QUEBEC, 10 juil 2012 (AFP) - Courriel ou mail, mot-clic ou hashtag, réseautage ou networking: le français peine à s'imposer sur l'anglais pour rendre compte des nouvelles réalités numériques et économiques, vecteurs pourtant essentiels à l'expansion de la langue de Molière au XXIe siècle.
Est-ce un simple effet de mode ou une tendance lourde? Les francophones parviennent difficilement à créer de nouveaux mots pour décrire l'économie et les nouvelles technologies, ont regretté de nombreux experts réunis début juillet au premier Forum mondial sur la langue française à Québec.
Des pays ont francisé différents termes tricotés dans la Silicon Valley et à Wall Street, mais un lexique commun aux 220 millions de francophones demeure aux abonnés absents.
"Ce lexique commun de l'économie ou du monde des affaires n'existe toujours pas", déplore Louise Marchand, présidente de l'Office québécois de la langue française (OQLF), qui a mis en ligne son "dictionnaire terminologique" comprenant des traductions des termes récents de la finance, de la comptabilité, des nouvelles technologies, forgés dans la langue de Shakespeare.
"Cela fait partie du génie de la langue anglaise, d'être capable de créer des mots rapidement, efficacement et de faire en sorte qu'ils s'implantent. Pour créer des mots en français, il faut vraiment procéder très rapidement. Car à partir du moment où un mot en anglais est implanté, il est difficile de le déloger", dit-elle.
Ce qui est créé et implanté au Québec traverse difficilement l'Atlantique, pour s'imposer en Europe ou en Afrique. Et vice versa. Par exemple, qui, hormis les Québécois, utilise "pourriel" pour "spam", "baladodiffusion" pour "podcast", "clavardage" pour "chat"?
Le français est la troisième langue la plus utilisée sur la toile et les réseaux sociaux ainsi que dans le commerce international, selon des études citées au forum de Québec.
Malgré cela, "il existe un réel besoin de mettre en place une stratégie web 2.0 numérique et francophone. Un des premiers jalons dans cette stratégie réside dans la francisation de la terminologie numérique", estime Claude Malaison, spécialiste des communications numériques et d'entreprises.
Un tuyau pour l'Afrique
D'ici 2050, l'Afrique représentera 80% des quelque 700 millions de francophones dans le monde, selon les projections de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). "L'avenir de la Francophonie et de la langue française se joue en Afrique", souligne Milad Doueihi, professeur à l'université Laval de Québec.
Dans les années 90, l'OIF avait lancé le Fonds francophone des inforoutes pour favoriser la création de sites internet en Afrique francophone.
Mais aujourd'hui, "le plus important c'est l'accès" aux infrastructures (téléphonie, bande passante, wifi, etc.) pour faciliter la consultation, la création et la dissémination d'une production culturelle en français, estime M. Doueihi qui plaide aussi pour la numérisation du patrimoine francophone sans attendre le géant américain Google.
Des responsables de l'OIF ont d'ailleurs indiqué à Québec qu'une nouvelle stratégie numérique pourrait être à l'ordre du jour au Sommet de Kinshasa, en octobre.
Un meilleur accès à l'internet et la mise en place d'un web interactif vraiment francophone pourraient stimuler la création d'échanges entre entreprises francophones et le développement de sociétés au sud comme au nord de la Francophonie, ont plaidé des participants à Québec.
"C'est comme si nous étions les seuls au monde à douter que notre langue soit un atout fondamental de notre économie", a lancé Lionel Zinsou, influent banquier franco-béninois. Le français ne peut rester une "langue en conquête" s'il y a un "déclin relatif" de l'économie au sein des pays francophones.
Est-ce un simple effet de mode ou une tendance lourde? Les francophones parviennent difficilement à créer de nouveaux mots pour décrire l'économie et les nouvelles technologies, ont regretté de nombreux experts réunis début juillet au premier Forum mondial sur la langue française à Québec.
Des pays ont francisé différents termes tricotés dans la Silicon Valley et à Wall Street, mais un lexique commun aux 220 millions de francophones demeure aux abonnés absents.
"Ce lexique commun de l'économie ou du monde des affaires n'existe toujours pas", déplore Louise Marchand, présidente de l'Office québécois de la langue française (OQLF), qui a mis en ligne son "dictionnaire terminologique" comprenant des traductions des termes récents de la finance, de la comptabilité, des nouvelles technologies, forgés dans la langue de Shakespeare.
"Cela fait partie du génie de la langue anglaise, d'être capable de créer des mots rapidement, efficacement et de faire en sorte qu'ils s'implantent. Pour créer des mots en français, il faut vraiment procéder très rapidement. Car à partir du moment où un mot en anglais est implanté, il est difficile de le déloger", dit-elle.
Ce qui est créé et implanté au Québec traverse difficilement l'Atlantique, pour s'imposer en Europe ou en Afrique. Et vice versa. Par exemple, qui, hormis les Québécois, utilise "pourriel" pour "spam", "baladodiffusion" pour "podcast", "clavardage" pour "chat"?
Le français est la troisième langue la plus utilisée sur la toile et les réseaux sociaux ainsi que dans le commerce international, selon des études citées au forum de Québec.
Malgré cela, "il existe un réel besoin de mettre en place une stratégie web 2.0 numérique et francophone. Un des premiers jalons dans cette stratégie réside dans la francisation de la terminologie numérique", estime Claude Malaison, spécialiste des communications numériques et d'entreprises.
Un tuyau pour l'Afrique
D'ici 2050, l'Afrique représentera 80% des quelque 700 millions de francophones dans le monde, selon les projections de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). "L'avenir de la Francophonie et de la langue française se joue en Afrique", souligne Milad Doueihi, professeur à l'université Laval de Québec.
Dans les années 90, l'OIF avait lancé le Fonds francophone des inforoutes pour favoriser la création de sites internet en Afrique francophone.
Mais aujourd'hui, "le plus important c'est l'accès" aux infrastructures (téléphonie, bande passante, wifi, etc.) pour faciliter la consultation, la création et la dissémination d'une production culturelle en français, estime M. Doueihi qui plaide aussi pour la numérisation du patrimoine francophone sans attendre le géant américain Google.
Des responsables de l'OIF ont d'ailleurs indiqué à Québec qu'une nouvelle stratégie numérique pourrait être à l'ordre du jour au Sommet de Kinshasa, en octobre.
Un meilleur accès à l'internet et la mise en place d'un web interactif vraiment francophone pourraient stimuler la création d'échanges entre entreprises francophones et le développement de sociétés au sud comme au nord de la Francophonie, ont plaidé des participants à Québec.
"C'est comme si nous étions les seuls au monde à douter que notre langue soit un atout fondamental de notre économie", a lancé Lionel Zinsou, influent banquier franco-béninois. Le français ne peut rester une "langue en conquête" s'il y a un "déclin relatif" de l'économie au sein des pays francophones.