Sydney, Australie | AFP | mercredi 03/10/2023 - Le prochain référendum sur les droits des Aborigènes en Australie déchaîne une avalanche de commentaires racistes avec des débats en ligne ou dans les médias émaillés d'attaques contre la population autochtone.
La consultation historique du 14 octobre vise à donner aux Aborigènes australiens, dont les ancêtres vivent sur le continent depuis au moins 60.000 ans, une reconnaissance pour la première fois dans la Constitution, à travers la création d'un organe consultatif qui les représentera auprès du parlement et du gouvernement dans les domaines les concernant.
Mais le projet, présenté par ses partisans comme une façon de rapprocher les premiers habitants du continent des autres Australiens, a pris une tournure aigre.
"Il y a eu des attaques personnelles, au cours desquelles certains ont été qualifiés de +non Australiens+ et qui alimentaient des stéréotypes raciaux", souligne Chin Tan, commissaire à la discrimination raciale de la Commission australienne des droits de l'homme.
"Je suis déçu de la manière dont certains ont abordé le débat, ce qui a attisé les tensions raciales et porté atteinte aux peuples autochtones", déclare-t-il à l'AFP.
Des comportements racistes dans les débats publics sont restés sans réponse, déplore aussi M. Tan.
Rupture catastrophique
La réforme, projet phare du gouvernement du Premier ministre travailliste Anthony Albanese, doit, selon ses partisans, donner les moyens aux Aborigènes de lutter contre les inégalités profondes dont ils continuent de souffrir plus de 200 ans après la colonisation britannique. Ils ont notamment une espérance de vie et un niveau d'éducation inférieurs aux autres Australiens et sont nettement plus susceptibles d'être incarcérés.
Cependant, les derniers sondages montrent qu'environ 60% des électeurs sont opposés à la réforme, contre 40% en sa faveur, un quasi renversement de la situation par rapport à il y a un an.
Les partisans du "non" estiment que la réforme ajoutera une couche de bureaucratie et qu'elle accordera des privilèges indus aux Aborigènes.
Les signalements pour racisme à un numéro d'aide destiné aux autochtones ont explosé depuis le mois de juillet, selon le professeur de criminologie de l'Université de Technologie de Sydney Chris Cunneen.
"Nous avons aussi vu une augmentation des signalements pour racisme en ligne dans les médias sociaux, sur la même période".
Une ligne téléphonique dédiée à la santé mentale des Aborigènes donne une image similaire.
Les appels pour attaques, racisme ou traumatisme, ont bondi de 108% sur la période mars à juin, comparée à l'année précédente.
Selon le professeur de communication de l'Université de Queensland Timothy Graham, il y a eu "une rupture catastrophique de la communication sur le référendum à travers tout l'écosystème des médias", avec notamment une augmentation notable de fausses informations et d'injures sur le réseau X (ex-Twitter).
Attaques en ligne
Samala Cronin, une Aborigène du Queensland, a fait l'amère expérience de cette polarisation.
En août, une vidéo ancienne où elle apparaît est devenue virale. On la voit en train de se disputer avec un couple de personnes âgées au sujet d'une parcelle de terre sur laquelle les Aborigènes détiennent un "titre autochtone exclusif".
Elle a eu la surprise de recevoir soudain "environ 3.000 notifications Facebook", a-t-elle indiqué à l'AFP. "Je me suis dit : +Oh mon Dieu+".
Depuis, des milliers d'autres réactions ont été publiées sur Facebook à propos de cet incident, avec des commentaires truffés d’insultes racistes.
Le régulateur australien de la sécurité sur internet a déclaré avoir enregistré une petite mais significative augmentation des plaintes pour attaques en ligne de la part d'Aborigènes au cours du premier semestre.
"Les membres des communautés autochtones nous disent également que les attaques en ligne augmentent à l'approche du référendum", a déclaré à l'AFP Julie Inman Grant, commissaire à la sécurité électronique.
Elle a exhorté les Australiens à "discuter et débattre de cette question avec respect, sans se contenter d'insultes, de remarques racistes, de discours de haine ou d'attaques".
La consultation historique du 14 octobre vise à donner aux Aborigènes australiens, dont les ancêtres vivent sur le continent depuis au moins 60.000 ans, une reconnaissance pour la première fois dans la Constitution, à travers la création d'un organe consultatif qui les représentera auprès du parlement et du gouvernement dans les domaines les concernant.
Mais le projet, présenté par ses partisans comme une façon de rapprocher les premiers habitants du continent des autres Australiens, a pris une tournure aigre.
"Il y a eu des attaques personnelles, au cours desquelles certains ont été qualifiés de +non Australiens+ et qui alimentaient des stéréotypes raciaux", souligne Chin Tan, commissaire à la discrimination raciale de la Commission australienne des droits de l'homme.
"Je suis déçu de la manière dont certains ont abordé le débat, ce qui a attisé les tensions raciales et porté atteinte aux peuples autochtones", déclare-t-il à l'AFP.
Des comportements racistes dans les débats publics sont restés sans réponse, déplore aussi M. Tan.
Rupture catastrophique
La réforme, projet phare du gouvernement du Premier ministre travailliste Anthony Albanese, doit, selon ses partisans, donner les moyens aux Aborigènes de lutter contre les inégalités profondes dont ils continuent de souffrir plus de 200 ans après la colonisation britannique. Ils ont notamment une espérance de vie et un niveau d'éducation inférieurs aux autres Australiens et sont nettement plus susceptibles d'être incarcérés.
Cependant, les derniers sondages montrent qu'environ 60% des électeurs sont opposés à la réforme, contre 40% en sa faveur, un quasi renversement de la situation par rapport à il y a un an.
Les partisans du "non" estiment que la réforme ajoutera une couche de bureaucratie et qu'elle accordera des privilèges indus aux Aborigènes.
Les signalements pour racisme à un numéro d'aide destiné aux autochtones ont explosé depuis le mois de juillet, selon le professeur de criminologie de l'Université de Technologie de Sydney Chris Cunneen.
"Nous avons aussi vu une augmentation des signalements pour racisme en ligne dans les médias sociaux, sur la même période".
Une ligne téléphonique dédiée à la santé mentale des Aborigènes donne une image similaire.
Les appels pour attaques, racisme ou traumatisme, ont bondi de 108% sur la période mars à juin, comparée à l'année précédente.
Selon le professeur de communication de l'Université de Queensland Timothy Graham, il y a eu "une rupture catastrophique de la communication sur le référendum à travers tout l'écosystème des médias", avec notamment une augmentation notable de fausses informations et d'injures sur le réseau X (ex-Twitter).
Attaques en ligne
Samala Cronin, une Aborigène du Queensland, a fait l'amère expérience de cette polarisation.
En août, une vidéo ancienne où elle apparaît est devenue virale. On la voit en train de se disputer avec un couple de personnes âgées au sujet d'une parcelle de terre sur laquelle les Aborigènes détiennent un "titre autochtone exclusif".
Elle a eu la surprise de recevoir soudain "environ 3.000 notifications Facebook", a-t-elle indiqué à l'AFP. "Je me suis dit : +Oh mon Dieu+".
Depuis, des milliers d'autres réactions ont été publiées sur Facebook à propos de cet incident, avec des commentaires truffés d’insultes racistes.
Le régulateur australien de la sécurité sur internet a déclaré avoir enregistré une petite mais significative augmentation des plaintes pour attaques en ligne de la part d'Aborigènes au cours du premier semestre.
"Les membres des communautés autochtones nous disent également que les attaques en ligne augmentent à l'approche du référendum", a déclaré à l'AFP Julie Inman Grant, commissaire à la sécurité électronique.
Elle a exhorté les Australiens à "discuter et débattre de cette question avec respect, sans se contenter d'insultes, de remarques racistes, de discours de haine ou d'attaques".