Nouméa, France | AFP | mercredi 19/11/2019 - "C’était sa première vraie histoire d’amour". Début août, le corps sans vie de Corinne, 18 ans, est retrouvé dans un bois aux abords d'une plage près de Nouméa. L'épilogue tragique d'une idylle lycéenne avec Momo, son voisin taciturne et violent.
"Elle était gaie, elle avait des projets. Ca n'aurait pas dû arriver à une fille comme ça". Urarii Taputo a donné rendez-vous sur la plage du Vallon Dore, au sud de la principale ville calédonienne.
C'est là, sur les rochers qui avancent dans la mer, qu'elle venait souvent s’asseoir avec Corinne, son amie d'enfance, pour admirer le coucher de soleil. Et parler. "On se complétait. Elle était rigolote et casse-cou. Moi, plus timide et plus stricte", raconte cette jeune fille aux racines tahitiennes.
Les deux lycéennes de 18 ans rêvaient de partir en Métropole pour apprendre, voir du pays et faire la fête. "Juste nous deux", murmure Urarii. Leurs rêves se sont évanouis dans la nuit du 8 au 9 août, lorsque Corinne Wajoka a disparu.
L'enquête montrera qu'elle a été étranglée dans un bois proche, en bordure de plage, par son petit ami Maurice, 21 ans, dit "Momo", lui aussi lycéen.
Elle l’avait rencontré un an plus tôt lors d’une sortie en mer. Les proches de Corinne remarquent vite le contraste entre ce garçon taciturne et solitaire et celle dont il est tombé sous le charme, une Kanak pétillante et solaire. Corinne était en seconde en filière bac pro commerce, après avoir obtenu un CAP.
"Au début, elle était amoureuse. C’était sa première vraie histoire d’amour", confie Urarii, qui se méfie vite de ce garçon "jaloux et menaçant". "Je lui avais dit de le larguer, mais elle avait peur de se faire tuer. Il la frappait beaucoup: une fois il lui a cassé une tablette Samsung sur la tête".
La mère de Corinne, Marie, s'inquiétait aussi. Surtout quand elle voyait sa fille cacher ses bosses et ses bleus, ou les mettre sur le compte des cours de boxe thaï, qu’elle pratiquait avec Maurice.
"Momo" habitait juste derrière chez eux. "Mais on ne l’a jamais fait rentrer, on ne le sentait pas. Corinne était sous son emprise, elle était son jouet", soupire Marie, mère de cinq enfants, qui avait déjà enduré la mort subite d’un fils de six mois.
Quelques mois avant le drame, raconte-t-elle, Maurice avait salement "astiqué" (frappé, ndlr) sa fille devant le lycée Saint-Pierre Chanel du quartier de la Conception au Mont-Dore, qu’ils fréquentaient tous les deux. "J’ai appelé les gendarmes. Mais comme Corinne avait 18 ans, ils m’ont dit que c’est elle qui devait porter plainte. J’étais découragée", se désole Marie, chignon serré et traits tirés.
Mains croisées sur la toile cirée de la salle à manger, Dominique, le père de Corinne, raconte la dernière soirée, celle du jeudi 8 août.
Visiblement alcoolisé, Momo voulait voir Corinne et l’avait attendue en contrebas de la maison. "Elle n’a pas voulu y aller, elle est restée dans sa chambre la lumière allumée, puis on est allés se coucher", se souvient son père, Kanak barbu aux solides épaules.
Le lendemain matin, Marie ne s’émeut pas en trouvant la chambre de sa fille vide, se dit qu'elle a dû finir par aller dormir chez son copain comme elle le faisait souvent.
Mais l'inquiétude la gagne en milieu d’après-midi quand, en revenant du travail en voiture avec son mari, elle voit une fourgonnette de gendarmes en lisière de la langue de forêt qui longe la plage.
Très vite, le couple apprend qu’on y a trouvé un corps. La dépouille, cachée sous des branchages, a été trouvée dans l'après-midi par des voisines parties chercher du bois pour faire des grillades, et qui ont donné l’alerte.
Dominique court à la maison de Maurice. Elle est fermée et il n'y a personne.
Les gendarmes annoncent que la dépouille est celle d'une jeune fille. "J’ai décrit les vêtements de Corinne et ça correspondait", lâche Marie. L'autopsie révèlera de multiplies hématomes à la tête, des fractures faciales et une mort par strangulation.
"La peau de son front était arrachée, on voyait son crâne et quand mon mari a touché sa tête, c’était mou. Comment peut-on faire une chose pareille", se questionne cette maman, qui réclame "la perpétuité" pour le bourreau de sa fille.
"C’est un dossier très douloureux pour les parents, et l’illustration de la grande souffrance dans laquelle se trouve une partie de la jeunesse kanak", décrypte Denis Milliard, avocat des parents de Corinne. Soulignant la hausse constante des affaires locales de violences conjugales et de délinquance des mineurs, il regrette le manque de structures d'accueil pour les femmes battues.
Dès le lendemain du meurtre, vendredi 9 août, Momo était parti sur son île natale, Lifou, à moins de 200 km de Nouméa. Le jeune homme a incendié sa maison et s’est entaillé les veines puis, en voyant des gendarmes venir l’interpeller, a tenté de se poignarder à deux reprises à l’abdomen.
Il passera plusieurs semaines en chambre carcérale au Médipôle de Nouméa avant de rejoindre la prison du Camp Est. Au juge, il aurait affirmé qu'avec Corinne le projet était "de mourir ensemble" et que sa place était désormais en prison.
"Elle était gaie, elle avait des projets. Ca n'aurait pas dû arriver à une fille comme ça". Urarii Taputo a donné rendez-vous sur la plage du Vallon Dore, au sud de la principale ville calédonienne.
C'est là, sur les rochers qui avancent dans la mer, qu'elle venait souvent s’asseoir avec Corinne, son amie d'enfance, pour admirer le coucher de soleil. Et parler. "On se complétait. Elle était rigolote et casse-cou. Moi, plus timide et plus stricte", raconte cette jeune fille aux racines tahitiennes.
Les deux lycéennes de 18 ans rêvaient de partir en Métropole pour apprendre, voir du pays et faire la fête. "Juste nous deux", murmure Urarii. Leurs rêves se sont évanouis dans la nuit du 8 au 9 août, lorsque Corinne Wajoka a disparu.
L'enquête montrera qu'elle a été étranglée dans un bois proche, en bordure de plage, par son petit ami Maurice, 21 ans, dit "Momo", lui aussi lycéen.
Elle l’avait rencontré un an plus tôt lors d’une sortie en mer. Les proches de Corinne remarquent vite le contraste entre ce garçon taciturne et solitaire et celle dont il est tombé sous le charme, une Kanak pétillante et solaire. Corinne était en seconde en filière bac pro commerce, après avoir obtenu un CAP.
"Au début, elle était amoureuse. C’était sa première vraie histoire d’amour", confie Urarii, qui se méfie vite de ce garçon "jaloux et menaçant". "Je lui avais dit de le larguer, mais elle avait peur de se faire tuer. Il la frappait beaucoup: une fois il lui a cassé une tablette Samsung sur la tête".
La mère de Corinne, Marie, s'inquiétait aussi. Surtout quand elle voyait sa fille cacher ses bosses et ses bleus, ou les mettre sur le compte des cours de boxe thaï, qu’elle pratiquait avec Maurice.
- Sous son emprise -
"Momo" habitait juste derrière chez eux. "Mais on ne l’a jamais fait rentrer, on ne le sentait pas. Corinne était sous son emprise, elle était son jouet", soupire Marie, mère de cinq enfants, qui avait déjà enduré la mort subite d’un fils de six mois.
Quelques mois avant le drame, raconte-t-elle, Maurice avait salement "astiqué" (frappé, ndlr) sa fille devant le lycée Saint-Pierre Chanel du quartier de la Conception au Mont-Dore, qu’ils fréquentaient tous les deux. "J’ai appelé les gendarmes. Mais comme Corinne avait 18 ans, ils m’ont dit que c’est elle qui devait porter plainte. J’étais découragée", se désole Marie, chignon serré et traits tirés.
Mains croisées sur la toile cirée de la salle à manger, Dominique, le père de Corinne, raconte la dernière soirée, celle du jeudi 8 août.
Visiblement alcoolisé, Momo voulait voir Corinne et l’avait attendue en contrebas de la maison. "Elle n’a pas voulu y aller, elle est restée dans sa chambre la lumière allumée, puis on est allés se coucher", se souvient son père, Kanak barbu aux solides épaules.
Le lendemain matin, Marie ne s’émeut pas en trouvant la chambre de sa fille vide, se dit qu'elle a dû finir par aller dormir chez son copain comme elle le faisait souvent.
Mais l'inquiétude la gagne en milieu d’après-midi quand, en revenant du travail en voiture avec son mari, elle voit une fourgonnette de gendarmes en lisière de la langue de forêt qui longe la plage.
- Sous des branchages -
Très vite, le couple apprend qu’on y a trouvé un corps. La dépouille, cachée sous des branchages, a été trouvée dans l'après-midi par des voisines parties chercher du bois pour faire des grillades, et qui ont donné l’alerte.
Dominique court à la maison de Maurice. Elle est fermée et il n'y a personne.
Les gendarmes annoncent que la dépouille est celle d'une jeune fille. "J’ai décrit les vêtements de Corinne et ça correspondait", lâche Marie. L'autopsie révèlera de multiplies hématomes à la tête, des fractures faciales et une mort par strangulation.
"La peau de son front était arrachée, on voyait son crâne et quand mon mari a touché sa tête, c’était mou. Comment peut-on faire une chose pareille", se questionne cette maman, qui réclame "la perpétuité" pour le bourreau de sa fille.
"C’est un dossier très douloureux pour les parents, et l’illustration de la grande souffrance dans laquelle se trouve une partie de la jeunesse kanak", décrypte Denis Milliard, avocat des parents de Corinne. Soulignant la hausse constante des affaires locales de violences conjugales et de délinquance des mineurs, il regrette le manque de structures d'accueil pour les femmes battues.
Dès le lendemain du meurtre, vendredi 9 août, Momo était parti sur son île natale, Lifou, à moins de 200 km de Nouméa. Le jeune homme a incendié sa maison et s’est entaillé les veines puis, en voyant des gendarmes venir l’interpeller, a tenté de se poignarder à deux reprises à l’abdomen.
Il passera plusieurs semaines en chambre carcérale au Médipôle de Nouméa avant de rejoindre la prison du Camp Est. Au juge, il aurait affirmé qu'avec Corinne le projet était "de mourir ensemble" et que sa place était désormais en prison.