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En marche pour les Européennes


Les élections européennes se dérouleront le 8 juin prochain (tour unique). Les eurodéputés sont élus pour cinq ans.  credit photo AFP
Les élections européennes se dérouleront le 8 juin prochain (tour unique). Les eurodéputés sont élus pour cinq ans. credit photo AFP
Tahiti, le 23 février 2024 – Les élections européennes doivent se dérouler le 8 juin prochain en Polynésie. Boudées par les électeurs avec un taux de participation de 22% en 2019, le défi sera de mobiliser les troupes pour ce scrutin. Les partis locaux commencent à s'organiser et à faire acte de candidature.
 
C'est l'élection qui attire le moins les Polynésiens avec un taux de participation qui a péniblement atteint 22% en 2019. Pour le scrutin prévu le 8 juin prochain, il va donc falloir se mettre en quatre pour faire déplacer les électeurs dans les bureaux de vote. C'est en tout cas ce que compte faire Moerani Frébault, qui a fait acte de candidature auprès de Renaissance et qui est soutenu localement par le Tapura d'Édouard Fritch dont le conseil politique s'est réuni ce jeudi soir. Mais pas seulement. “Je suis aussi soutenu par les autres autonomistes”, a en effet indiqué à Tahiti Infos le fils de la représentante des Marquises, Joëlle Frébault, en citant le Amuitahiraa de Gaston Flosse, et le Ia ora te nunaa de Teva Rohfritsch. “Mais je ne veux pas m'avancer...les discussions sont en cours”, ajoute-il prudent.
 
Et il fait bien car il n'aura visiblement pas le soutien de tous les autonomistes, A here ia Porinetia n'ayant jamais caché son aversion pour le parti d'Emmanuel Macron. Concernant la candidature de Moerani Frébault,“on n'a pas été informés”, nous assure Nuihau Laurey qui aimerait néanmoins bien qu'il y ait “un Polynésien en position éligible sur les 81 députés”. Le préalable, c'est de réunir le conseil politique du parti sur ce sujet précis et ce sera en mars prochain. Il souhaite en effet “un vrai débat” pour discuter des “enjeux” pour la Polynésie qui ne sont “pas les mêmes que pour les autres collectivités”, et prendre une décision.
 
L'eurodéputé Éric Minardi “pas sûr” de rempiler
 
Sans être encore sûr d'être adoubé par Renaissance, Moerani Frébault semble en tout cas déjà très investi par ces élections européennes : “Il faut que les gens s'y intéressent et comprennent l'étendue des interventions de l'Europe dans le Pacifique et les leviers financiers que cela représente comme pour l'assainissement de la ville de Papeete par exemple ou la politique sectorielle de l'eau.”
L'actuel eurodéputé Éric Minardi n'est de son côté pas sûr d'être en position éligible cette fois-ci. Placé 25e sur la liste du Rassemblement National en 2019, il n'avait pas pu être élu à ce moment-là mais avait finalement pu accéder au Parlement européen en 2022. En effet, la percée historique du RN aux élections législatives et la loi sur le non-cumul des mandats avaient permis au président du Te Nati-Rassemblement national polynésien d'accéder au Parlement européen.

Pour 2024, il n'est pas sûr d'être en position éligible mais il fera quand même campagne, nous a-t-il assuré. Mais pour quoi faire finalement ? Après deux ans en tant qu'eurodéputé, les Polynésiens en ont-ils retiré un quelconque intérêt ? “On a réussi à avoir des fonds pour l'eau potable dans l'Outre-mer, mais je me bats contre des gens qui me disent qu'en Polynésie, vous ne votez pas ! C'est un vrai problème de défendre des dossiers dans ces cas-là”, se défend-t-il.
 
L'inconnue du Tavini

En 2019, comme dans l'Hexagone, ce sont les écologistes qui étaient arrivés en troisième position, Europe écologie étant représentée en Polynésie par “Heiura les Verts” de Jacky Bryant que nous n'avons pas réussi à joindre.
Du côté du Tavini, pas de réponse non plus pour l'instant malgré différentes tentatives auprès de différents élus. Moetai Brotherson nous a simplement assuré que “comme pour les territoriales”, il “n'est pas en charge” de ces élections européennes. C'est au président du parti Oscar Temaru de décider.

En 2019 en tout cas, le Tavini n'avait pas ameuté les foules avec moins de 200 personnes sous le chapiteau de Vaitupa. Oscar Temaru avait proposé de détourner localement le scrutin des européennes pour passer un message à l'État français en soumettant le principe d'un vote Mā'ohi Nui. “L'idée, expliquait-il alors, est que la population se prononce démocratiquement sur l'avenir de notre pays en utilisant cette plate-forme des Européennes. C'est une élection qui n'intéresse personne avec un très faible taux de participation, mais cette fois-ci, nous demandons à la population de glisser un bulletin ‘Mā'ohi Nui’ dans les urnes.”

Rédigé par Stéphanie Delorme le Lundi 26 Février 2024 à 07:39 | Lu 1525 fois