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Emploi : selon l’ISPF 9 000 emplois salariés perdus en 5 ans


Emploi : selon l’ISPF 9 000 emplois salariés perdus en 5 ans
PAPEETE, mardi 30 avril 2013. L'année 2011 avait été une très mauvaise année en ce qui concerne l’emploi salarié marchand. L’année 2012 n’a pas été meilleure. Le cap des 10 000 et plus personnes à la recherche d’un emploi a été largement dépassé. «Sur un an en 2012, la baisse de l’emploi (-2,7%) est plus importante que celle observée en moyenne sur les cinq dernières années (-2,3%)». Cette introduction du Point de conjoncture sur l’emploi salarié du secteur marchand (qui correspond à 60% de l’emploi salarié total) publié par l’ISPF (Institut de la statistique de Polynésie française) n’a rien de rassurant. D’autant moins rassurant que dans le bilan annuel de l’emploi en 2011, l’ISPF titrait : «2011, l’emploi salarié au plus bas depuis 2007». En 2011, la Polynésie française avait perdu 2 000 postes et un total de 7 000 postes en moins entre 2007 et 2011.

Au cours de l’année 2012, l’emploi salarié à chuté de 6,6% dans le domaine de la construction
le secteur le plus touché, la baisse est de 5,8% dans l’industrie, mais également de 3,3% dans l’hôtellerie et la restauration ; la baisse est ensuite plus contenue dans le commerce (-1,4%) et dans les autres services (-0,8%). Bref aucun secteur n’échappe à une érosion continue du nombre de salariés. L’année 2013 a démarré avec un léger souffle. Les deux premiers mois de l’année ont permis une légère reprise : en février 2013 «L’emploi progresse dans l'industrie, l'hôtellerie-restauration et les autres services mais diminue dans le commerce et dans la construction». Mais cette progression est ténue et ne permet pas à la tendance générale de redevenir positive. «Sur un an, la baisse de l'emploi est de - 1,6 %».

L’emploi salarié ayant encore diminué dans l’année 2012 de 2,7%, cela signifie que 1700 personnes supplémentaires
se sont retrouvées sans emploi au cours de l’année dernière. En cinq ans, la Polynésie a donc vu près de 9 000 personnes perdre leur emploi dans le secteur marchand. Or, les chiffres publiés par l’ISPF ne font état que du secteur salarié marchand en fonction des déclarations auprès de la Caisse de prévoyance sociale. Certes c’est le secteur le plus important, mais l’érosion de l’emploi touche également d’autres secteurs d’activités. Ainsi en septembre 2012, le SEFI (Service de l’emploi, de la formation et de l’insertion professionnelle) admettait que la situation du chômage atteignait des records. «Si aux demandeurs d’emploi nous ajoutons les personnes en formation au Sefi et les stagiaires, nous parvenons à plus de 14 000 personnes qui sont sans activité professionnelle à ce jour. Ce sont des valeurs historiques» expliquait alors Paul Natier à Tahiti Infos, le directeur du SEFI. Ainsi, le nombre de demandeurs d’emploi a évolué de façon constante au cours des trois dernières années : il était de 8 258 en moyenne sur l’année en 2009, puis 9 075 en 2010, 8 799 en 2011 et atteindrait en moyenne sur l’année 2012, le chiffre record de 10 540.

LES PROPOSITIONS SUR L'EMPLOI DANS LES PROGRAMMES DES PARTIS

Tahoeraa Huiraatira

Dans son programme Tahiti Nui 2025 le Tahoeraa veut en priorité «investir pour créer de l’emploi». Cela passe par la relance de la commande publique en remettant à niveau les infrastructures de transport, en favorisant la réalisation de grands projets industriels et commerciaux, en stimulant la construction... «Le financement de ces travaux sera crucial pour relancer notre économie (…) Enfin, nous adapterons notre réglementation afin de permettre de mettre en œuvre des partenariats entre la puissance publique et le secteur privé pour financer et exploiter des grands projets structurants».
La stratégie du Tahoeraa en matière d’emploi passe avant tout par une relance économique générale qui sera profitable au Pays et donc à ses habitants. «La réalisation de grands investissements productifs et structurants en partenariat avec l’Etat et le secteur privé permettra de créer des milliers d’emplois et de relancer notre économie» précise la profession de foi du parti.
Selon le programme Tahiti Nui 2025, il faudra attendre la 2e phase du programme Tahiti Nui 2025 pour engager ces grands travaux. En effet, la période 2015-2018 sera celle du «lancement des grands chantiers productifs créateurs de milliers d’emplois destinés à consolider notre croissance». Ce qui augure au moins de deux années encore difficiles pour l’emploi.

UPLD

D’une manière générale le programme politique de l’UPLD traite la question de l’Emploi comme un effet induit de la mutation d’un système qualifié d’«économie de comptoir» vers un nouvel ordre économique privilégiant la «recherche de la souveraineté» politique, énergétique, alimentaire ainsi qu’un « développement équitable et durable ».
«La solution est dans la création d'emplois durables, dans le Tourisme, et le secteur primaire», estime le rassemblement des partis souverainistes.
Dans l’immédiat, pour favoriser l’emploi des jeunes diplômés, le Corps de Volontaires au Développement (CVD) permet d'acquérir de l'expérience tout en étant salarié. Concernant les jeunes sans diplôme, envisage une orientation vers le secteur primaire « et sa kyrielle de métiers. Le temps du BTP roi a vécu », peut-on lire dans la réponse adressée par l’UPLD à la Jeune chambre économique. «L'aménagement du domaine public agricole en parcs agraires, mis à disposition des jeunes en mode coopératif, et le grand projet aquacole Tahiti Nui Jingmin créeront à moyen terme des milliers d'emplois pérennes».
«Pendant la période de transition, le CPIA et l'ICRA permettent de favoriser une forme d'apprentissage et de susciter la création de micro-entreprises, avec également le soutien de l'ADIE».



A Ti’a Porinetia

Sur les 10 priorités développées par A Ti’a Porinetia dans son programme, l’emploi a été placé en première position. Les mesures proposées sont les suivantes : «Plan d’urgence en faveur de la formation, de l’emploi et de la lutte contre la pauvreté : création d’un Fonds d’Aide au retour en activité (formation rémunérée des chômeurs, aide à la création d’activité), aménagement du code du travail, apprentissage et parcours de formation adaptée aux métiers, alternance rémunérée en entreprises, suppressions des charges sociales à l’embauche de chômeurs ou de jeunes sur les six premiers mois, priorité à l’embauche locale, création d’un service citoyen rémunéré (appel à projets d’intérêt général tourisme, culture, patrimoine), de communes ou d’établissements publics».
Dans sa profession de foi, Teva Rohfritsch confirme cette priorité à l’emploi en écrivant : «C’est sur l’emploi, l’activité, le travail que repose notre avenir et que repose aussi la solidarité avec ceux qui souffrent le plus». Soulignons encore la volonté affichée de «redonner sa place au secteur privé» ce qui suggère que la bataille de l’emploi selon A Ti’a Porinetia ne trouve pas sa solution dans le développement des services publics, mais dans la capacité du futur gouvernement à «vous aider à développer vos activités, vos filières, pour vous aider à prospérer et à faire prospérer notre Pays».



Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 30 Avril 2013 à 11:25 | Lu 1981 fois