Tahiti Infos

Enquête sur des marchés publics à Punaauia


Tahiti, le 14 février 2023 – L'information bruisse désormais largement. Deux élus de la majorité à Punaauia ont été entendus en auditions libres ces dernières semaines à la section de recherches de la gendarmerie à Papeete. Des investigations qui font suite à un courrier de “dénonciation”, émanant de la majorité même de Simplicio Lissant début 2022, contre l'octroi de marchés publics par la commune au fils de la première adjointe Cathy Puchon.

C’est un secret de Polichinelle dans les rangs des partis politiques en lice pour les prochaines élections territoriales. Une enquête judiciaire impliquant notamment le maire de Punaauia, Simplicio Lissant, et sa première adjointe, Cathy Puchon, est en cours auprès de la section de recherches de la gendarmerie à Papeete. Difficile pour l'heure de connaître l'état d'avancement exact des investigations menées par les enquêteurs, mais deux élus de la majorité Te Hotu Rau de Simplicio Lissant ont été entendus dans le cadre “d'auditions libres” à la gendarmerie à Papeete ces dernières semaines.

Selon les informations recueillies par Tahiti Infos, c'est un courrier de “dénonciation” d'une conseillère municipale de la majorité, adressé en février 2022 au procureur de la République de Papeete et au haut-commissaire, qui est à l'origine de cette enquête. L'élue y affirme qu'au moment de la crise Covid, un marché public de la commune de Punaauia pour des conteneurs aménagés dépassant le seuil des 20 millions de Fcfp a été attribué à la société du fils de la première adjointe, Cathy Puchon, sans avis d'appel public à la concurrence et sans passage par la commission d'appel d'offres. Mais surtout, ce marché a été attribué sous la signature du maire de la commune, Simplicio Lissant, à la suite du refus de son délégataire, le deuxième adjoint Nicolas Bertholon, de signer ce bon de commande en faveur du fils d'une élue de la commune. L'élue auteure de la dénonciation au procureur avait à l'époque indiqué que ce signalement constituait pour elle “un devoir moral en tant qu'élue mais aussi en tant qu'administrée”.
 
Des “marchés litigieux”
 
C'est à la suite de ce signalement que l'élue auteure du courrier et le deuxième adjoint en charge des finances de la commune, Nicolas Bertholon, ont été interrogés récemment par les gendarmes. Contacté par Tahiti Infos, le deuxième adjoint de la commune confirme avoir été interrogé “pendant plus de six heures” à la gendarmerie de Sainte Amélie il y a trois semaines. Nicolas Bertholon affirme avoir d'abord répondu aux questions des enquêteurs à propos d'un premier “marché litigieux” dont il assure ignorer la teneur. “Je n'étais pas du tout au courant de ce marché d'acquisition de matériel dont les gendarmes me parlaient, puisqu'il s'agissait d'un dossier conclu un an avant mon arrivée à la mairie en 2020.” Mais le deuxième adjoint confirme également avoir été auditionné sur son refus de signer les fameux “bons de commande” pour la société du fils de la première adjointe Cathy Puchon. “Je leur ai confirmé que j'avais refusé de signer, car j'avais appris qu'il s'agissait du fils de notre première adjointe et que ces bons étaient selon moi irréguliers”.
 
Nicolas Bertholon affirme avoir informé son tāvana de son refus de s'occuper de ce dossier, traité ensuite par Simplicio Lissant et son directeur général des services. “Je travaille étroitement avec le maire et je lui ai rendu compte de mon audition à la gendarmerie. Il est parfaitement au courant. Il a pris acte de cette information et m'a dit qu'il allait faire le nécessaire pour voir ce qu'il en était. Depuis je n'ai plus eu d'informations de sa part”, affirme Nicolas Bertholon. Contacté mardi sur ce sujet, le tāvana Simplicio Lissant n'a pas souhaité faire de commentaires. Pas plus que la première adjointe Cathy Puchon. “Je ne veux pas m'étaler là-dessus. On attend qu'on nous auditionne”, a simplement répondu l'élue de Punaauia.
 
Reste que cette affaire commence à interroger au sein du parti majoritaire où Simplicio Lissant est jusqu'ici visiblement pressenti pour mener la section 3 (Punaauia-Faa'a). “C'est compliqué, parce que l'information circule chez nos adversaires et commence à faire du bruit chez nous”, indique-t-on dans les rangs du Tapura de Punaauia.
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun et Antoine Samoyeau le Mardi 14 Février 2023 à 20:58 | Lu 5893 fois