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En Guyane, Macron réaffirme les engagements de l'Etat et affiche sa fermeté


Cayenne, France | AFP | vendredi 27/10/2017 - Emmanuel Macron a cherché vendredi à rassurer les Guyanais en assurant que l'Etat respecterait son engagement d'investir plus d'un milliard d'euros en Guyane, tout en se montrant ferme après les heurts survenus dans la nuit à Cayenne.

"La parole de l'Etat sera tenue", a affirmé le président devant la presse au deuxième jour de sa visite dans ce territoire grand comme le Portugal qui accumule difficultés et retards.
Il a précisé que l'"intégralité des deux premiers volets" des accords conclus le 21 avril, sous le quinquennat de François Hollande, pour mettre fin au vaste mouvement social du printemps "seront appliqués". 
L'Etat s'était alors engagé sur un plan d'urgence de 1,08 milliard d’euros et avait annoncé qu'il allait étudier une "demande complémentaire" de 2,1 milliards formulée par le collectif Pou Lagwiyann dékolé (Pour que la Guyane décolle).
M. Macron avait donné le ton dès son arrivée jeudi en avertissant qu'il n'était "pas le Père Noël parce que les Guyanais ne sont pas des enfants". "L'Etat a fait trop de promesses qui n'ont pas été tenues. Donc je suis là pour dire les choses en vérité ", avait-il ajouté.
"On n'a pas besoin de Père Noël, on a besoin d'un gouvernement qui se rende compte qu'en Guyane rien ne va", a réagi David Riché, président de l'Association des maires de Guyane.
Les manifestations organisées par Pou Lagwiyann dékolé dans le centre de Cayenne ont dégénéré en heurts qui ont duré plusieurs heures dans la nuit. M. Macron "n'a aucun respect pour nous", a déclaré Davy Rimane, membre du collectif.
Cinq personnes ont été interpellées tandis qu'un gendarme mobile et un policier ont été légèrement blessés au cours de ces affrontements.
"La République ne cède pas aux gens qui sont en cagoule" et le "rôle de l'Etat" n'est pas de "céder à des pressions, quelles qu'elles soient, en particulier lorsqu'elles n'ont pas la légitimité démocratique", a  insisté M. Macron vendredi. 

- 'violences inacceptables' -

Le chef de l'Etat a présenté une série de mesures pour tenter de résoudre les difficultés que connaît la Guyane, vaste territoire de 83.000 km2 situé à 7.000 km de Paris. Elle subit notamment une immigration clandestine massive, une insécurité croissante, des défaillances dans les services de santé et le système scolaire ainsi qu'un taux de chômage très élevé (23%).
Il a pour cela proposé "une méthode innovante" basée sur "une responsabilité partagée" entre l'Etat et le territoire, qui devra être discutée d'ici au printemps 2018. 
Des initiatives seront rapidement prises pour soutenir la filière du bois, très importante dans ce territoire en partie recouvert de forêts vierges, a-t-il annoncé.
"La Guyane subit des violences inacceptables", a par ailleurs reconnu M. Macron, en annonçant que l'augmentation prévue des moyens pour assurer la sécurité en Guyane serait "accélérée", avec l'arrivée de 90 gendarmes "dès 2018". 
Le président a abordé les dossiers chauds avec les maires de Guyane jeudi soir au cours d'une réunion jugée en "demi-teinte" par David Riché.
"Sur certains points on a eu gain de cause, surtout sur le volet immigration, sécurité, minima sociaux", a-t-il commenté tout en craignant que "le plan qui a été annoncé par le précédent gouvernement" ne soit "pas totalement respecté".
Après Cayenne, le chef de l'Etat s'est rendu au Centre spatial de Kourou, vitrine de l'économie guyanaise.
Accompagné dans son déplacement par le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et plusieurs ministres, dont Gérard Darmanin (Comptes publics), Annick Girardin (Outre-mer) et Jean-Michel Blanquer (Education), il devait ensuite participer à une réunion des Régions ultrapériphériques (RUP, les neuf territoires ultramarins de l'Union européenne). 
Samedi matin, il doit s'exprimer à l'occasion des Assises de l'outre-mer.

le Vendredi 27 Octobre 2017 à 03:46 | Lu 945 fois