Tahiti, le 23 février 2025 - Un permis de construire contesté, des travaux menés en dépit des autorisations et des règles de sécurité, des riverains en danger, des impacts environnementaux non évalués : le chantier du Manutea Lodge, à Moorea, cristallise tensions et oppositions de la part de la commune, des habitants et de la fédération Tāhei ‘Autī ia Moorea. Un chantier qui serait d’ailleurs loin d'être un cas isolé sur l'île Sœur.
Le chantier du Manutea Lodge, situé à Pihaena, sur l'île de Moorea, est au cœur d'une polémique grandissante. Pour la fédération Tāhei ‘Autī ia Moorea – qui regroupe plusieurs associations de protection de l'environnement – le projet porte atteinte à l'environnement. Pour les riverains et la mairie, il constitue surtout une menace directe pour la sécurité publique. En cause : un permis de terrassement controversé, une succession d'entorses aux règles de l'urbanisme et des conséquences environnementales jugées alarmantes.
Malgré les remous, Jean-Michel Monot, propriétaire du terrain, n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations. Tout juste concède-t-il : “Pour le moment, j'ai un permis (de construire, NDLR) (...). C'est la fédération qui tire sur tout ce qui bouge en ce moment. Cette affaire est entre les mains de mes avocats.” Un ton laconique qui peine à occulter la bataille juridique qui se profile : la fédération a décidé de porter l'affaire devant le tribunal administratif, avec pour objectif l'annulation du permis de construire, estimé contraire aux exigences de sécurité et de protection environnementale.
Un permis contesté, un chantier hors de contrôle
Le permis initial n'aurait été délivré que pour l'aménagement du chemin d'accès menant aux parcelles et non pour leur terrassement. Une subtilité administrative qui a permis au projet d'échapper à l'obligation de réaliser une étude d'impact environnemental et un diagnostic géotechnique, pourtant cruciaux sur un terrain présentant des risques de glissements et d'éboulements. “La limite pour la réalisation d'une étude d'impact, c'est plus de 2 000 m2 de remblais. Il en a indiqué seulement 1 950 m2…”, relève un membre de l'association.
Mais très vite, le chantier prend une ampleur insoupçonnée. Des terrassements massifs sont effectués, bien au-delà des limites initialement autorisées. “On a dépassé largement les milliers de mètres cubes de remblais. On est bien au-dessus du seuil nécessitant une étude d'impact environnemental”, alerte ce défenseur de l’environnement, qui glisse aussi : “Une étude d'impact, c'est six mois d'attente, et le temps, c'est de l'argent. Mais ce sont des obligations fondamentales. On aurait au moins espéré que, malgré ces manquements, le chantier se déroule correctement... mais c'est un véritable chaos.”
Un chaos qui se traduit par un incident grave en août dernier : un bloc de pierre dévalant le chantier a terminé sa course dans la propriété d'une riveraine. 4 000 m³ de déblais ont été déversés en bord de rivière, sur un site instable et n'appartenant pas à Jean-Michel Monot. Pire encore, une partie des remblais aurait fini directement dans le lagon. “Ils ont tout simplement déposé des remblais sur un terrain qui ne leur appartient pas, en bord de rivière et du lagon, sans autorisation”, dénonce ce membre de la fédération Tāhei ‘Autī ia Moorea.
La sécurité des riverains menacée
Face à cette situation explosive, la mairie de Moorea a fini par intervenir. Le 4 décembre dernier, le tāvana signait un arrêté suspendant les travaux, après un échange épistolaire copieux avec la SARL Manutea Lodge. Un acte motivé par des risques avérés pour les riverains. “La construction n'est pas une compétence de la commune, mais lorsque la sécurité publique est menacée, nous avons le pouvoir d'intervenir. Or, il était clair que ce chantier présentait des dangers pour les habitants”, explique aujourd’hui Olivier Poté, directeur de l'environnement, des services techniques et de l'aménagement de la commune de Moorea. “On ne va pas tourner autour du pot : c'est un chantier dangereux.” L'inquiétude est telle que la mairie a envoyé des courriers à neuf propriétaires en contrebas du site, les mettant en garde contre un risque d'éboulement et invitant ces riverains à quitter leur domicile en cas de fortes pluies.
Mais l'arrêté municipal est resté sans effet. Manutea Lodge a poursuivi ses travaux en janvier, sans en tenir compte. Des preuves photographiques en attestent, selon la mairie, qui affirme vouloir transmettre le dossier au procureur. “Le parquet devra décider des poursuites contre la SARL qui a transgressé l'arrêté municipal”, précise Olivier Poté.
Un avenir en dents de scie
L'avenir du chantier est donc plus qu'incertain. La commune a déjà signifié son opposition à toute régularisation a posteriori du projet. En effet, il est possible de demander une régularisation du permis de construire – auprès de la Direction de la construction et de l'aménagement (DCA) – après le commencement des travaux. “De toute façon, tant que la commune n'a pas levé son interdiction, le chantier ne pourra pas avancer”, tranche Olivier Poté. “Ils nous ont soumis un plan de sécurisation, qui consiste notamment à purger les masses de terres instables... S'il nous convient, on autorisa seulement la reprise des travaux, mais seulement pour sécuriser le site. À partir du moment où le site sera, selon nous, sécurisé, les travaux pourront reprendre, si le permis de construire est régularisé bien sûr. Cependant, nous nous opposerons, même si ce n'est pas de notre compétence, à la régularisation de ce chantier.”
Le chantier du Manutea Lodge, situé à Pihaena, sur l'île de Moorea, est au cœur d'une polémique grandissante. Pour la fédération Tāhei ‘Autī ia Moorea – qui regroupe plusieurs associations de protection de l'environnement – le projet porte atteinte à l'environnement. Pour les riverains et la mairie, il constitue surtout une menace directe pour la sécurité publique. En cause : un permis de terrassement controversé, une succession d'entorses aux règles de l'urbanisme et des conséquences environnementales jugées alarmantes.
Malgré les remous, Jean-Michel Monot, propriétaire du terrain, n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations. Tout juste concède-t-il : “Pour le moment, j'ai un permis (de construire, NDLR) (...). C'est la fédération qui tire sur tout ce qui bouge en ce moment. Cette affaire est entre les mains de mes avocats.” Un ton laconique qui peine à occulter la bataille juridique qui se profile : la fédération a décidé de porter l'affaire devant le tribunal administratif, avec pour objectif l'annulation du permis de construire, estimé contraire aux exigences de sécurité et de protection environnementale.
Un permis contesté, un chantier hors de contrôle
Le permis initial n'aurait été délivré que pour l'aménagement du chemin d'accès menant aux parcelles et non pour leur terrassement. Une subtilité administrative qui a permis au projet d'échapper à l'obligation de réaliser une étude d'impact environnemental et un diagnostic géotechnique, pourtant cruciaux sur un terrain présentant des risques de glissements et d'éboulements. “La limite pour la réalisation d'une étude d'impact, c'est plus de 2 000 m2 de remblais. Il en a indiqué seulement 1 950 m2…”, relève un membre de l'association.
Mais très vite, le chantier prend une ampleur insoupçonnée. Des terrassements massifs sont effectués, bien au-delà des limites initialement autorisées. “On a dépassé largement les milliers de mètres cubes de remblais. On est bien au-dessus du seuil nécessitant une étude d'impact environnemental”, alerte ce défenseur de l’environnement, qui glisse aussi : “Une étude d'impact, c'est six mois d'attente, et le temps, c'est de l'argent. Mais ce sont des obligations fondamentales. On aurait au moins espéré que, malgré ces manquements, le chantier se déroule correctement... mais c'est un véritable chaos.”
Un chaos qui se traduit par un incident grave en août dernier : un bloc de pierre dévalant le chantier a terminé sa course dans la propriété d'une riveraine. 4 000 m³ de déblais ont été déversés en bord de rivière, sur un site instable et n'appartenant pas à Jean-Michel Monot. Pire encore, une partie des remblais aurait fini directement dans le lagon. “Ils ont tout simplement déposé des remblais sur un terrain qui ne leur appartient pas, en bord de rivière et du lagon, sans autorisation”, dénonce ce membre de la fédération Tāhei ‘Autī ia Moorea.
La sécurité des riverains menacée
Face à cette situation explosive, la mairie de Moorea a fini par intervenir. Le 4 décembre dernier, le tāvana signait un arrêté suspendant les travaux, après un échange épistolaire copieux avec la SARL Manutea Lodge. Un acte motivé par des risques avérés pour les riverains. “La construction n'est pas une compétence de la commune, mais lorsque la sécurité publique est menacée, nous avons le pouvoir d'intervenir. Or, il était clair que ce chantier présentait des dangers pour les habitants”, explique aujourd’hui Olivier Poté, directeur de l'environnement, des services techniques et de l'aménagement de la commune de Moorea. “On ne va pas tourner autour du pot : c'est un chantier dangereux.” L'inquiétude est telle que la mairie a envoyé des courriers à neuf propriétaires en contrebas du site, les mettant en garde contre un risque d'éboulement et invitant ces riverains à quitter leur domicile en cas de fortes pluies.
Mais l'arrêté municipal est resté sans effet. Manutea Lodge a poursuivi ses travaux en janvier, sans en tenir compte. Des preuves photographiques en attestent, selon la mairie, qui affirme vouloir transmettre le dossier au procureur. “Le parquet devra décider des poursuites contre la SARL qui a transgressé l'arrêté municipal”, précise Olivier Poté.
Un avenir en dents de scie
L'avenir du chantier est donc plus qu'incertain. La commune a déjà signifié son opposition à toute régularisation a posteriori du projet. En effet, il est possible de demander une régularisation du permis de construire – auprès de la Direction de la construction et de l'aménagement (DCA) – après le commencement des travaux. “De toute façon, tant que la commune n'a pas levé son interdiction, le chantier ne pourra pas avancer”, tranche Olivier Poté. “Ils nous ont soumis un plan de sécurisation, qui consiste notamment à purger les masses de terres instables... S'il nous convient, on autorisa seulement la reprise des travaux, mais seulement pour sécuriser le site. À partir du moment où le site sera, selon nous, sécurisé, les travaux pourront reprendre, si le permis de construire est régularisé bien sûr. Cependant, nous nous opposerons, même si ce n'est pas de notre compétence, à la régularisation de ce chantier.”

Ils ont tout simplement déposé des remblais sur un terrain qui ne leur appartient pas, en bord de rivière et du lagon, sans autorisation”, dénonce ce membre de la fédération Tāhei ‘Autī ia Moorea. Crédit photo : Fédération Tāhei ‘Autī ia Moorea.
L'affaire pourrait également avoir un développement devant la justice administrative, après le recours déposé par la fédération devant le tribunal administratif de Papeete. Si le permis est annulé, la SARL devra repartir à zéro pour redemander un nouveau permis de construire. En attendant, une pétition signée par 200 riverains réclame déjà l'arrêt définitif du projet. “On ne peut pas continuer à construire sans études, sans autorisation. On est contre ces agissements, c'est trop facile. Il y a des règles à respecter”, insiste une riveraine.
Un cas loin d'être isolé à Moorea
Reste que le cas du Manutea Lodge semble ne pas être isolé, sur l’île Sœur. “Plusieurs chantiers illégaux existent à Moorea, notamment en fond de vallée, là où ils peuvent passer sous les radars”, reconnaît Olivier Poté. “Mais celui de Jean-Michel Monot est plus visible, on le voit depuis la route de ceinture et le lagon.”
Déterminée à rompre avec ces pratiques, la commune prévient : “Il faut sortir de cette logique et de ces pratiques anciennes qui consistent à démarrer un chantier sans autorisation puis à demander une régularisation. Se faire attraper par la police et demander une régularisation ? On ne peut pas continuer comme ça. On ne laissera plus aucun chantier se poursuivre dans ces conditions, on s'opposera systématiquement à sa régularisation désormais.”
Une intention et un combat que la fédération Tāhei ‘Autī ia Moorea approuve : “Les premières pentes de Moorea vont bientôt être toutes concernées par de nouveaux projets de construction. Nous voulons que cela se fasse dans les règles, correctement, et c'est tout le sens de notre démarche”, conclut l'un de ses membres.