Tahiti Infos

En Chine, dans le plus grand parc de ski en salle du monde


Harbin, Chine | AFP | lundi 18/09/2017 - L'été chinois brûle encore au dehors, mais les touristes dévalent en pleine canicule des pistes glacées à -5° degrés dans le plus grand parc de ski intérieur au monde, symbole de l'explosion des sports d'hiver dans le pays asiatique.

A l'intérieur du monumental "Parc des glaces et des neiges" de Harbin, dans le nord-est de la Chine, un vent polaire souffle des flocons blancs. Des skieurs emmitouflés dans des parkas molletonnées dévalent des pentes immaculées. Cette infrastructure tentaculaire de 80.000 mètres carrés est équipée de six pistes, dont la plus longue s'étire sur 500 mètres. Construit par le conglomérat chinois Wanda, le lieu est maintenu à une température constante de -5 degrés grâce à des ventilateurs et à un système de refroidissement souterrain.

"Skier ici, c'est comme skier dans un gros frigo", sourit derrière son masque Kane Li, 10 ans, qui rêve de participer aux jeux Olympiques d'hiver 2022 organisés par Pékin. Elève dans une école de ski privée de la capitale chinoise, lui et ses camarades avaient l'habitude de s'entraîner l'été en Nouvelle-Zélande, qui se trouve alors en plein hiver austral. Mais l'ouverture fin juin de ce parc à Harbin leur permet de rester au pays. En ski, "la Chine n'est pas encore très bonne comparée aux autres nations", concède Kane. "On doit s'entraîner dur tous les jours."

Le ski était encore considéré en Chine jusqu'à très récemment comme un loisir cher et inaccessible au commun des mortels. Mais le pays compte désormais 6 millions de skieurs et les autorités veulent encourager 300 millions de personnes à pratiquer les sports d'hiver d'ici le rendez-vous olympique de 2022.

Le ski tendance

Car si la Chine est une habituée des titres aux JO d'été, ses succès aux jeux d'hiver se résument principalement au patinage de vitesse. En ski, ses athlètes n'ont remporté que six médailles -- l'intégralité en freestyle, dont une en or.

La Chine possède cependant quelque 200 domaines skiables. Un chiffre que le gouvernement souhaite multiplier par cinq d'ici 2030. "Nous n'avions nulle part où skier quand j'étais petit", raconte Yi Li, le directeur général du parc de ski en salle de Harbin. Il a découvert ce sport il y a 11 ans lorsqu'il travaillait dans un domaine skiable de Zhangjiakou (nord), la ville à 150 km au nord-ouest de Pékin qui accueillera les épreuves de ski alpin des JO 2022.

Depuis, M. Yi a attrapé le virus, est devenu moniteur et a parfait sa formation en Suisse. "Le ski c'est aujourd'hui tendance", explique-t-il. 

Une évolution notoire par rapport au milieu des années 2000, où la plupart des Chinois ne voulaient pas skier: l'équipement coûtait cher et il fallait une voiture pour rejoindre les domaines en montagne.

Mais avec le développement économique, le revenu des ménages s'est envolé, les gens ont davantage de vacances et les véhicules se vendent désormais si bien que la Chine est devenue le premier marché automobile mondial.

Une drogue
 
Un jour de semaine, quelque 40 personnes de tous niveaux skient dans le parc de Harbin: les plus chevronnés slaloment avec grâce d'un bout à l'autre de la piste, tandis que les débutants peinent à enfiler leurs lourdes chaussures.

Le site est équipé de télésièges, de pentes réservées aux luges et aux novices, ainsi que d'un espace restauration aux murs tapissés de plaques imitation bois.

La journée revient à 488 yuans (63 euros), location des équipements comprise. Mais l'offre la plus populaire est le forfait de trois heures pour 300 yuans (39 euros), une somme que des dizaines de millions de Chinois sont désormais en mesure de débourser sans souffrir. Selon M. Yi, 13 équipes professionnelles viennent s'entraîner tous les matins depuis l'ouverture des pistes.

Sans compter les groupes de champions en herbe comme celui du jeune Kane et ses camarades de l'Ecole internationale de ski de Pékin. "En ce moment, le gouvernement soutient beaucoup le ski. Il cherche à développer ce sport dans les écoles primaires, les collèges et les lycées", explique Zhao Quan, le directeur de l'école. "Pour les enfants, le ski, c'est comme une drogue. C'est hyper addictif."

le Mardi 19 Septembre 2017 à 06:22 | Lu 521 fois