Paris, France | AFP | mardi 28/09/2021 - La France tape du poing sur la table face au Maghreb en annonçant mardi la réduction du nombre de visas accordés, donnant des gages à la droite et l'extrême droite sur l'immigration à moins de sept mois de la présidentielle, en plein regain de nervosité des relations avec ces pays.
L'octroi de visas sera durci d'ici quelques semaines pour les ressortissants du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie, pays qui "refusent" de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France, a annoncé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal sur Europe 1.
"C'est une décision drastique, c'est une décision inédite, mais c'est une décision rendue nécessaire par le fait que ces pays n'acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons pas garder en France", a-t-il justifié. Il a ainsi confirmé une information de la radio qui évoquait une baisse à venir de 50% du nombre de visas délivrés pour les ressortissants du Maroc et de l'Algérie et de 33% pour ceux de Tunisie.
Le gouvernement assure avoir fait assez preuve de patience depuis les premières négociations en 2018 sur ce sujet, et, accusé par la droite et l'extrême droite de ne pas expulser assez, pointe du doigt la responsabilité des trois pays du Maghreb. "Il y a eu un dialogue, ensuite il y a eu des menaces. Aujourd'hui on met cette menace à exécution", a insisté M. Attal.
Référendum sur l'immigration
Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur communiqués mardi à l'AFP, l'Algérie a délivré entre janvier et juillet 2021 un total de 31 laissez-passer consulaires pour 7.731 obligations de quitter la France (OQTF) prononcées, et 22 expulsions réalisées, soit un taux d'exécution de 0,2%. Ce taux est de 2,4% pour les OQTF concernant les ressortissants marocains, et de 4% pour les Tunisiens.
Emmanuel Macron, qui avait promis au début de son quinquennat un taux d'exécution des reconduites à la frontière de 100% tous pays confondus, avait réclamé en juin à son gouvernement des mesures "opérationnelles très rapidement". Priorité: les expulsions des étrangers irréguliers auteurs d'actes de terrorisme ou fichés pour radicalisation, et de ceux ayant commis des crimes et délits et autres infractions graves.
Hasard du calendrier ou pas, l'annonce intervient au jour de la présentation prévue mardi après-midi par la candidate du RN à la présidentielle Marine Le Pen de son projet de référendum sur l'immigration.
La pré-campagne a donné la part belle ces derniers mois à ce thème. L'arrivée sur le devant de la scène du polémiste Eric Zemmour, qui entretient le suspense sur une possible candidature et ressasse le thème du "grand remplacement" par les musulmans, a encore focalisé le débat politique sur ces sujets.
A droite, le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau a salué la mesure, tout en relevant que l'approche de l'échéance de la présidentielle n'y est peut-être pas pour rien. "On jugera le résultat" de la décision sur les visas, a réagi le président par intérim du RN Jordan Bardella.
Dans les rangs associatifs, Laurent Delbos, un spécialiste des questions migratoires pour Forum réfugiés-Cosi, parle de "chantage" de la France: "les Etats peuvent décider qui entre sur leur territoire", rappelle-t-il.
"Stabilité" du Maghreb
Sur le plan international, l'annonce intervient dans un contexte diplomatique qui s'est tendu ces derniers mois.
Les relations entre Paris et Rabat sont parasitées par l'affaire Pegasus, du nom du logiciel d'espionnage conçu par l'entreprise israélienne NSO Group, auquel le Maroc a été accusé d'avoir eu recours, ce que Rabat a démenti, enclenchant plusieurs procédures judiciaires notamment en France.
Les relations avec l'Algérie restent, elles, compliquées par la question mémorielle. Le président algérien Albdemadjid Tebboune a de nouveau réclamé en juin une reconnaissance des faits survenus pendant la colonisation de l'Algérie par la France (1830-1962), alors qu'Emmanuel Macron a engagé ces derniers mois une série d'actes symboliques, dont, début septembre, sa demande de "pardon" aux harkis au nom de la France.
Le contexte diplomatique est encore compliqué par la rupture par l'Algérie de ses relations avec le Maroc, dossier dans lequel Paris plaide le "dialogue" dans l'intérêt de la "stabilité" au Maghreb.
Avec la Tunisie, la France a jusque-là souligné "la nécessité de préserver le calme et l'Etat de droit" après le coup de force du président Kais Saied, qui s'est octroyé le pouvoir exécutif qu'il vient encore de renforcer au détriment du gouvernement et du Parlement, auquel il va de facto se substituer en légiférant par décrets.
L'octroi de visas sera durci d'ici quelques semaines pour les ressortissants du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie, pays qui "refusent" de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France, a annoncé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal sur Europe 1.
"C'est une décision drastique, c'est une décision inédite, mais c'est une décision rendue nécessaire par le fait que ces pays n'acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons pas garder en France", a-t-il justifié. Il a ainsi confirmé une information de la radio qui évoquait une baisse à venir de 50% du nombre de visas délivrés pour les ressortissants du Maroc et de l'Algérie et de 33% pour ceux de Tunisie.
Le gouvernement assure avoir fait assez preuve de patience depuis les premières négociations en 2018 sur ce sujet, et, accusé par la droite et l'extrême droite de ne pas expulser assez, pointe du doigt la responsabilité des trois pays du Maghreb. "Il y a eu un dialogue, ensuite il y a eu des menaces. Aujourd'hui on met cette menace à exécution", a insisté M. Attal.
Référendum sur l'immigration
Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur communiqués mardi à l'AFP, l'Algérie a délivré entre janvier et juillet 2021 un total de 31 laissez-passer consulaires pour 7.731 obligations de quitter la France (OQTF) prononcées, et 22 expulsions réalisées, soit un taux d'exécution de 0,2%. Ce taux est de 2,4% pour les OQTF concernant les ressortissants marocains, et de 4% pour les Tunisiens.
Emmanuel Macron, qui avait promis au début de son quinquennat un taux d'exécution des reconduites à la frontière de 100% tous pays confondus, avait réclamé en juin à son gouvernement des mesures "opérationnelles très rapidement". Priorité: les expulsions des étrangers irréguliers auteurs d'actes de terrorisme ou fichés pour radicalisation, et de ceux ayant commis des crimes et délits et autres infractions graves.
Hasard du calendrier ou pas, l'annonce intervient au jour de la présentation prévue mardi après-midi par la candidate du RN à la présidentielle Marine Le Pen de son projet de référendum sur l'immigration.
La pré-campagne a donné la part belle ces derniers mois à ce thème. L'arrivée sur le devant de la scène du polémiste Eric Zemmour, qui entretient le suspense sur une possible candidature et ressasse le thème du "grand remplacement" par les musulmans, a encore focalisé le débat politique sur ces sujets.
A droite, le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau a salué la mesure, tout en relevant que l'approche de l'échéance de la présidentielle n'y est peut-être pas pour rien. "On jugera le résultat" de la décision sur les visas, a réagi le président par intérim du RN Jordan Bardella.
Dans les rangs associatifs, Laurent Delbos, un spécialiste des questions migratoires pour Forum réfugiés-Cosi, parle de "chantage" de la France: "les Etats peuvent décider qui entre sur leur territoire", rappelle-t-il.
"Stabilité" du Maghreb
Sur le plan international, l'annonce intervient dans un contexte diplomatique qui s'est tendu ces derniers mois.
Les relations entre Paris et Rabat sont parasitées par l'affaire Pegasus, du nom du logiciel d'espionnage conçu par l'entreprise israélienne NSO Group, auquel le Maroc a été accusé d'avoir eu recours, ce que Rabat a démenti, enclenchant plusieurs procédures judiciaires notamment en France.
Les relations avec l'Algérie restent, elles, compliquées par la question mémorielle. Le président algérien Albdemadjid Tebboune a de nouveau réclamé en juin une reconnaissance des faits survenus pendant la colonisation de l'Algérie par la France (1830-1962), alors qu'Emmanuel Macron a engagé ces derniers mois une série d'actes symboliques, dont, début septembre, sa demande de "pardon" aux harkis au nom de la France.
Le contexte diplomatique est encore compliqué par la rupture par l'Algérie de ses relations avec le Maroc, dossier dans lequel Paris plaide le "dialogue" dans l'intérêt de la "stabilité" au Maghreb.
Avec la Tunisie, la France a jusque-là souligné "la nécessité de préserver le calme et l'Etat de droit" après le coup de force du président Kais Saied, qui s'est octroyé le pouvoir exécutif qu'il vient encore de renforcer au détriment du gouvernement et du Parlement, auquel il va de facto se substituer en légiférant par décrets.