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Energies : le monopole de l’Edt ébranlé sur fond d’incitation aux renouvelables


Energies : le monopole de l’Edt ébranlé sur fond d’incitation aux renouvelables
Après une joute verbale qui aura duré toute la journée, entre le ministre de l’Energie, Jacky Bryant, et les conseillers de l’opposition, l’Assemblée a adopté la loi de Pays "relative aux principes directeurs de la politique énergétique de la Polynésie française", jeudi 6 décembre lors de la huitième séance de la session budgétaire.

Cette loi de Pays fixe l’objectif et développe diverses mesures pour atteindre 50% minimum de production électrique issue de l’exploitation des énergies renouvelables en 2020, alors que cette part est voisine de 30% aujourd’hui et n’a cessé de baisser au cours de la dernière décennie.

La loi plafonne également à 50% la part d’un producteur donné dans la production totale des énergies renouvelables (article LP 10). Au coeur des débats jeudi, cette disposition vise à limiter les risques et les abus de position dominante, notamment celle du groupe Electricité de Tahiti (Edt) visé de facto.

Une mauvaise nouvelle pour l'Edt qui se trouve dorénavant considérablement handicapé dans son développement, ne pouvant plus prétendre à aucune aide, ni incitation, de la part du Pays pour tout nouveau projet de centrale thermique et qui se voit empêché d’investir sur un quelconque projet dans la filière des renouvelables.

Une mesure législative qui ébranle le monopole de la filiale polynésienne du géant métropolitain Gdf-Suez et ouvre un champ libre pour l’implantation d’un nouvel investisseur, sur le territoire.

La place aménagée par cette loi de Pays pour ce nouveau producteur est au moins égale, en termes de production d’énergies renouvelables, à la part fournie par l’Edt dans ce domaine, en Polynésie : 30% de la production énergétique disponible globale. Reste que ce nouveau producteur demeure hypothétique à ce jour alors que l'Edt est désormais freinée dans son expansion et que le besoin en énergie du pays connaît une croissance annuelle de l'ordre de 2 à 3%.

Ce texte a cependant pour ambition d’accroître l’autonomie énergétique du Pays en définissant les principes directeurs d’une mutation de la production d’électricité, d’un modèle ayant aujourd’hui principalement recours aux énergies fossiles (70%) vers un modèle reposant au moins pour moitié sur les sources d'énergie renouvelables.

La filiale polynésienne du groupe Gdf-Suez, produit près de 600 gigawatt-heure (GWh) par an, dont un peu moins de 160 GWh sont issus de centrales hydroélectriques, via sa filiale Marama Nui, détenue à 56%. Le groupe Edt n’a cessé de réduire cette part (-30%), au bénéfice d’investissements dans la production d’énergie issue de centrales thermiques, beaucoup plus rentables, depuis le renouvellement de sa concession trentenaire pour la fourniture et la distribution d’énergies, signée en 2000 avec la Polynésie française.

Ce choix stratégique n'est pas sans conséquence sur le déficit du Fond de régulation du prix des hydrocarbures, dans lequel près des deux tiers du volume de carburant subventionné est du "fioul Edt" en 2012. Le déficit prévisionnel du FRPH est évalué à 2,022 milliards au 31 décembre de cette année.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 6 Décembre 2012 à 19:23 | Lu 2610 fois