TAHITI, le 8 février 2021 - Quatre documentaires sur les onze films présentés hors compétition traitent d’un sujet polynésien. Il est question des explorateurs russes, d’idoles, des arts mais aussi du mythe. Rencontre avec François Reinhardt, réalisateur de Tahiti, l’invention du paradis.
L’homme aurait découvert le paradis terrestre il y a 250 ans, à Tahiti.
"C’était un pays de porcelaines, de poissons multicolores, de perroquets bleus. Un archipel dissimulé dans un repli du grand océan, à l’abri des pulsations du monde. Après des mois à arpenter les mers, Louis Antoine de Bougainville finit par découvrir ce point dans l’infini. Il y jette l’ancre, émerveillé par ses montagnes de velours, ses plages noires et ses rivages de corail. En avril 1768, Bougainville découvre Tahiti et découvre au nom du royaume de France, ce paradis que l’on croyait perdu", décrit le documentaire Tahiti, l’invention du paradis.
Une invention ? Un mythe ? C’est la question à laquelle le réalisateur François Reinhardt tente de répondre en croisant cette représentation avec le point de vue des Polynésiens contemporains.
Tathiti Infos : Comment avez-vous "rencontré" la Polynésie ?
François Reinhardt : "À part quelques années passées à Madagascar et en Chine, j'ai toujours vécu à Bordeaux, où je réside encore actuellement. J'y ai effectué toutes mes études supérieures, d'abord en sociologie puis en journalisme. J'ai rencontré la Polynésie pour l'émission Thalassa ! Je vivais en Chine à cette époque et ai réalisé un reportage sur les perles (L'empire des perles), qui m'a conduit de Hong Kong à Rangiroa, à la rencontre des greffeurs chinois. Ce fut un coup de foudre. J'allais dire "évidemment". Et je l'assume totalement ! J'ai eu ensuite l'occasion de revenir en Polynésie, à Moorea, Tetiaroa, Tureia, Manihi, Bora Bora... "
Tahiti Infos : Vous avez réalisé des documentaires sur la mafia, sur des militants pacifistes voulant arrêter la bombe, et maintenant sur le mythe du paradis polynésien. Expliquez-nous comment vous passez d’un sujet à l’autre.
François Reinhardt : "Je tiens beaucoup à rester un auteur-réalisateur "généraliste", spécialiste de rien, curieux de tout. Mais j'ai un penchant pour l'anecdote. J'aime rencontrer l'Histoire à travers les récits personnels, les détails, et raconter "les petites histoires qui éclairent la grande". Cela revient à chercher des angles, qui ne sont pas forcément originaux, mais qui me touchent, m'émeuvent ou me révoltent. Ce sont eux qui révèlent, en creux, notre personnalité."
Tahiti Infos : Que retenez-vous de ce travail en Polynésie sur ce soi-disant mythe ?
François Reinhardt : "L'idée de ce documentaire est de raconter comment et pourquoi le mythe de Tahiti, incarnation du paradis terrestre, est une construction "occidentale". Un récit biaisé qui n'a cessé de se reproduire depuis la rencontre de Bougainville et de la Polynésie. Les Polynésiens souffrent de devoir jouer les figurants de cette narration édénique qui a gommé leur identité et leur culture. Ils sont en quelque sorte victimes de ce mythe, et, à ce titre, les premiers concernés. Il m'a paru à la fois naturel et important d'entendre leur version de cette histoire. Le contrechamp en quelque sorte."
Tahiti Infos : Avez-vous dû faire face à des difficultés, des réticences de la part des Polynésiens à s’exprimer sur cette construction occidentale ?
François Reinhardt : "Cela n'a pas été aussi simple que ça de convaincre les interlocuteurs. En particulier parce que le 'popa'a' que je suis incarne, bien malgré moi, le risque de reproduction de ces préjugés qui font tant de mal à la Polynésie. Préjugés qui sont aussi, et c'est là toute la nuance et l'intérêt de réfléchir à cette question, la carte de visite de la Polynésie comme destination touristique ! Ce que j'en retiens surtout, c'est combien il est nécessaire pour les Polynésiens de ranimer ce qui leur a été confisqué : leur langue, leur culture, leurs traditions, afin de devenir les narrateurs de leur propre récit "mā'ohi", dont nous avons tous à apprendre."
L’homme aurait découvert le paradis terrestre il y a 250 ans, à Tahiti.
"C’était un pays de porcelaines, de poissons multicolores, de perroquets bleus. Un archipel dissimulé dans un repli du grand océan, à l’abri des pulsations du monde. Après des mois à arpenter les mers, Louis Antoine de Bougainville finit par découvrir ce point dans l’infini. Il y jette l’ancre, émerveillé par ses montagnes de velours, ses plages noires et ses rivages de corail. En avril 1768, Bougainville découvre Tahiti et découvre au nom du royaume de France, ce paradis que l’on croyait perdu", décrit le documentaire Tahiti, l’invention du paradis.
Une invention ? Un mythe ? C’est la question à laquelle le réalisateur François Reinhardt tente de répondre en croisant cette représentation avec le point de vue des Polynésiens contemporains.
Tathiti Infos : Comment avez-vous "rencontré" la Polynésie ?
François Reinhardt : "À part quelques années passées à Madagascar et en Chine, j'ai toujours vécu à Bordeaux, où je réside encore actuellement. J'y ai effectué toutes mes études supérieures, d'abord en sociologie puis en journalisme. J'ai rencontré la Polynésie pour l'émission Thalassa ! Je vivais en Chine à cette époque et ai réalisé un reportage sur les perles (L'empire des perles), qui m'a conduit de Hong Kong à Rangiroa, à la rencontre des greffeurs chinois. Ce fut un coup de foudre. J'allais dire "évidemment". Et je l'assume totalement ! J'ai eu ensuite l'occasion de revenir en Polynésie, à Moorea, Tetiaroa, Tureia, Manihi, Bora Bora... "
Tahiti Infos : Vous avez réalisé des documentaires sur la mafia, sur des militants pacifistes voulant arrêter la bombe, et maintenant sur le mythe du paradis polynésien. Expliquez-nous comment vous passez d’un sujet à l’autre.
François Reinhardt : "Je tiens beaucoup à rester un auteur-réalisateur "généraliste", spécialiste de rien, curieux de tout. Mais j'ai un penchant pour l'anecdote. J'aime rencontrer l'Histoire à travers les récits personnels, les détails, et raconter "les petites histoires qui éclairent la grande". Cela revient à chercher des angles, qui ne sont pas forcément originaux, mais qui me touchent, m'émeuvent ou me révoltent. Ce sont eux qui révèlent, en creux, notre personnalité."
Tahiti Infos : Que retenez-vous de ce travail en Polynésie sur ce soi-disant mythe ?
François Reinhardt : "L'idée de ce documentaire est de raconter comment et pourquoi le mythe de Tahiti, incarnation du paradis terrestre, est une construction "occidentale". Un récit biaisé qui n'a cessé de se reproduire depuis la rencontre de Bougainville et de la Polynésie. Les Polynésiens souffrent de devoir jouer les figurants de cette narration édénique qui a gommé leur identité et leur culture. Ils sont en quelque sorte victimes de ce mythe, et, à ce titre, les premiers concernés. Il m'a paru à la fois naturel et important d'entendre leur version de cette histoire. Le contrechamp en quelque sorte."
Tahiti Infos : Avez-vous dû faire face à des difficultés, des réticences de la part des Polynésiens à s’exprimer sur cette construction occidentale ?
François Reinhardt : "Cela n'a pas été aussi simple que ça de convaincre les interlocuteurs. En particulier parce que le 'popa'a' que je suis incarne, bien malgré moi, le risque de reproduction de ces préjugés qui font tant de mal à la Polynésie. Préjugés qui sont aussi, et c'est là toute la nuance et l'intérêt de réfléchir à cette question, la carte de visite de la Polynésie comme destination touristique ! Ce que j'en retiens surtout, c'est combien il est nécessaire pour les Polynésiens de ranimer ce qui leur a été confisqué : leur langue, leur culture, leurs traditions, afin de devenir les narrateurs de leur propre récit "mā'ohi", dont nous avons tous à apprendre."
Le goût des "ailleurs de la rencontre"
Sans que ce soit un objectif très clair dans son esprit, François Reinhardt dit avoir développé au cours de son enfance, en lisant des atlas, le goût "des ailleurs et la curiosité de la rencontre". Des pré-requis indispensables au métier de réalisateur.
"J'ai eu beaucoup de chance" avoue-t-il en reprenant son parcours. Il a suivi une formation de journaliste reporter d'images à l'école de journalisme de Bordeaux en 1999 et depuis, n’a jamais cessé de travailler. Pour les journaux télévisés, puis pour les magazines de télévisions qui le faisaient rêver (Thalassa, Arte reportage, Faut pas rêver...).
Petit à petit, il a trouvé de plus en plus de temps pour développer ses projets et réaliser ses documentaires de 52 à 90 minutes. "À ce titre, la disparition de France Ô est un crève-cœur et un drame pour beaucoup de documentaristes et de producteurs. Je compte beaucoup sur le développement de programmes ultramarins sur France Télévisions, qui semble toutefois bien décidée à tenir cette promesse."
Sans que ce soit un objectif très clair dans son esprit, François Reinhardt dit avoir développé au cours de son enfance, en lisant des atlas, le goût "des ailleurs et la curiosité de la rencontre". Des pré-requis indispensables au métier de réalisateur.
"J'ai eu beaucoup de chance" avoue-t-il en reprenant son parcours. Il a suivi une formation de journaliste reporter d'images à l'école de journalisme de Bordeaux en 1999 et depuis, n’a jamais cessé de travailler. Pour les journaux télévisés, puis pour les magazines de télévisions qui le faisaient rêver (Thalassa, Arte reportage, Faut pas rêver...).
Petit à petit, il a trouvé de plus en plus de temps pour développer ses projets et réaliser ses documentaires de 52 à 90 minutes. "À ce titre, la disparition de France Ô est un crève-cœur et un drame pour beaucoup de documentaristes et de producteurs. Je compte beaucoup sur le développement de programmes ultramarins sur France Télévisions, qui semble toutefois bien décidée à tenir cette promesse."
Pratique
Du 9 au 14 février en ligne sur fifotahiti.com.
Les neuf films en compétitions et les 11 films hors-compétitions seront en accès payant. Tarif : 250 Fcfp à l’unité pour 24h, 150 Fcfp avec la carte (500 Fcfp) Fifo lover. Le pass Fifo Addict pour un accès à tous les films est à 3 500 Fcfp.
Du 9 au 14 février en ligne sur fifotahiti.com.
Les neuf films en compétitions et les 11 films hors-compétitions seront en accès payant. Tarif : 250 Fcfp à l’unité pour 24h, 150 Fcfp avec la carte (500 Fcfp) Fifo lover. Le pass Fifo Addict pour un accès à tous les films est à 3 500 Fcfp.