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Émeutes de 1987 : Se souvenir pour ne pas reproduire


Tahiti, le 23 octobre 2023 – Afin de commémorer les émeutes du 23 octobre 1987, le Tavini Huiraatira, emmené par son président Oscar Temaru, s'est donné rendez-vous ce lundi matin à la stèle de Pouvana'a a Oopa pour y déposer des gerbes. Un devoir de mémoire pour le parti indépendantiste qui, 36 ans après les faits, espère une prise de conscience de la part de la jeunesse polynésienne vis-à-vis de sa propre histoire.   
 
Parmi les jours sombres de l'histoire de la Polynésie française, les émeutes du vendredi 23 octobre 1987 font date. En effet, une intervention inadéquate des forces de l'ordre à l'encontre des grévistes du mouvement de la confédération des dockers de Polynésie française de l'époque avait suffi à mettre la ville de Papeete à feu et à sang. Et parmi les différents incidents recensés, celui des tirs de grenade éveille chez le président du parti indépendantiste un souvenir toujours aussi pesant : “Ces tirs m'étaient destinés”, assure Oscar Temaru d'un ton grave. “Je remercie le ciel qu'ils n'aient pas réussi, je remercie le ciel malgré tout aussi. Comme vous le savez, aujourd'hui, à cause de ces tirs, M. Léon Tefau a une jambe en moins.” Une situation qui aurait pu, et qui aurait dû être évitée, selon le président du parti bleu ciel, qui pense avoir été la cible d'un complot d'État, au même titre que le “Metua”, Pouvana’a a Oopa : “Nous sommes ici aujourd'hui, face à cette statue, car ce monsieur-là a connu le même sort. C'est le même contexte. Un individu soutenu par le peuple qu'il faut écarter à tout prix.”
 
Un symbole de la résistance
 
Pour Oscar Temaru, l'histoire ne s'arrête pas là. En effet, pour le président du Tavini Huiraatira, cette date est aussi l'occasion de rendre hommage à l'ancien syndicaliste André Voirin, qui aurait subi à l'époque des pressions afin d'accuser le chef du parti indépendantiste d'être le commanditaire de ces émeutes. “Imaginez, après plusieurs mois de prison, on vous dit que vous pouvez sortir dès ce soir rejoindre votre femme et vos enfants si vous signez ce papier. Et il n'a cessé de dire que c'est faux malgré tout, que je n'y étais pour rien dans cette histoire. Une autre personne aurait très certainement cédé”, explique Oscar Temaru. Des allégations malgré tout démenties par l'ancien juge d'instruction Jean-Bernard Taliercio.
 
L'importance de l'histoire
 
Trente-six ans après les faits, c'est toute une jeunesse polynésienne qui n'a pas conscience de cet événement tragique. Pour le président du Tavini Huiraatira, il s'agit d'en faire un exemple : “Ils n'ont pas connu cet événement. Et de ce qui en a été raconté, il y a des choses vraies et des choses fausses également. Nous devons nous atteler à écrire nous-mêmes notre propre histoire afin de ne pas reproduire ce genre d'événement, ce n'est pas souhaitable.” Et pour cause, les dégâts engendrés par les émeutes de 1987 dans la ville de Papeete ont été estimés à 5 milliards de francs.

Rédigé par Wendy Cowan le Lundi 23 Octobre 2023 à 17:10 | Lu 1949 fois