, les records de chaleur ou les orages meurtriers en Corse vont "laisser des traces", veut croire Loup Espargilière, du nouveau média en ligne Vert.
Mais malgré leur médiatisation, leur lien avec le réchauffement climatique a "très rarement" été rappelé, déplore-t-il.
D'après la plateforme de veille Tagaday, de juin à août, 352.000 sujets ont été consacrés aux événements climatiques extrêmes dans les médias, soit 4% de l'ensemble de la production journalistique, mais seulement 7% "ont également abordé le dérèglement climatique".
De quoi légitimer le lancement d'une charte pour un "journalisme à la hauteur de l'urgence écologique", co-initiée par Vert et signée par 500 journalistes et des dizaines de rédactions (Médiapart, RFI, France 24, etc.).
La profession y est invitée à voir l'écologie comme "un prisme au travers duquel considérer l'ensemble des sujets", réfléchir aux mots et images utilisées (fini la bronzette pour illustrer des vagues de chaleur mortelles), se former aux questions environnementales ou refuser les publicités venant des industries polluantes.
Giec vs Messi
A l'origine du projet, l'agacement des spécialistes en voyant le rapport alarmant du Giec (Groupe d'experts climat de l'ONU) éclipsé par l'arrivée de Lionel Messi au PSG l'été dernier ou par l'invasion russe de l'Ukraine cet hiver, relate M. Espargilière.
Il n'empêche, "le climat prend de plus en plus d'importance" dans les médias, constate Géraldine Poels, de l'Ina, co-auteure d'une étude sur le sujet.
De la fin des années 1990 à 2020, "le temps consacré aux sujets environnementaux et climatiques a été multiplié par trois" dans les JT. "Sur le principal rendez-vous d'information des Français, ce n'est pas rien", souligne Mme Poels.
Pour le professeur de littérature et médias Yves Citton, "les questions écologiques qui étaient tout sauf attirantes, sexy, vendables, sont devenues télégéniques depuis 2018" avec l'accumulation d'événements extrêmes, qui ont matérialisé ce réchauffement climatique dont s'alarmaient "des écolos barbus".
Mais il y a "peut-être un travail de fond" à effectuer pour médiatiser des questions climatiques complexes, "au-delà des événements lourds", relève Mme Poels.
De nombreux médias se disent conscients de ces enjeux, à l'instar de Radio France, qui a dévoilé fin août son "tournant environnemental", avec un vaste plan de formation de ses équipes ou un objectif de réduction de son bilan carbone de 40% d'ici à 2030.
L'AFP a réorganisé sa rédaction pour se doter d'un pôle Planète, en réunissant les spécialistes de l'environnement et ceux de l'énergie, l'industrie, les transports et l'agriculture, domaines concernés par le réchauffement climatique autrefois affiliés au service économique.
Pouvoir d'achat
Le groupe TF1 dévoilera fin septembre la "feuille de route climat" de ses rédactions, pour l'heure pas assez fournies en spécialistes de l'environnement, selon le directeur général adjoint de LCI, Fabien Namias.
"On ne peut plus contourner" ce sujet "qui va occuper l'essentiel des générations derrière nous", assure le journaliste. D'autant qu'il est intimement lié aux "notions de pouvoir d'achat" et va "nécessairement" intéresser l'ensemble de la population, par exemple confrontée à la flambée des prix de l'électricité.
A l'étranger aussi, les initiatives vertes se multiplient: création de l'ONG Covering Climate Now (sous l'impulsion notamment du quotidien britannique The Guardian), qui collabore avec des médias du monde entier dont l'AFP, naissance d'une plateforme commune à France Télévisions et la chaîne publique allemande WDR, publication d'une charte du journalisme climatique dans les pays germanophones, journée annuelle dédiée à la Terre sur CNN...
Mais dans le monde anglo-saxon, il n'y a pas "d'unité de mission autour de ce sujet" comme en France, pays agricole, estime Alice Enders, du cabinet Enders Analysis, pour qui le "militantisme" du Guardian fait figure d'exception.
Et tant que le financement des médias dépendra de la publicité et des audiences, Yves Citton doute que les journalistes puissent "véritablement faire du bon travail".