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Ex-espion empoisonné: la pression des Occidentaux se renforce sur la Russie


Moscow, Russie | AFP | jeudi 15/03/2018 - Les Etats-Unis, la France et l'Allemagne se sont joints jeudi à Londres pour désigner la Russie après l'empoisonnement d'un ex-espion russe en Angleterre, affichant un front commun occidental face à Moscou qui s'apprête à riposter aux sanctions britanniques.

En visite pour la première fois à Salisbury, où l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia sont hospitalisés depuis le 4 mars dans un état grave, la Première ministre britannique Theresa May a vanté "l'unité" de ses alliés face à la Russie.
"Cela s'est produit au Royaume-Uni mais cela aurait pu se produire n'importe où et nous sommes unis contre cela", a-t-elle déclaré.
Dans un communiqué commun, Londres, Berlin, Paris et Washington ont estimé que la responsabilité russe était la seule explication "plausible" à l'empoisonnement de l'ex-espion russe Sergueï Skripal, et demandé à Moscou de fournir toutes les informations sur le programme chimique Novitchok, un redoutable agent créé dans les années 1980 par des scientifiques soviétiques.
Ce front aggrave encore le climat de confrontation qui s'est installé ces dernières années entre la Russie et les Occidentaux, à quelques jours de la présidentielle russe dimanche et à trois mois du Mondial-2018 de football.
Après plusieurs jours d'accusations réciproques, Londres est passé aux actes mercredi. La Première ministre britannique Theresa May a annoncé devant son parlement l'expulsion de 23 diplomates russes et le gel des contacts bilatéraux avec la Russie, qu'elle a déclarée "coupable" de l'empoisonnement survenu le 4 mars à Salisbury en Angleterre.
"La position de la partie britannique nous semble absolument irresponsable", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Les mesures de riposte "ne se feront naturellement pas attendre".
"La décision sera prise par le président (...) et il n'y aucun doute qu'il choisira la version qui répond au mieux aux intérêts de la Russie", a précisé M. Peskov, estimant que l'empoisonnement de l'ex-espion russe présentait "tous les signes de provocation".
Le président russe Vladimir Poutine a réuni jeudi le Conseil de sécurité nationale pour évoquer notamment la situation autour de cette affaire.
 

- 'Détourner l'attention' -

 
Le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov a assuré que Moscou expulserait "obligatoirement" des diplomates britanniques, mais que la teneur de la réponse russe serait d'abord communiquée à Londres avant d'être rendue publique.
Il a par ailleurs accusé le gouvernement britannique d'utiliser l'empoisonnement pour "détourner l'attention" de ses difficultés liées au Brexit, sur le plan intérieur et dans ses relations avec l'Union européenne.
La Russie disposait jusqu'ici de 59 diplomates accrédités au Royaume-Uni. Les 23 diplomates ciblés, considérés par Londres comme des "agents de renseignement non déclarés", ont "une semaine" pour quitter le territoire. Il s'agit de la vague d'expulsion de diplomates russes par le Royaume-Uni la plus importante depuis la Guerre froide.
Londres n'enverra aucun représentant, diplomate ou membre de la famille royale, à la Coupe du monde de football cet été en Russie.
Les analystes ont noté que les sanctions britanniques restaient à ce stade plutôt modérées mais elles pourraient être suivies d'autres de la part des alliés de Londres.
Le président français Emmanuel Macron a indiqué qu'il annoncerait des mesures "dans les prochains jours".
 

- attaque 'extrêmement grave' -

 
Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, ont été victimes d'une attaque avec un agent innervant militaire -- de fabrication russe, selon les autorités britanniques -- à Salisbury, dans le sud-ouest de l'Angleterre.
Cette attaque contre un des pays de l'Otan est "extrêmement grave" et si la Russie cherche la confrontation, "nous serons en mesure de défendre tous nos membres", a averti jeudi le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg.
Le ministre britannique de la Défense, Gavin Williamson, a annoncé un investissement de 48 millions de livres (54 millions d'euros) dans la lutte contre les armes chimiques et la vaccination de milliers de soldats contre l'anthrax.
Déjà sommée de s'expliquer par Londres, Moscou martèle qu'elle ne coopérerait que si elle obtient l'accès à un échantillon de la substance ayant servi à l'empoisonnement.
Sur la BBC jeudi, le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson a accusé la Russie "d'aller trop loin dans la mauvaise direction": "Poutine ressent le fantôme de Staline. Il regarde autour de lui et voit l'Otan aux frontières de ce qui était l'Union soviétique. C'est pour cela qu'il cause des problèmes".

le Jeudi 15 Mars 2018 à 06:08 | Lu 171 fois