Tahiti Infos

En Australie, une centrale à vagues opérationnelle


le fonctionnement de la centrale
le fonctionnement de la centrale
PAPEETE, le 26 juillet 2015 - Depuis quelques mois, la première centrale houlomotrice opérationnelle du monde produit de l'électricité en Australie, au large de Perth. Une technologie présentée comme idéale pour les îles, qui peut déjà concurrencer le fioul et pourra bientôt s'attaquer au charbon…

"D’où vient l’énergie d’une île ? Elle n’a généralement pas de charbon ou de gaz, alors la majorité arrive par bateau sous forme de fioul. C’est cher, sale d’un point de vue écologique et peu fiable. Si le bateau n’arrive pas, l’île se retrouve sans électricité" explique Michael Ottaviano, fondateur et P-dg de Carnegie Wave au magazine ReporTerre. Une entrée en matière pour présenter le produit phare de son entreprise : une centrale houlomotrice, qui produit de l'électricité à partir de l'énergie des vagues.


Michael Ottaviano lorsqu'il a enclenché le projet de Perth
Michael Ottaviano lorsqu'il a enclenché le projet de Perth
L'entreprise australienne est en train de développer la 6ème génération de sa technologie, en se basant sur les résultats de son premier test à grande échelle, CETO5, en fonctionnement depuis février dernier au large de Perth, au Sud-ouest de l'Australie. La centrale alimente en énergie l'île de Garden Island, en particulier son usine de désalinisation de l'eau de mer. Selon l'entrepreneur, elle serait la toute première centrale à vagues "à plusieurs unités reliée à un réseau électrique" au monde. Elle fournit pour l'instant 5% de l'électricité nécessaire à la plus importante base navale australienne, la HMAS Stirling.

Son nom, Ceto, est celui d'une déesse grecque de la mer. Elle aura coûté 100 millions de dollars australiens (7,9 milliards de francs), subventionnés par les pouvoirs publics à hauteur de 23 millions de dollars australiens. Le prix de l'électricité produite : entre 24 et 34 Fcfp le kW.

QUADRUPLER LA PUISSANCE AVEC LA PROCHAINE GÉNÉRATION

En pratique, elle consiste en une usine à terre et trois énormes bouées fixées sur le plancher océanique qui flottent entre deux eaux. Abritées des tempêtes, elles se font tout de même entrainer par la houle, ce qui active des pistons qui compressent l'eau de mer. L'eau à haute pression est envoyée à un bâtiment à terre qui l'utilise pour faire tourner ses turbines.

Forte de ces tests positifs, Carnegie Wave développe donc CETO6. Elle sera composée de bouées bien plus grandes, à 20 mètres de diamètres, qui seront installées plus au large pour capter de plus grosses vagues. Pas de bâtiment à terre cette fois : la bouée produira directement l'électricité. Elles auront chacune une capacité de 1MW, donc 4 fois plus que celles de la centrale de Perth. Une augmentation des capacités qui devrait permettre d'importantes économies d'échelle et faire encore baisser le prix de l'énergie houlomotrice.

La France serait d'ailleurs intéressée, et pourrait en acheter une pour la Réunion. Car nos îles, trop dépendantes des importations, ont besoins de sources d'énergies renouvelables. Mais plusieurs autres nouvelles technologies vertes se développent en parallèle. Ainsi, la Martinique est en train de construire sa propre centrale utilisant l'énergie thermique des mers (ETM), qui pourrait ouvrir en 2019. Et en Polynésie, un consortium d'entrepreneurs (DCNS) invité par le Cluster Maritime avait présenté en juin un projet ETM pour Tahiti de 10 à 20 MW dont les travaux pourraient commencer dès 2016… En fonction de la volonté publique.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Dimanche 26 Juillet 2015 à 10:28 | Lu 2174 fois