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En grève et dans la rue, les médecins libéraux exigent un meilleur traitement


Emmanuel DUNAND / AFP
Emmanuel DUNAND / AFP
Paris, France | AFP | mardi 14/02/2023 - Cabinets médicaux fermés, SOS Médecins en grève et manifestation à Paris: remontés contre l'Assurance maladie et le gouvernement, les praticiens libéraux continuent à faire pression mardi, pour obtenir de meilleurs tarifs et bloquer une réforme qui facilite l'accès à d'autres soignants.

Unis comme rarement, tous les syndicats de médecins libéraux, des généralistes aux spécialistes, des internes aux remplaçants, affirment que "l'heure est cruciale pour la profession". Dénonçant rien moins qu'un "démantèlement de la médecine en France et la destruction de notre système de santé", onze organisations appellent "à la grève ce mardi" et à "une manifestation unitaire à Paris".

Difficile de mesurer la mobilisation en début de journée. A Paris et ses environs, plusieurs cabinets médicaux contactés par l'AFP ont indiqué ne pas compter de grévistes dans leurs rangs. Mais une maison de santé du sud de la capitale a fait état de "trois médecins qui font grève aujourd'hui" et qui "ont prévu d'aller manifester".

Rendez-vous est donné près du ministère de la Santé, pour un départ vers 13H00 en direction du Sénat, où une proposition de loi sur "l'accès direct" à certains paramédicaux (infirmiers, kinés, orthophonistes) doit être examinée en fin de journée. Un texte accusé de "mettre en danger la santé" de la population "en contournant la fonction de coordination du médecin traitant". Même l'Ordre des médecins s'en est ému, pointant le risque d'une "médecine à deux vitesses" et annonçant sa présence dans le cortège.

Des arguments battus en brèche par leur ministre François Braun, qui a affirmé mardi sur franceinfo que cette réforme "replace le médecin traitant de façon centrale dans la prise en charge" et vise à "donner plus de temps de soin". "Nous avons des besoins qui augmentent (et) un nombre de médecins qui va diminuer", a-t-il ajouté, disant "comprendre leur inquiétude, pas leur hostilité".

"Donnant-donnant"

Le mécontentement se mesurera au nombre de manifestants. Les syndicats espèrent faire mieux que leur défilé du 5 janvier, qui avait rassemblé entre 2.300 et 4.000 praticiens.

Une jauge qui pourrait être dépassée, car la colère a encore enflé début février, quand l'Assurance maladie a proposé une hausse d'à peine 1,50 euro de la consultation de base - de 25 à 26,50 euros. "Une provocation" pour les syndicats, qui n'attendent pas moins de 30 euros, montant que M. Braun lui-même a jugé "pas absurde".

D'autres réclament un acte à 50 euros, comme le collectif Médecins pour demain, à l'origine de précédentes fermetures des cabinets en décembre et pendant les Fêtes. Sa présidente Sophie Bauer a estimé sur franceinfo qu'il en coûterait "5 milliards d'euros", le prix à payer selon elle pour "rattraper des années d'indigence".

"La négociation n'est pas terminée", a répondu sur France Inter le directeur de l'Assurance maladie, Thomas Fatôme, soulignant que son offre représente déjà 500 millions d'euros, soit "7.000 euros d'honoraires supplémentaires" par an et par médecin.

Avant de recevoir à nouveau les syndicats jeudi, il s'est dit prêt à "aller plus loin dans ces revalorisations, mais dans une logique de donnant-donnant". Des contreparties sont donc attendues, afin que les médecins s'engagent à "prendre davantage de patients, faire des gardes, assurer des soins non-programmés", a-t-il précisé.

Cette ligne reste soutenue par le gouvernement, dont le porte-parole Olivier Véran a expliqué sur France 2 qu'"il faut aussi que cet effort financier puisse aider au changement des pratiques", tout en rappelant que l'exécutif veut aussi augmenter le nombre d'assistants médicaux subventionnés, afin "que le temps médical disponible soit du temps médical utile pour les malades qui en ont besoin".

le Mardi 14 Février 2023 à 03:02 | Lu 175 fois