PAPEETE, 2 juillet 2019 - Myrna Tuporo, plus connue sous le nom de "Māmā Iopa", est la présidente du jury de ce Heiva i Tahiti 2019. Cette professionnelle en chants traditionnels participe au Heiva depuis 1982. Elle a fait partie des membres du jury durant onze années, dont trois éditions en tant que présidente. À 58 ans, elle revient pour partager sa passion et son savoir avec les groupes de chants et de danses.
On ne la présente plus. Māmā Iopa est une passionnée des chants traditionnels et de notre culture. Elle participe pour la première fois au Tiurai en 1982, avec la troupe Tamari’i Taura’atua à Vai’ete. En 2015, elle intègre le groupe "Te Pape Ora no Papofai". Durant ces années de Tiurai puis de Heiva, Māmā Iopa intégrera le jury onze fois et elle endossera le rôle de présidente du jury trois fois. Un rôle qu’elle porte encore cette année.
Tahiti Infos est allé à la rencontre de cette passionnée de hīmene. Elle a accepté de parler à cœur ouvert de cette nouvelle édition. Sa plus grande tristesse : quand le public sort durant les prestations des chants au Heiva. Ce manque de respect l’affecte et elle se demande même comment on en est arrivé là ? Mais pour elle, rien n’est perdu. Il faut que les groupes fassent de leur mieux pour que les messages de leurs spectacles soient entendus de tous, et plus particulièrement de notre jeunesse. Interview.
Māmā Iopa, c’est la 4e fois que vous endossez le rôle de présidente du jury. Qu’est-ce-que l’on vous demande ?
"Le président doit se mettre en accord avec les autres membres
du jury, pour que tout le monde puisse avancer dans la même direction. Si non, des problèmes peuvent survenir, sur les notations notamment ou encore sur l’attribution des prix. On demande aussi au président de faire régner la paix entre les membres du jury. Il est comme un arbitre au sein de ce comité, parce que les avis ne se rejoignent pas forcément. Le président du jury essaye d’accorder les violons. C’est le ministre qui choisi le président. Et quand j’ai vu les personnes qui composaient le jury cette année, je m’étais dit que le ministre allait sûrement me désigner. Un jour, il m’a contactée pour m’annoncer la nouvelle. Ce qui a fait pencher la balance en ma faveur, m'a-t-il dit, c’est la pratique de notre langue maternelle. Pour lui, c’est un point important dans les échanges entre les groupes et les membres du jury. C’est comme cela que j’ai accepté."
Quelles sont vos attentes en ce qui concerne les groupes qui concourront cette année ?
"Cela fait six mois que les groupes se préparent. Il y en a qui ont commencé après le Hura tapairu. Le jury attend que chacun vienne avec son cœur, qu’il puisse exprimer au mieux son thème sur la scène de To’atā, afin que son message
soit compris au mieux par générations futures."
Quel regard portez-vous sur les hīmene ?
"Auparavant, les chants traditionnels faisaient la fierté des personnes qui les enseignaient, qui les écrivaient. Aujourd’hui, les chants sont devenus un business pour certains et ils commencent à disparaitre. Je suis protestante et, aujourd’hui, il y a de plus en plus d’instruments dans les temples. Si on continue comme cela, nos chants traditionnels diminueront petit à petit et c’est ce qui me fait peur. Ce serait bien, pour conserver cette richesse, d’intégrer nos chants aux danses. Il faut que notre jeunesse comprenne l’importance de nos chants, cela peut les réconforter et ils pourront aussi, à travers nos chants, connaitre un peu plus leur histoire."
Certains groupes de danse ont intégré aussi des chants traditionnels à leur spectacle. C’est une fierté pour vous ?
"En effet, c’est une fierté, une joie, non pas uniquement pour nous les professionnels en chant, mais pour tout le monde, pour notre pays. Parce que les écrits représentent les histoires ou les légendes de notre fenua. On utilise des mots qui mettent en valeur nos montagnes, nos rivières, notre océan, nos guerriers. Cela doit profiter à tout le monde."
Le public qui sort pendant la prestation des groupes de chant, un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années. Quelle est votre position par rapport à cela ?
"C’est vrai. Et ça me fait mal. Je me demande pourquoi est-ce-que le polynésien tourne le dos à son histoire, à sa langue ? Nos histoires sont contées aussi à travers nos chants. Et si on veut que cela change, il faut essayer d’y remédier. Comment ? En intégrant de la danse aussi, lorsque les groupes de chant sont sur la scène. Mais j’aimerais dire tout de même aux Polynésiens de faire un effort pour apprécier nos mélodies."
Un Message ?
"Fa’aitoito à tous les groupes, que ce soit en chant ou en danse. Que vos messages soient compris de tous. Parce que le but principal du Heiva i Tahiti est de guider notre jeunesse dans sa vie future, afin que notre culture perdure."
On ne la présente plus. Māmā Iopa est une passionnée des chants traditionnels et de notre culture. Elle participe pour la première fois au Tiurai en 1982, avec la troupe Tamari’i Taura’atua à Vai’ete. En 2015, elle intègre le groupe "Te Pape Ora no Papofai". Durant ces années de Tiurai puis de Heiva, Māmā Iopa intégrera le jury onze fois et elle endossera le rôle de présidente du jury trois fois. Un rôle qu’elle porte encore cette année.
Tahiti Infos est allé à la rencontre de cette passionnée de hīmene. Elle a accepté de parler à cœur ouvert de cette nouvelle édition. Sa plus grande tristesse : quand le public sort durant les prestations des chants au Heiva. Ce manque de respect l’affecte et elle se demande même comment on en est arrivé là ? Mais pour elle, rien n’est perdu. Il faut que les groupes fassent de leur mieux pour que les messages de leurs spectacles soient entendus de tous, et plus particulièrement de notre jeunesse. Interview.
Māmā Iopa, c’est la 4e fois que vous endossez le rôle de présidente du jury. Qu’est-ce-que l’on vous demande ?
"Le président doit se mettre en accord avec les autres membres
du jury, pour que tout le monde puisse avancer dans la même direction. Si non, des problèmes peuvent survenir, sur les notations notamment ou encore sur l’attribution des prix. On demande aussi au président de faire régner la paix entre les membres du jury. Il est comme un arbitre au sein de ce comité, parce que les avis ne se rejoignent pas forcément. Le président du jury essaye d’accorder les violons. C’est le ministre qui choisi le président. Et quand j’ai vu les personnes qui composaient le jury cette année, je m’étais dit que le ministre allait sûrement me désigner. Un jour, il m’a contactée pour m’annoncer la nouvelle. Ce qui a fait pencher la balance en ma faveur, m'a-t-il dit, c’est la pratique de notre langue maternelle. Pour lui, c’est un point important dans les échanges entre les groupes et les membres du jury. C’est comme cela que j’ai accepté."
Quelles sont vos attentes en ce qui concerne les groupes qui concourront cette année ?
"Cela fait six mois que les groupes se préparent. Il y en a qui ont commencé après le Hura tapairu. Le jury attend que chacun vienne avec son cœur, qu’il puisse exprimer au mieux son thème sur la scène de To’atā, afin que son message
soit compris au mieux par générations futures."
Quel regard portez-vous sur les hīmene ?
"Auparavant, les chants traditionnels faisaient la fierté des personnes qui les enseignaient, qui les écrivaient. Aujourd’hui, les chants sont devenus un business pour certains et ils commencent à disparaitre. Je suis protestante et, aujourd’hui, il y a de plus en plus d’instruments dans les temples. Si on continue comme cela, nos chants traditionnels diminueront petit à petit et c’est ce qui me fait peur. Ce serait bien, pour conserver cette richesse, d’intégrer nos chants aux danses. Il faut que notre jeunesse comprenne l’importance de nos chants, cela peut les réconforter et ils pourront aussi, à travers nos chants, connaitre un peu plus leur histoire."
Certains groupes de danse ont intégré aussi des chants traditionnels à leur spectacle. C’est une fierté pour vous ?
"En effet, c’est une fierté, une joie, non pas uniquement pour nous les professionnels en chant, mais pour tout le monde, pour notre pays. Parce que les écrits représentent les histoires ou les légendes de notre fenua. On utilise des mots qui mettent en valeur nos montagnes, nos rivières, notre océan, nos guerriers. Cela doit profiter à tout le monde."
Le public qui sort pendant la prestation des groupes de chant, un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années. Quelle est votre position par rapport à cela ?
"C’est vrai. Et ça me fait mal. Je me demande pourquoi est-ce-que le polynésien tourne le dos à son histoire, à sa langue ? Nos histoires sont contées aussi à travers nos chants. Et si on veut que cela change, il faut essayer d’y remédier. Comment ? En intégrant de la danse aussi, lorsque les groupes de chant sont sur la scène. Mais j’aimerais dire tout de même aux Polynésiens de faire un effort pour apprécier nos mélodies."
Un Message ?
"Fa’aitoito à tous les groupes, que ce soit en chant ou en danse. Que vos messages soient compris de tous. Parce que le but principal du Heiva i Tahiti est de guider notre jeunesse dans sa vie future, afin que notre culture perdure."