Marseille, France | AFP | mercredi 31/05/2017 - A "compétence suffisante", merci de préférer l'embauche d'un Corse: une charte défendue par le nationaliste Jean-Guy Talamoni, président de l'assemblée de Corse, et vivement critiquée par le préfet de région, suscite la polémique.
Le texte prévoit que les entreprises signataires favorisent "le recrutement de ceux qui ont leurs centres d’intérêts moraux et matériels en Corse et dont les compétences sont suffisantes". Sont visés "ceux qui sont nés en Corse, qui y ont suivi leurs études, qui y vivent ou qui y ont habité, mais qui ont été contraints de la quitter (...), ceux qui ont des attaches familiales ou qui sont propriétaires de biens immobiliers".
Préparée depuis plus d'un an et rédigée par l'université de Corse, la Charte a été signée le 24 mai par le Syndicat des travailleurs corses (STC), les présidents des chambres de métier, commerce et agriculture, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH), et des syndicats étudiants.
Il faut "faire de la langue corse une différence compétitive", stipule par ailleurs le texte, qui prévoit que dans le secteur public, la langue corse soit intégrée "dans toutes les missions de service public".
"Beaucoup d'entreprises nous contactent parce qu'il y a une adhésion à l'idée et pour l'image de l'entreprise, c'est sain", assure à l'AFP Jean-Guy Talamoni.
Du côté du préfet de la Région Bernard Schmeltz, le son de cloche est différent. Dans un courrier daté du 15 mai et transmis aux entreprises locales, et dont l'AFP a obtenu une copie, il dénonce une "discrimination à l'embauche" et rappelle que toute entreprise signataire s'exposerait à des "poursuites civiles et pénales". "La réponse faite par le préfet porte exclusivement sur une analyse juridique et non politique", a-t-on assuré dans son entourage.
- Deux poids, deux mesures? -
"La réponse du préfet est choquante", a vilipendé M. Talamoni, rappelant que la Ville de Paris a elle aussi mis en place une "Charte de développement de l'emploi local et de la responsabilité sociale de l'entreprise".
Cette charte signée entre la capitale et, entre autres, l'Armée de Terre, Sodexo, Adecco, AG2R La Mondiale ou le groupe Casino, a notamment pour vocation de "favoriser l'accès à l'emploi des Parisien(ne)s", comme indiqué sur le site de la mairie de Paris.
"Ce ne serait pas discriminatoire à Paris mais en Corse oui? Comment faire comprendre aux Corses que ça ne peut pas se faire chez eux alors que ça se fait à Paris, où le taux de chômage est moins élevé?" déplore Jean-Guy Talamoni.
Cette charte est "en faveur de l'emploi local" sur une île qui compte plus de 22.000 demandeurs d'emploi soit 11% de chômeurs (chiffres officiels publiés en décembre 2016), se défend le nationaliste, estimant que "les Corses doivent pouvoir travailler dans l'île sans avoir à choisir entre le chômage, le renoncement à un meilleur emploi ou l'exil".
"Dans les chartes signées dans les autres régions, il n'y a pas d'éléments sur une différenciation en fonction du lieu des intérêts moraux et sociaux" du demandeur d'emploi, répond au dirigeant nationaliste le cabinet du préfet de Corse.
Un constat partagé par Me Hervé Tourniquet, spécialiste en droit social: "Une personne qui verrait son recrutement refusé au motif qu'elle n'habite pas au bon endroit, qu'elle ne parle pas la bonne langue ou n'a pas les bonnes attaches familiales, serait fondée à agir" en justice.
"Comment fait-on par exemple pour prouver qu'on a été contraint de quitter un territoire?" s'interroge cet expert, convaincu que "ce type de charte ne pourrait pas avoir de valeur contraignante".
Interrogé sur le caractère contraignant de ce texte, Me Tourniquet insiste: "Une entreprise n'est engagée que par la loi ou les accords collectifs, là on a un espèce d'ovni, un document sans valeur particulière."
Le texte prévoit que les entreprises signataires favorisent "le recrutement de ceux qui ont leurs centres d’intérêts moraux et matériels en Corse et dont les compétences sont suffisantes". Sont visés "ceux qui sont nés en Corse, qui y ont suivi leurs études, qui y vivent ou qui y ont habité, mais qui ont été contraints de la quitter (...), ceux qui ont des attaches familiales ou qui sont propriétaires de biens immobiliers".
Préparée depuis plus d'un an et rédigée par l'université de Corse, la Charte a été signée le 24 mai par le Syndicat des travailleurs corses (STC), les présidents des chambres de métier, commerce et agriculture, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH), et des syndicats étudiants.
Il faut "faire de la langue corse une différence compétitive", stipule par ailleurs le texte, qui prévoit que dans le secteur public, la langue corse soit intégrée "dans toutes les missions de service public".
"Beaucoup d'entreprises nous contactent parce qu'il y a une adhésion à l'idée et pour l'image de l'entreprise, c'est sain", assure à l'AFP Jean-Guy Talamoni.
Du côté du préfet de la Région Bernard Schmeltz, le son de cloche est différent. Dans un courrier daté du 15 mai et transmis aux entreprises locales, et dont l'AFP a obtenu une copie, il dénonce une "discrimination à l'embauche" et rappelle que toute entreprise signataire s'exposerait à des "poursuites civiles et pénales". "La réponse faite par le préfet porte exclusivement sur une analyse juridique et non politique", a-t-on assuré dans son entourage.
- Deux poids, deux mesures? -
"La réponse du préfet est choquante", a vilipendé M. Talamoni, rappelant que la Ville de Paris a elle aussi mis en place une "Charte de développement de l'emploi local et de la responsabilité sociale de l'entreprise".
Cette charte signée entre la capitale et, entre autres, l'Armée de Terre, Sodexo, Adecco, AG2R La Mondiale ou le groupe Casino, a notamment pour vocation de "favoriser l'accès à l'emploi des Parisien(ne)s", comme indiqué sur le site de la mairie de Paris.
"Ce ne serait pas discriminatoire à Paris mais en Corse oui? Comment faire comprendre aux Corses que ça ne peut pas se faire chez eux alors que ça se fait à Paris, où le taux de chômage est moins élevé?" déplore Jean-Guy Talamoni.
Cette charte est "en faveur de l'emploi local" sur une île qui compte plus de 22.000 demandeurs d'emploi soit 11% de chômeurs (chiffres officiels publiés en décembre 2016), se défend le nationaliste, estimant que "les Corses doivent pouvoir travailler dans l'île sans avoir à choisir entre le chômage, le renoncement à un meilleur emploi ou l'exil".
"Dans les chartes signées dans les autres régions, il n'y a pas d'éléments sur une différenciation en fonction du lieu des intérêts moraux et sociaux" du demandeur d'emploi, répond au dirigeant nationaliste le cabinet du préfet de Corse.
Un constat partagé par Me Hervé Tourniquet, spécialiste en droit social: "Une personne qui verrait son recrutement refusé au motif qu'elle n'habite pas au bon endroit, qu'elle ne parle pas la bonne langue ou n'a pas les bonnes attaches familiales, serait fondée à agir" en justice.
"Comment fait-on par exemple pour prouver qu'on a été contraint de quitter un territoire?" s'interroge cet expert, convaincu que "ce type de charte ne pourrait pas avoir de valeur contraignante".
Interrogé sur le caractère contraignant de ce texte, Me Tourniquet insiste: "Une entreprise n'est engagée que par la loi ou les accords collectifs, là on a un espèce d'ovni, un document sans valeur particulière."