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Émoi après l'agression dans la rue d'une adjointe au maire de Saint-Denis


Pascal PAVANI / AFP
Pascal PAVANI / AFP
Bobigny, France | AFP | jeudi 21/12/2023 - Une adjointe au maire de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) a été violemment frappée mercredi soir dans la rue après avoir été suivie, une agression qui soulève l'indignation du monde politique sur fond de recrudescence nationale des violences contre les élus.

Vers 21H30 mercredi soir, la 6e adjointe au maire socialiste Mathieu Hanotin, Oriane Filhol, sortait d'une réunion de travail et rentrait à son domicile lorsqu'elle s'est sentie suivie dans la rue par plusieurs hommes.

Rattrapée, la chargée des questions de solidarité et de droits des femmes pour la municipalité a subi une balayette avant d'être frappée à coups de pied dans la tête et au corps. Ses agresseurs ont pris la fuite.

Blessée, la conseillère départementale déléguée "n'a pas de fracture ou de blessure excessivement grave", a indiqué à l'AFP la mairie de Saint-Denis.

Si le motif de l'agression n'est "pas clairement établi" dans l'immédiat, dixit une source policière à l'AFP, l'agression pourrait toutefois être liée à son statut d'élue, selon la mairie de Saint-Denis, ce qui constitue une circonstance aggravante en droit pénal.

"Une plainte a été immédiatement déposée et l'enquête en cours permettra de déterminer les motifs exacts de cette agression, qui semble être étroitement liée à son engagement d'élue", a avancé la municipalité dans un communiqué.

En raison de la sensibilité de l'enquête, celle-ci a été confiée par le parquet de Bobigny au service spécialisé de la sûreté territoriale. Aucune interpellation n'avait eu lieu à la mi-journée.

"La République blessée" 

"L'engagement des élus de Saint-Denis pour mener à bien leur mandat est total. Rien ne fera reculer leur détermination. Les auteurs de cette agression lâche doivent être appréhendés le plus rapidement possible et sanctionnés par la justice", a appelé la mairie de Saint-Denis, faisant part de sa "vive émotion".

L'agression de l'adjointe au maire a suscité de nombreuses réactions de solidarité et d'indignation dans la sphère politique.

Le député (PCF) de cette circonscription de Seine-Saint-Denis, Stéphane Peu, a dénoncé un "acte odieux". "S'en prendre ainsi à une femme seule dans la rue qui rentre à son domicile est indigne et lâche", a-t-il déclaré dans un communiqué.

La maire UDI de la ville voisine d'Aubervilliers, Karine Franclet, a estimé sur X (anciennement Twitter) qu'"un élu attaqué, c'est la République qui est blessée", tandis que son homologue de Saint-Ouen, Karim Bouamrane (PS), s'est dit "sous le choc".

Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a fait part de son "effroi et de sa profonde colère". "La violence contre les élus est une honte pour notre République", a-t-il écrit sur le réseau X.

Sur cette même plateforme, de nombreux parlementaires ont exprimé leur "soutien" à l'élue violentée.

Une manifestation de solidarité se tiendra vendredi à 18H30 devant la mairie de Saint-Denis pour dénoncer cette agression.

Les violences contre les élus sont un sujet sensible, qui a pris de l'ampleur ces derniers mois dans le pays.

L'opinion publique a été marquée par l'incendie criminel au domicile du maire de Saint-Brevin (Loire-Atlantique) et l'attaque à la voiture-bélier qui a visé celui de son confrère de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) lors des émeutes de l'été.

Selon le ministère de l'Intérieur, les agressions envers les élus devraient augmenter de 15% en 2023, après une hausse de 32% l'an dernier (2.265 plaintes et signalements).

D'après une enquête du Cevipof publiée le mois dernier, interrogeant près de 8.000 maires de France, 69% des répondants ont déclaré avoir déjà été victimes d'incivilités (+16 points par rapport à 2020), 39% avoir subi injures et insultes (+10 points) et 27% avoir été attaqués sur les réseaux sociaux (+7 points), les violences physiques restant rares.

le Jeudi 21 Décembre 2023 à 06:01 | Lu 837 fois