Romainville, France | AFP | jeudi 21/09/2017 - "Pourquoi ne pas raser les cimetières tant qu'on y est?" A Romainville ou Gentilly, des habitants se mobilisent contre la "bétonisation" de la petite couronne parisienne qui attire des promoteurs en quête de foncier bon marché.
"Prochainement sur ce site, des appartements du studio aux 4 pièces" peut-on lire sur la façade d'une ancienne méthanerie à Romainville (Seine-Saint-Denis). Sur le trottoir d'en face, Les Nouveaux Constructeurs ont installé leur espace de vente dans une ferme datant du XVIIe siècle.
Pour faire venir les Parisiens qui ne peuvent plus se loger dans la capitale, les promoteurs vantent "l'esprit village" de ce gros bourg de 25.000 habitants qui ne sera plus qu'à un quart d'heure en métro du centre de Paris en 2022.
Mais cette frénésie immobilière dont témoignent les grues qui balaient le ciel et le vacarme des marteaux-piqueurs ne va pas sans susciter l'opposition d'un nombre croissant d'habitants qui ne veulent pas voir cette ancienne cité ouvrière devenir le "petit Dubaï d'Ile-de France".
"On m'avait dit que c'était une ville où il faisait bon vivre. Il y a eu des améliorations au début mais, depuis quatre ou cinq ans, c'est une catastrophe" affirme Khélifa, "Romainvillois d'adoption depuis 14 ans".
"On a l'impression que la ville appartient aux promoteurs", ajoute le quarantenaire en désignant des nouveaux immeubles de 28 mètres de haut aux couleurs pastels évoquant "Disneyland" et le trou laissé par la démolition cet été du marché couvert, une halle métallique datant de 1922.
"Aujourd'hui, le Grand Paris, c'est carte blanche aux promoteurs", abonde Pascal Mage, président de l'association Mur à pêches de Montreuil.
"A Bagnolet, on réduit les trottoirs pour construire. A Bondy, on vend un lavoir du XIXe. A Montreuil, on bâtit des écoles dans des squares, des piscines dans des jardins horticoles : où est-ce qu'on va aller comme ça?".
"hyperdensifier"
A Gentilly (Val-de-Marne), des riverains se mobilisent pour préserver un "îlot vert" d'un demi-hectare des appétits des promoteurs, dans une ville où la densité est déjà très élevée (14.000 habitants au km2).
Trois grands noms du BTP ont ainsi répondu à un appel d'offres lancé par la Métropole du Grand Paris pour construire des logements dans ce "poumon vert" qui n'occupe que 0,3% de la surface communale, mais est "essentiel" au bien-être des habitants, selon Bertrand Ducos.
Cofondateur de la toute nouvelle "Coordination de préservation des espaces verts et publics d'Ile-de-France", il dénonce une "volonté d'+hyperdensifier+ sur la petite couronne, avec des municipalités qui n'ont pas de vision ou ne la partagent pas avec les habitants".
A Romainville, l'exaspération se nourrit aussi du soupçon que la municipalité brade le foncier depuis qu'elle a été épinglée par la cour des comptes pour avoir cédé des parcelles à un prix inférieur de 80% à celui des domaines. Soit un manque à gagner d'une dizaine de millions d'euros pour une commune où près d'un habitant sur trois est sous le seuil de pauvreté.
Face à des opposants qualifiés de "passéistes", la maire Corinne Valls (DVG) défend la nécessité d'augmenter l'offre de logements. Et ce, sans faire de cadeaux au promoteurs, mais en leur imposant au contraire "les prix les plus bas pour les logements sociaux en accession" et de participer au financement des équipements publics, de la voirie et des espaces verts.
"L'idée n'est pas que la ville soit figée, mais on doit imposer un cadre aux promoteurs", répond Julie Lefebvre de l'association Patrimoine et Environnement. Son modèle? Une ville comme Pantin, en Seine-Saint-Denis, qui n'est pas une simple "juxtaposition de projets immobiliers" et "où l'on réhabilite le patrimoine au lieu de le détruire".
"Avant, ça respirait beaucoup plus. Les gens avaient où s'asseoir et discuter. Aujourd'hui, on bétonne à tout va. Pourquoi ne pas raser les cimetières tant qu'on y est?", s'interroge Mohamed Boughanmi de l'association Spoutnik-DAL. Et cette figure de la cité Gagarine d'ajouter: "Romainville, ce n'est pas qu'une plaquette immobilière. Des gens y habitent".
"Prochainement sur ce site, des appartements du studio aux 4 pièces" peut-on lire sur la façade d'une ancienne méthanerie à Romainville (Seine-Saint-Denis). Sur le trottoir d'en face, Les Nouveaux Constructeurs ont installé leur espace de vente dans une ferme datant du XVIIe siècle.
Pour faire venir les Parisiens qui ne peuvent plus se loger dans la capitale, les promoteurs vantent "l'esprit village" de ce gros bourg de 25.000 habitants qui ne sera plus qu'à un quart d'heure en métro du centre de Paris en 2022.
Mais cette frénésie immobilière dont témoignent les grues qui balaient le ciel et le vacarme des marteaux-piqueurs ne va pas sans susciter l'opposition d'un nombre croissant d'habitants qui ne veulent pas voir cette ancienne cité ouvrière devenir le "petit Dubaï d'Ile-de France".
"On m'avait dit que c'était une ville où il faisait bon vivre. Il y a eu des améliorations au début mais, depuis quatre ou cinq ans, c'est une catastrophe" affirme Khélifa, "Romainvillois d'adoption depuis 14 ans".
"On a l'impression que la ville appartient aux promoteurs", ajoute le quarantenaire en désignant des nouveaux immeubles de 28 mètres de haut aux couleurs pastels évoquant "Disneyland" et le trou laissé par la démolition cet été du marché couvert, une halle métallique datant de 1922.
"Aujourd'hui, le Grand Paris, c'est carte blanche aux promoteurs", abonde Pascal Mage, président de l'association Mur à pêches de Montreuil.
"A Bagnolet, on réduit les trottoirs pour construire. A Bondy, on vend un lavoir du XIXe. A Montreuil, on bâtit des écoles dans des squares, des piscines dans des jardins horticoles : où est-ce qu'on va aller comme ça?".
"hyperdensifier"
A Gentilly (Val-de-Marne), des riverains se mobilisent pour préserver un "îlot vert" d'un demi-hectare des appétits des promoteurs, dans une ville où la densité est déjà très élevée (14.000 habitants au km2).
Trois grands noms du BTP ont ainsi répondu à un appel d'offres lancé par la Métropole du Grand Paris pour construire des logements dans ce "poumon vert" qui n'occupe que 0,3% de la surface communale, mais est "essentiel" au bien-être des habitants, selon Bertrand Ducos.
Cofondateur de la toute nouvelle "Coordination de préservation des espaces verts et publics d'Ile-de-France", il dénonce une "volonté d'+hyperdensifier+ sur la petite couronne, avec des municipalités qui n'ont pas de vision ou ne la partagent pas avec les habitants".
A Romainville, l'exaspération se nourrit aussi du soupçon que la municipalité brade le foncier depuis qu'elle a été épinglée par la cour des comptes pour avoir cédé des parcelles à un prix inférieur de 80% à celui des domaines. Soit un manque à gagner d'une dizaine de millions d'euros pour une commune où près d'un habitant sur trois est sous le seuil de pauvreté.
Face à des opposants qualifiés de "passéistes", la maire Corinne Valls (DVG) défend la nécessité d'augmenter l'offre de logements. Et ce, sans faire de cadeaux au promoteurs, mais en leur imposant au contraire "les prix les plus bas pour les logements sociaux en accession" et de participer au financement des équipements publics, de la voirie et des espaces verts.
"L'idée n'est pas que la ville soit figée, mais on doit imposer un cadre aux promoteurs", répond Julie Lefebvre de l'association Patrimoine et Environnement. Son modèle? Une ville comme Pantin, en Seine-Saint-Denis, qui n'est pas une simple "juxtaposition de projets immobiliers" et "où l'on réhabilite le patrimoine au lieu de le détruire".
"Avant, ça respirait beaucoup plus. Les gens avaient où s'asseoir et discuter. Aujourd'hui, on bétonne à tout va. Pourquoi ne pas raser les cimetières tant qu'on y est?", s'interroge Mohamed Boughanmi de l'association Spoutnik-DAL. Et cette figure de la cité Gagarine d'ajouter: "Romainville, ce n'est pas qu'une plaquette immobilière. Des gens y habitent".