Wellington, Nouvelle-Zélande | AFP | lundi 31/03/2019 - Le Parlement néo-zélandais examine cette semaine un durcissement des lois sur les armes dans la foulée du carnage des mosquées de Christchurch, une réforme qui fait consensus jusque dans les rangs du lobby des propriétaires d'armes à feu.
Le contraste ne pourrait être plus fort avec les Etats-Unis, où la moindre tentative de toucher à la législation sur les armes est entravée par la farouche résistance de la National Rifle Association (NRA). En Nouvelle-Zélande, même les propriétaires d'armes pensent que les choses doivent changer.
L'électrochoc aura été le massacre du 15 mars dans deux mosquées de Christchurch, où 50 fidèles ont été abattus par un suprémaciste blanc australien.
"Nous voulons soutenir tous les changements que notre gouvernement décidera pour empêcher un nouvel attentat terroriste en Nouvelle-Zélande", a déclaré Nicole McKee, secrétaire du Conseil des propriétaires d'armes à feu sous licence.
Moins d'une semaine après le carnage, la Première ministre Jacinda Ardern avait annoncé l'interdiction des armes semi-automatiques de type militaire (MSSA). La réforme sera présentée mardi au Parlement.
Il faut généralement des mois pour que ce genre de loi passe, mais Mme Ardern a jugé le sujet d'une urgence telle qu'elle devait être votée d'ici le 11 avril.
D'autres mesures devraient être prises avant la fin de l'année parmi lesquelles, potentiellement, la création d'un registre des armes, un renforcement des contrôles préalables à la délivrance de permis de port d'arme ainsi que des exigences plus fortes en matière de stockage des armes.
Chose impensable aux Etats-Unis, l'une des plus grandes armureries néo-zélandaises, Hunting & Fishing, a pris l'initiative d'arrêter de vendre des fusils semi-automatiques de type militaire et suspendu ses ventes d'armes en ligne.
"Ce genre d'armes de guerre n'ont pas leur place dans notre entreprise, ou notre pays", a déclaré le directeur général de Hunting & Fishing Darren Jacobs.
La Nouvelle-Zélande a sa propre National Rifle Association. Mais depuis le massacre de Christchurch, celle-ci ne cesse de rappeler qu'elle n'est qu'une petite association sportive, et non le riche et influent lobby qu'est la NRA américaine.
"Nos membres tirent sur des cibles en papier avec des fusils à verrou à un coup", explique son président Malcolm Dodson.
La NRA néo-zélandaise envisagerait même un changement de nom pour mieux se distinguer de la très controversée association américaine.
La Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis présentent bien des similitudes. Voici deux anciennes colonies britanniques dont les populations d'origine européenne ont combattu les peuples indigènes et forgé au 19ème siècle une mentalité de pionniers repoussant sans cesse la "frontière".
Mais les deux pays ont une attitude fondamentalement différente sur les armes à feu, comme l'illustrent des statistiques frappantes.
En 2016, la Nouvelle-Zélande (4,7 millions d'habitants) a enregistré neuf homicides par arme à feu. Aux Etats-Unis (327 millions d'habitants), il y en a eu 14.415, soit un taux par habitant 23 fois supérieur.
On dénombre aux Etats-Unis environ 393 millions d'armes aux mains de la population, soit 1,2 par habitant. Il y en a 1,5 million en Nouvelle-Zélande, soit 0,3 par personne.
Le gouvernement néo-zélandais estime à 13.500 le nombre d'armes semi-automatiques de type militaire au sein de la population. Il y en aurait 15 millions en circulation aux Etats-Unis.
La différence fondamentale entre les deux pays réside dans le deuxième amendement de la Constitution américaine, hérité des pères fondateurs et qui garantit le "droit" du peuple à "porter des armes", selon Philip Alperts, spécialiste des politiques sur les armes à feu à l'Université de Sydney.
Ce chercheur néo-zélandais explique que la Nouvelle-Zélande considère la propriété d'une arme comme un privilège, alors qu'elle est aux Etats-Unis un droit inaliénable.
"Notre population serait horrifiée à la vue, aux Etats-Unis, de gens en train de déambuler avec une arme", dit-il, en expliquant que la sécurité est un aspect fondamental de la culture néo-zélandaise des armes à feu.
La Nouvelle-Zélande compte cependant, elle aussi, une minorité extrémiste radicale.
"La tyrannique Première ministre tue le tir sportif", annonçait ainsi récemment sans nuance un des principaux sites internet néo-zélandais pro-armes.
Mais quand la NRA américaine et d'autres lobbys ont cherché à faire entendre leur voix dans le débat néo-zélandais, la réplique de l'ex-ministre de la Police Judith Collins a été sans détour. "Occupez-vous de vos affaires!", a-t-elle dit.
Le contraste ne pourrait être plus fort avec les Etats-Unis, où la moindre tentative de toucher à la législation sur les armes est entravée par la farouche résistance de la National Rifle Association (NRA). En Nouvelle-Zélande, même les propriétaires d'armes pensent que les choses doivent changer.
L'électrochoc aura été le massacre du 15 mars dans deux mosquées de Christchurch, où 50 fidèles ont été abattus par un suprémaciste blanc australien.
"Nous voulons soutenir tous les changements que notre gouvernement décidera pour empêcher un nouvel attentat terroriste en Nouvelle-Zélande", a déclaré Nicole McKee, secrétaire du Conseil des propriétaires d'armes à feu sous licence.
Moins d'une semaine après le carnage, la Première ministre Jacinda Ardern avait annoncé l'interdiction des armes semi-automatiques de type militaire (MSSA). La réforme sera présentée mardi au Parlement.
- "Cibles en papier" -
Il faut généralement des mois pour que ce genre de loi passe, mais Mme Ardern a jugé le sujet d'une urgence telle qu'elle devait être votée d'ici le 11 avril.
D'autres mesures devraient être prises avant la fin de l'année parmi lesquelles, potentiellement, la création d'un registre des armes, un renforcement des contrôles préalables à la délivrance de permis de port d'arme ainsi que des exigences plus fortes en matière de stockage des armes.
Chose impensable aux Etats-Unis, l'une des plus grandes armureries néo-zélandaises, Hunting & Fishing, a pris l'initiative d'arrêter de vendre des fusils semi-automatiques de type militaire et suspendu ses ventes d'armes en ligne.
"Ce genre d'armes de guerre n'ont pas leur place dans notre entreprise, ou notre pays", a déclaré le directeur général de Hunting & Fishing Darren Jacobs.
La Nouvelle-Zélande a sa propre National Rifle Association. Mais depuis le massacre de Christchurch, celle-ci ne cesse de rappeler qu'elle n'est qu'une petite association sportive, et non le riche et influent lobby qu'est la NRA américaine.
"Nos membres tirent sur des cibles en papier avec des fusils à verrou à un coup", explique son président Malcolm Dodson.
La NRA néo-zélandaise envisagerait même un changement de nom pour mieux se distinguer de la très controversée association américaine.
- 23 fois plus d'homicides -
La Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis présentent bien des similitudes. Voici deux anciennes colonies britanniques dont les populations d'origine européenne ont combattu les peuples indigènes et forgé au 19ème siècle une mentalité de pionniers repoussant sans cesse la "frontière".
Mais les deux pays ont une attitude fondamentalement différente sur les armes à feu, comme l'illustrent des statistiques frappantes.
En 2016, la Nouvelle-Zélande (4,7 millions d'habitants) a enregistré neuf homicides par arme à feu. Aux Etats-Unis (327 millions d'habitants), il y en a eu 14.415, soit un taux par habitant 23 fois supérieur.
On dénombre aux Etats-Unis environ 393 millions d'armes aux mains de la population, soit 1,2 par habitant. Il y en a 1,5 million en Nouvelle-Zélande, soit 0,3 par personne.
Le gouvernement néo-zélandais estime à 13.500 le nombre d'armes semi-automatiques de type militaire au sein de la population. Il y en aurait 15 millions en circulation aux Etats-Unis.
La différence fondamentale entre les deux pays réside dans le deuxième amendement de la Constitution américaine, hérité des pères fondateurs et qui garantit le "droit" du peuple à "porter des armes", selon Philip Alperts, spécialiste des politiques sur les armes à feu à l'Université de Sydney.
- "Occupez-vous de vos affaires!" -
Ce chercheur néo-zélandais explique que la Nouvelle-Zélande considère la propriété d'une arme comme un privilège, alors qu'elle est aux Etats-Unis un droit inaliénable.
"Notre population serait horrifiée à la vue, aux Etats-Unis, de gens en train de déambuler avec une arme", dit-il, en expliquant que la sécurité est un aspect fondamental de la culture néo-zélandaise des armes à feu.
La Nouvelle-Zélande compte cependant, elle aussi, une minorité extrémiste radicale.
"La tyrannique Première ministre tue le tir sportif", annonçait ainsi récemment sans nuance un des principaux sites internet néo-zélandais pro-armes.
Mais quand la NRA américaine et d'autres lobbys ont cherché à faire entendre leur voix dans le débat néo-zélandais, la réplique de l'ex-ministre de la Police Judith Collins a été sans détour. "Occupez-vous de vos affaires!", a-t-elle dit.