Tahiti, le 8 janvier 2020 – Après le drame du petit Hoane en octobre dernier qui a suscité beaucoup d'émotions, le gouvernement et l'assemblée se sont mobilisés fin 2019 pour résoudre les problèmes des évasans aux Marquises notamment en ouvrant les crédits pour l'achat de deux hélicoptères. Le rapport Igas, Iga, IGF sur le système de santé-solidarité présenté cette semaine par Tahiti Infos concluait en avril dernier que cet effort devait plutôt être engagé par l'Etat.
Si les élus de l'APF ont ainsi voté à l'unanimité, il y a un mois, en faveur de l'acquisition de deux hélicoptères pour un montant de 800 millions de Fcfp et devant être gérés par une société privée, ce choix n'était pas celui préconisé dans le rapport conjoint de l’Igas, de l’IGF et de l’Iga, commandé par le président de la Polynésie, et qui évoquait, six mois avant le drame, plutôt un renforcement de l'engagement de l'Etat dans un archipel où les évasans sont plus nombreuses qu'ailleurs et les chances des patients plus réduites.
Si les élus de l'APF ont ainsi voté à l'unanimité, il y a un mois, en faveur de l'acquisition de deux hélicoptères pour un montant de 800 millions de Fcfp et devant être gérés par une société privée, ce choix n'était pas celui préconisé dans le rapport conjoint de l’Igas, de l’IGF et de l’Iga, commandé par le président de la Polynésie, et qui évoquait, six mois avant le drame, plutôt un renforcement de l'engagement de l'Etat dans un archipel où les évasans sont plus nombreuses qu'ailleurs et les chances des patients plus réduites.
Plus de 1 100 évasans inter-marquises en 2017
L'archipel des Marquises est en effet le plus concerné par les évasans inter-iles, la proportion de la population faisant l'objet d'une évacuation y est en effet la plus importante. Avec 2 436 patients distincts évasanés en 2017, plus d'un marquisien sur quatre a fait l'objet d'au moins un transport sanitaire dans l'année (contre 1 sur 5 aux Tuamotu Gambier). Des transports qui concernent dans 7 cas sur 10 un trajet vers Tahiti, le reste étant un acheminement vers l’hôpital de Nuku Hiva. Sur 3 885 évasans organisées, 2 760 s'orientaient vers le CHPF alors que 1 125 concernaient un transport vers Taiohae.
Pour la mission d'inspection, les difficultés ne manquent pas : « les aéroports sont impraticables la nuit (sauf pour les avions militaires), l’accès à l’hôpital Louis Rollin à au moins une heure de l’aéroport de Nuku Hiva situé à l’opposé de l’île est difficile (conditions météo, trafic, encombrement de la route...) ». Des difficultés nombreuses qui amenaient en avril dernier à conclure que le transport des malades est « dans tous les cas complexe (...) et nécessairement long » et qu'« avec les moyens et l’organisation actuels ces temps de transfert inter-îles des Marquises ne pourront pas être diminués et réduisent les chances des patients » alors que plusieurs élus et responsables de l’hôpital avaient, bien avant le décès du nourrisson, pourtant évoqué l'intérêt d'un hélicoptère facilitant les transferts inter-îles des Marquises jusqu’à l’hôpital. Le drame d'octobre dernier a ainsi malheureusement mis en lumière ces handicaps et risques, pourtant connus de longue date.
Pour la mission d'inspection, les difficultés ne manquent pas : « les aéroports sont impraticables la nuit (sauf pour les avions militaires), l’accès à l’hôpital Louis Rollin à au moins une heure de l’aéroport de Nuku Hiva situé à l’opposé de l’île est difficile (conditions météo, trafic, encombrement de la route...) ». Des difficultés nombreuses qui amenaient en avril dernier à conclure que le transport des malades est « dans tous les cas complexe (...) et nécessairement long » et qu'« avec les moyens et l’organisation actuels ces temps de transfert inter-îles des Marquises ne pourront pas être diminués et réduisent les chances des patients » alors que plusieurs élus et responsables de l’hôpital avaient, bien avant le décès du nourrisson, pourtant évoqué l'intérêt d'un hélicoptère facilitant les transferts inter-îles des Marquises jusqu’à l’hôpital. Le drame d'octobre dernier a ainsi malheureusement mis en lumière ces handicaps et risques, pourtant connus de longue date.
Une question de rentabilité
Le rapport d'avril 2019 rappelle que si « un hélicoptère a fonctionné jusqu’en 2008, le service a été abandonné pour des raisons de coût » car s'il facilite indéniablement les transferts inter-îles des Marquises, un tel type de service se heurte à une double difficulté, à savoir la recherche d’un opérateur mais surtout de rentabilité. Le Président Fritch rappelait notamment en ouverture de la dernière session budgétaire que « l’exploitation d’un hélicoptère dans l’archipel aura un coût pour la collectivité car d’évidence, la rentabilité ne sera pas au rendez-vous, (…) raison du départ de la précédente compagnie ». Si un opérateur semble s'être manifesté, « l’activité de transport sanitaire ne serait qu’un complément à des activités lucratives de loisirs », selon le rapport. Ce qui pose la question de la disponibilité d'un prestataire en pleine excursion pour délaisser une activité commerciale en cas d'urgence. La solution civile et privée n'était pas celle privilégiée par la mission d'inspection qui préconisait subtilement un renforcement des moyens de l'Etat en la matière.
Compétence de la Polynésie et responsabilité de l'Etat
Si les élus du Pays ont opté pour l'acquisition d'hélicoptères, la mission d'inspection privilégiait un plus grand engagement de l'Etat en la matière. En effet, le rapport constate, après un décompte minutieux, que « la répartition des moyens héliportés des services de l’État (gendarmerie, sécurité civile, Samu, douanes, défense) entre les départements d’outre-mer et les collectivités d’outre-mer est inégale ». Avec seulement deux hélicoptères Dauphin, la Polynésie « est bien moins dotée que la Nouvelle Calédonie (…), ou que la Martinique (...) ou encore que la Guyane (…) ».
La mission conclue donc qu'« alors que la Polynésie est le territoire le plus étendu, il ne serait pas illégitime que l’État assure une meilleure allocation de ses moyens au bénéfice de ce territoire et participe à une couverture accrue des besoins des Marquises ». Une formulation polie qui revient à dire que, si la Polynésie est compétente pour l'organisation des transports sanitaires, l'Etat, qui s'est déjà engagé dans la participation à l'acquisition d'un bateau de sauvetage en mer aux Marquises, ne doit pas fuir ses responsabilités en la matière.
La mission conclue donc qu'« alors que la Polynésie est le territoire le plus étendu, il ne serait pas illégitime que l’État assure une meilleure allocation de ses moyens au bénéfice de ce territoire et participe à une couverture accrue des besoins des Marquises ». Une formulation polie qui revient à dire que, si la Polynésie est compétente pour l'organisation des transports sanitaires, l'Etat, qui s'est déjà engagé dans la participation à l'acquisition d'un bateau de sauvetage en mer aux Marquises, ne doit pas fuir ses responsabilités en la matière.